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Histoires

Cette année, Pâques coïncide presque avec la Journée de la Terre. Ce hasard du calendrier nous fait regarder la crise écologique, dans laquelle nous sommes plongés, à partir d’une question aussi simple que radicale : comment espérer?

Sombre constat
Changements climatiques, extinction des espèces, déséquilibres des écosystèmes, fonte des glaciers et montée des océans faisant déjà poindre les premiers « réfugiés climatiques »… Ces phénomènes, et bien d’autres, sont depuis longtemps documentés par les scientifiques et de mieux en mieux connus – sinon ressentis – par les populations. Mais la volonté politique pour les affronter demeure bien faible.

Il y a pourtant urgence d’agir! Il en va de la survie même de l’humanité – à tout le moins d’une immense proportion de celle-ci dans des conditions acceptables. À l’intérieur d’un monde fini, notre modèle social et économique – basé sur le maintien des inégalités, une exploitation effrénée des ressources, une croissance infinie et la surconsommation – est « insoutenable ». Il s’agit là d’un enjeu politique, démocratique et éthique sans précédent.

Déjà en 1972, le Rapport Meadows (intitulé Halte à la croissance) présentait des scénarios viables à long terme – mais nécessitant des choix décisifs. Plus de quarante ans plus tard, force est de constater que bien peu a été fait; au contraire, tout semble empirer! C’est ainsi que la culpabilité, le désespoir et le sentiment d’impuissance peuvent nous paralyser.

Un rayon de lumière
Devant ce sombre constat, un rayon de lumière peut-il surgir des célébrations pascales dans lesquelles nous sommes entrés ce week-end? Nous le croyons.

En effet, pour les chrétiennes et les chrétiens, Pâques fait mémoire d’une conviction fondamentale: même au fond du désespoir, il est encore possible que du « neuf » advienne et nous remette en marche.

La foi chrétienne annonce que, dans l’existence et la mort de Jésus, s’est jouée une chose radicale : la victoire décisive sur le mal et sur tout ce qui enchaîne la vie. Jésus n’est plus au tombeau et, avec lui, c’est toute la création et l’humanité qui sont libérées et recréés.

Il s’agit là, bien sûr, d’un « mystère » – c’est-à-dire d’un horizon de sens à revisiter et à réinterpréter sans cesse par les générations successives de croyants. Cela peut donc être, aujourd’hui, une ressource non-négligeable pour affronter le défi environnemental qui nous apparaît trop souvent insurmontable.

Devenir une « création nouvelle »
Évidemment, tout comme pour l’amour, l’espérance n’est pas réductible à une logique rationnelle. Et pourtant, comment vivre sans elle? L’espérance est donc de l’ordre d’une posture anthropologique fondamentale. Les chrétiennes et les chrétiens y voient même une grâce : celle de croire, envers et contre tout, que le Dieu de la vie est à l’œuvre en toute chose, particulièrement dans les situations limites.

Nous pouvons contribuer à cette œuvre de vie en prenant soin du monde, en nous battant pour le respect de la création, en militant avec d’autres pour changer nos politiques économiques, énergétiques et développementales, en nous engageant dans de petits et grands combats… Et nous sommes déjà plusieurs à le faire!

Le devoir de léguer aux générations futures une terre habitable nous empêche certainement de baisser les bras. Nombre de jeunes et de moins jeunes le discernent d’ailleurs très bien : la crise écologique que nous traversons est aussi une crise spirituelle. Elle touche en profondeur au sens de la vie et aux conditions de sa continuité. La multiplication des mobilisations citoyennes et la vigueur du mouvement écologique, ces dernières années, chez nous comme ailleurs, révèlent un puissant sursaut de conscience à cet égard.

Pour les croyantes et les croyants, tout cela est le signe d’un Dieu agissant au cœur du monde, allié de celles et ceux qui reconnaissent que « la création tout entière gémit et souffre les douleurs de l’enfantement. Et ce n’est pas elle seulement; nous aussi… » (Épître aux Romains 8, 22-23). Cet horizon de foi permet d’espérer.

Dans les célébrations de Pâques, des chrétiennes et des chrétiens ont renouvelés leur engagement pour un monde meilleur, une société plus « verte » et une Terre pour tous. Lucidement mais sereinement, avec des moyens limités mais en solidarité avec les femmes et les hommes de bonne volonté, ils continueront de croire que nous sommes appelés à devenir ensemble, et en communion avec la planète, « une création nouvelle ».

Bernard Hudon SJ et Marco Veilleux
Centre justice et foi

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