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Histoires

Par Tracey Primrose

Au cours de l’automne 1991, Erik Oland, un chanteur d’opéra classique, se tenait sur la scène à Ottawa et jouait le rôle de ses rêves – Papageno dans la Flûte enchantée- une performance historique commémorant le bicentenaire du dernier opéra de Mozart. Le jeune chanteur s’est pincé lui-même, certain que la vie ne +pouvait pas être meilleur. Et c’est alors qu’il est devenu jésuite.

Le père Oland dans le rôle de Papageno, dans la « Flûte enchantée. »

Enfant, en grandissant le long de la rivière Kennebecasis dans l’est du Canada, le père Oland était fasciné par la musique. Son voisin, un chanteur d’opéra à la retraite, donnait souvent de petites soirées mettant la musique en vedette et le jeune Erik, alors âgé de six ans se tenait perché sur le bord de sa fenêtre pour écouter les quatuors et les airs qui parvenaient jusqu’à lui.

Peu de temps après il a commencé à voyager matin et soir pour fréquenter une école secondaire à Saint John au Nouveau Brunswick, attiré par la réputation musicale et d’art dramatique de cette institution. Il y a interprété le rôle d’un membre de gang de rue dans West Side Story et le rôle étoile de Lancelot dans « Camelot ». En se rappelant cette performance, plus de 40 ans après le fait, sa voix de bariton remplit la salle alors qu’il entonne la ballade renommée de Lancelot : « If ever I would leave you. »

Il a obtenu son baccalauréat en musique à l’université de Mount Allison au Nouveau Brunswick tout en performant à la radio canadienne et dans des programmes télévisés. Après sa graduation il a joint les rangs d’une petite compagnie d’opéra avant d’être sélectionné par la Canadian Opera Company à Toronto et l’Atelier lyrique de l’opéra de Montréal, performant par la suite dans les capitales européennes et partout au Canada. Ce furent des moments de gloire; comme lorsqu’il s’est assis à côté de la princesse Diana lors d’un repas pour les artistes montants. Et pourtant, quelque chose manquait.

Le père Oland dans ‘West Side Story » en 1975.

Alors que son trentième anniversaire approchait, Erik s’est mis à questionner s’il voulait passer le reste de sa vie à performer. Il nous dit que le simple fait de poser cette question « a ouvert un espace en lui. » C’est alors que, par un heureux hasard et un moment de grâce, une tournée a été annulée à la dernière minute, lui laissant tout un mois de liberté.

Le père Oland dans « Hansel et Gretel » en 1986.

« Je me suis retrouvé avec plein de temps libre à la dernière minute et j’ai pensé que cela était un cadeau de Dieu. » Il a pris un livre des ‘exercices spirituels, à faire par soi-même, un ensemble de méditations, de contemplations et de prières écrits par St Ignace de Loyola, le fondateur des jésuites. Agissant à titre de directeur spirituel personnel, Erik est passé méthodiquement à travers les Exercices, portant une attention particulière à la partie où St Ignace nous invite à faire une réflexion sur soi-même. Et tout à coup tout devint clair, se rappelle-t-il. « Je pense qu’il se peut que je sois appelé à la vie religieuse. »

Sa vocation jésuite « étant maintenant ouverte », le chanteur d’opéra est devenu un novice jésuite en l’espace de quelques mois seulement. « Je ne m’inquiétais pas si j’allais m’ennuyer de la musique– la décision était tellement juste. »

Le père Oland (1er rang au centre) le jour de ses premiers vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance à la Compagnie de Jésus.

Sa formation l’a emmené jusqu’en Irlande pour suivre un programme sur les Exercices spirituels, puis il revint au Canada et par la suite il passa plusieurs mois en Jamaïque. C’est là qu’il a travaillé avec le père Martin Royackers sj, un jésuite canadien qui luttait pour la revendication des droits des petits fermiers jamaïcains; ce qui en faisait une victime constante de menaces de mort. Quand le père Royackers a été assassiné quelques années plus tard, le père Oland a accompagné le Provincial pour aller annoncer la nouvelle à sa famille. « Cela a été une expérience puissante de travailler avec cet homme qui avait un engagement si profond envers les pauvres. »

Le père Oland avec sa famille, le jour de son ordination en 2003.

Après avoir obtenu son diplôme de maitrise en théologie de Regis College à l’université de Toronto ainsi qu’une licence en théologie sacrée de la Weston Jesuit School of Theology à Cambridge au Massachusetts, le père Oland a été ordonné en 2003. Sa première mission à titre de prêtre jésuite l’a ramené à ce qui avait inspiré sa vocation, soit les Exercices. Il a travaillé au centre de retraite à Guelph en Ontario où il a allié son amour de la musique et la spiritualité ignatienne. « Il y a quelque chose dans la musique qui peut être très priant, mais qui peut également vous porter vers la prière et, ainsi, lorsque la musique cesse vous vous retrouvez dans ce vaste espace où une rencontre profonde avec Dieu peut prendre place. »

Après avoir travaillé à titre de directeur de retraite, il a servi pendant neuf ans en tant que directeur des novices. « Je leur ai tous enseigné à chanter. Tout est dans le contrôle de la respiration. » En mars dernier il a commencé son rôle en tant que Provincial des jésuites de la Province du Canada français.

Le père Oland lors de la célébration de sa première messe.

Il vit à Montréal, là où se trouve le siège de la Province. Il est heureux de pouvoir s’immerger dans la vibrante culture du Canada français. « Je me considère francophile. J’aime l’histoire et mes propres racines sont profondément plongées dans l’histoire du pays et dans la présence des premiers Français en Amérique. J’apprécie énormément la richesse d’une culture élargie. »

À propos de son nouvel emploi, le père Oland dit que « même au tout début de son mandat de Provincial, je m’étais rendu compte que le plaisir qui ressortirait de ce service était les conversations un à un que j’aurais avec chacun de mes frères jésuites. Savoir que je peux entrer en dialogue avec chacun sur leur vie, leurs désirs, leurs peines et leurs défis, cela est source de vie pour moi. »

Bien qu’il ait commencé son service en tant que Provincial depuis quelques mois à peine, il a déjà visité Haïti par deux fois; Haïti fait partie de la Province du Canada français et l’on y trouve une présence jésuite grandissante et vibrante. « Haïti a tellement souffert et pourtant nous nous retrouvons avec beaucoup de vocations- je pense que l’Esprit Saint y est à l’œuvre. Il y a un désir chez le peuple haïtien de faire quelque chose pour leur pays; et il y a quelque chose dans le charisme de la Compagnie qui a touché les cœurs d’un certain nombre de jeunes Haïtiens. » Et cela est une musique qui lui fait chaud au cœur.

Il en est de même de sa vocation jésuite. « Oui, j’ai eu cette vie fantastique et des opportunités de performer avec des gens très talentueux, mais cela était une existence très étroite, » dit le père Oland. « La vie de prière personnelle de chaque jésuite, là où constamment on examine comment on vit notre vie, en revenant constamment au centre– là où Dieu se trouve- c’est comme cela qu’on grandit. »

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