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À propos de nous

Discerner une vocation jésuite

a) Que faire pour discerner un appel ?

Le discernement d’un appel à être Compagnon de Jésus – comme pour toute vocation – est un travail de rencontre du Seigneur dans sa vie à la lumière de la réflexion et de la prière. Le document « Qu’est-ce qu’une vocation ? » peut déjà aider à avancer pour définir diverses vocations.

Du moment qu’on a reconnu en soi un certain désir, parfois confus, souvent déconcertant, de mettre toute sa vie à la suite du Christ, c’est par l’information et la prière qu’on pourra avancer. Il faut d’abord bien se connaître soi-même: ses forces, ses limites, ses désirs, ses obligations, son tempérament. Il faut aussi chercher à connaître les diverses options vocationnelles qui existent. Pour un jeune homme qui voudrait consacrer toute sa vie au Seigneur, il serait intéressant d’avoir des informations sur les religieux frères, les religieux prêtres, les prêtres diocésains, les instituts de vie consacrée, entre autres. Parmi les religieux, il a les communautés monastiques et les communautés apostoliques. Certaines sont locales, d’autres internationales. Certaines sont grandes, d’autres petites. Certaines se consacrent à l’éducation, au ministère paroissial, aux missions étrangères ou à d’autres choses. Certaines prient surtout en commun, d’autres individuellement. En complément à cette recherche d’information, on peut contacter les responsables de la promotion des vocations des lieux qui semblent intéressants (diocèse, communauté religieuse). Une expérience de première main sera importante à ce moment.

Comme il s’agit de chercher quel est l’appel de Dieu, la prière est au cœur de toute démarche de discernement vocationnel. Il faut chercher à approfondir cette intimité avec le Seigneur auquel on veut consacrer sa vie. C’est au cœur de la prière qu’on peut être à l’écoute des résonances en nous des diverses informations recueillies, des rencontres faites, des expériences vécues. C’est au cœur de la prière que le choix mûrira et pourra être confirmé par Celui-là même qui appelle.

Un discernement vocationnel engageant toute notre vie, les remous peuvent parfois être importants en nous; il est utile d’être accompagné spirituellement par un guide qui soit un témoin de la foi et puisse nous aider à faire la lumière en nous.

Le discernement vocationnel n’a pas pour but de trouver le lieu « parfait ». Il n’existe pas. Mais il vise à trouver le lieu où l’on se sente chez soi pour vivre et grandir; il faut sentir que la mission de la communauté nous interpelle, sentir que les gens qui vivent déjà de ce charisme pourraient être pour nous des compagnons de route, sentir que l’on y aurait sa place. Et ensuite s’engager.

Le P. Pedro Arrupe, ancien préposé général de la Compagnie de Jésus, parlait en ces mots de cette expérience de découverte de Dieu qui oriente toute la vie. C’est à cette expérience qu’est convié toute personne qui voudrait mettre ses pas dans ceux du Christ :

« Il n’y a rien de plus concret que de trouver Dieu; c’est devenir amoureux de façon absolue, définitive. Ce dont tu es amoureux, ce qui s’empare de ton imagination, affectera tout. Cela déterminera que tu te lèves le matin, de quoi seront remplies tes soirées et tes fins de semaine, ce que tu liras, qui tu connaitras,  tes chagrins, ce qui te remplira de joie et d’action de grâce. Deviens amoureux, demeure amoureux, et tout sera autre. »

b) Quelques éléments importants d’une vocation religieuse jésuite

La Compagnie de Jésus est un ordre religieux masculin de l’Église catholique romaine. Tous les jésuites sont des religieux (faisant vœux de chasteté, pauvreté et obéissance) et la plupart sont des prêtres (ou des jésuites en formation s’orientant en ce sens) et plusieurs sont des frères (une vocation spécifique d’hommes qui ne se destinent pas au sacerdoce).

Notre mode de vie est marqué par la mission. Notre vie en communauté nous soutient dans cette mission. Notre prière communautaire est centrée sur l’eucharistie. Notre prière individuelle quotidienne se vit au rythme de la Parole de Dieu, de la prière de l’Église et de l’attention à la présence de Dieu en notre monde et en nos vies (par l’examen de conscience).

La pauvreté nous amène à un style de vie sobre où toutes les ressources sont partagées, non seulement entre nous, mais aussi avec les plus pauvres. Nous vivons des fruits de notre travail, mais aussi des dons qui nous sont faits (par exemple pour la formation ou le travail missionnaire). La chasteté nous appelle à vivre des relations désintéressés avec les hommes et les femmes que nous croisons sur notre route. L’obéissance nous invite à faire confiance à Celui qui nous a appelés et continue de nous guider par ses instruments, malgré nos résistances possibles. Un vœu spécial nous lie au Saint-Père pour la mission; la Compagnie de Jésus en son entier, et chaque jésuite en particulier, est ainsi disponible pour répondre à des appels à combler des besoins qui se feraient sentir en tel ou tel lieu de notre monde, lieux géographiques ou frontières invisibles.

Notre mission, aujourd’hui comme hier, est le service de la foi, dont la promotion de la justice est une partie intégrante. Cette mission prend corps de manière très différente selon les contextes où nous sommes présents. On peut mentionner les institutions d’enseignement secondaire et universitaire, les centres sociaux, les paroisses, les centres spirituels, les aumôneries, le travail auprès des réfugiés et migrants, les publications, la recherche, l’appui à la formation en Église, …

L’Église attend de la Compagnie de Jésus un service de qualité, pétri d’une vie spirituelle profonde et d’une attention constante à la culture de notre temps. C’est pourquoi la formation d’un jésuite est longue; nous savons l’importance de la curiosité intellectuelle et d’un investissement sérieux dans les études pour bien remplir la mission qui nous est confiée.

Au jeune qui veut devenir jésuite, je dirais:

« Reste chez toi si cette idée te rend inquiet et nerveux; ne viens pas chez nous à moins d’aimer l’Eglise comme une mère et non comme une belle-mère; ne viens pas si tu penses faire une faveur à la Compagnie; mais viens si pour toi le service du Christ est au coeur de la vie; viens si tu as le dos assez solide, l’esprit ouvert, des idées claires, un coeur plus grand que le monde, si tu sais plaisanter et rire avec les autres. Et de toi-même à l’occasion. » (P. Pedro Aruppe, SJ)

c) Profil d’hommes appelés par le Seigneur à la Compagnie de Jésus

On ne devient pas jésuite pour soi-même, mais en réponse à un appel de Dieu et pour le service de nos frères et sœurs. La vie religieuse jésuite est une vie de défis, exigeante et exaltante; ceux qui veulent une vie prévisible, tranquille et confortable n’y sont pas appelés.

Un candidat à la vie religieuse jésuite est un jeune homme jouissant d’une bonne santé physique et psychologique. Il fait preuve d’une grande maturité affective. Il vit sa foi de manière adulte, ayant une relation personnelle avec le Christ, et est engagé dans la société et l’Église. S’il n’a pas déjà fait de longues études, il est toutefois disposé et capable de le faire*. Il dispose de grandes capacités humaines et spirituelles pour être apôtre du Christ dans notre monde, comme religieux frère ou comme prêtre. Il a le désir d’offrir toute sa vie avec générosité au service du Christ et de son Église, vivant et travaillant avec d’autres compagnons. Il est prêt à être envoyé partout dans le monde pour toute tâche confiée par ses supérieurs ou le Saint-Père. Il désire suivre le Christ pauvre dans une vie de simplicité et de partage.

(*) Dans le cas d’une vocation comme frère jésuite, les études seront plus directement proportionnées à la visée apostolique envisagée pour ce compagnon.

d) Processus de candidature, puis d’admission

Lorsque un homme se pose sérieusement la question d’une vocation à la Compagnie de Jésus, il est invité à entrer en contact avec le responsable de la promotion des vocations du lieu où il habite (pour le Québec et le Canada francophone : le P. Marc Rizzetto, SJ; pour d’autres lieux : voir la page «nous contacter»). Cela lui permettra d’obtenir plus d’informations et d’entamer un dialogue en vue du discernement. L’unique but de ce processus de discernement, tant pour le candidat que pour le promoteur des vocations, est de trouver la volonté de Dieu dans la vie de l’intéressé.

1) La première étape en est donc une de connaissance mutuelle. Au cours de rencontres, d’échanges par courriel ou par téléphone, le candidat se fait connaître davantage au promoteur et ce dernier lui présente plus en détails la Compagnie.

2) Si la possibilité d’une vocation jésuite s’esquisse, le candidat est encouragé à être accompagné spirituellement (si ce n’est pas déjà le cas) et à vivre une retraite de discernement vocationnel. Le promoteur des vocations peut voir à l’organisation de cette démarche.

3) Lorsque l’intéressé et le promoteur en viennent à la conclusion que le Seigneur appelle cette personne à la Compagnie de Jésus, on débute alors le processus d’admission comme tel. Après avoir écrit au père provincial, le candidat rédige une autobiographie spirituelle et rencontre des professionnels de la santé, qui vérifient la capacité du candidat d’assumer la vie communautaire et la dimension apostolique de notre vocation.

4) Selon les circonstances, il arrive qu’un candidat soit invité à vivre pour un séjour dans l’une ou l’autre de nos communautés pour une meilleure connaissance mutuelle.

5) Dans le cadre du processus d’admission, le candidat rencontrera individuellement quatre compagnons jésuites qui échangeront avec lui en profondeur. Lorsque les circonstances le permettent, le candidat rencontre aussi le père provincial. A la fin de ce processus, sur avis du promoteur et des autres compagnons rencontrés, c’est le père provincial qui décide de l’entrée du candidat au noviciat pour y débuter sa formation au sein de la Compagnie de Jésus.

A la table du noviciat…

e) La vie de prière d’un candidat

Tout discernement important doit se vivre dans la prière, à l’écoute de la Parole et de la volonté de Dieu. La vie religieuse est aussi marquée par cette place centrale accordée au Seigneur dans nos vies, tout spécialement par le biais de la prière. C’est pourquoi il importe que le candidat ait déjà une vie de prière nourrie. Celle-ci pourra varier selon les circonstances de son éducation chrétienne et de ses conditions de vie, mais elle inclurait idéalement les éléments suivants :

1) Des temps réguliers de prière personnelle. Le candidat est invité à s’abreuver à la Parole de Dieu (Lectio divina, méditation, contemplation, liturgie des heures) pour grandir dans l’intimité avec ce Dieu qui l’appelle à la vie en abondance. Un instrument privilégié pour relire l’expérience de Dieu au quotidien est la prière d’alliance (aussi appelée prière du soir ou examen du conscient); c’est un beau lieu où s’exercer à trouver Dieu en toutes choses. Dans l’idéal, un candidat pourrait quotidiennement prendre un temps de prière personnelle avec la Parole de Dieu en plus d’un temps de relecture de la journée. Une fois par semaine, il pourrait prendre un moment plus long avec le Seigneur.

2) Participation à l’assemblée dominicale et fréquentation des sacrements. C’est en Église que se discerne une vocation et c’est au service de l’Église que tout jésuite, prêtre ou frère, donne sa vie. Le candidat prend part à la vie sacramentelle d’une communauté chrétienne locale.

3) Rencontres régulières avec un accompagnateur spirituel. L’accompagnement spirituel est moyen important pour aider le chrétien à grandir dans sa foi et son intimité avec Dieu. L’accompagnateur est lui-même un témoin de la foi et peut ainsi guider la personne qu’il accompagne dans son chemin vers Dieu. Le responsable jésuite de la candidature pourra proposer au candidat les noms de personnes compétentes pour l’accompagner spirituellement (femme ou homme, laïc, religieuse/x, prêtre ou jésuite).

4) Attention aux occasions d’intimité. Le candidat sera attentif à aménager des temps où il puisse profiter de quelques jours seul à seul avec le Seigneur. Ce pourraient être quelques jours de récollection ou de désert (par exemple dans une abbaye ou un centre spirituel), ou encore une retraite de discernement d’une semaine. Le responsable jésuite de la candidature aidera à faire des arrangements en ce sens.

5) Implication communautaire. Selon les circonstances, le candidat sera attentif à s’exercer à une vie de service en ayant une implication communautaire bénévole (en paroisse, dans son milieu de vie ou ailleurs). Cet engagement lui permet de bien ancrer son désir de suivre le Christ Serviteur et de nourrir son discernement sur une offrande totale de sa vie pour ses frères et sœurs.