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Histoires

Nous devons collaborer pour mettre en lumière la diversité de notre monde – et rester en contact avec les vraies personnes, puisque notre mission dépasse largement celle de la Compagnie de Jésus » – Père Général Arturo Sosa lors de sa visite au Canada en 2018 – Père Général Arturo Sosa

Je me suis d’abord demandé ce que je souhaiterais partager avec vous, en commençant à penser à mon homélie et après avoir fait un choix parmi les nombreux textes que le lectionnaire propose pour la fête de saint Ignace. Dans ce but, J’ai rassemblé un certain nombre de références tirées de documents récents de la Compagnie pour mettre en contexte la Parole de Dieu avec tous les événements que nous célébrons aujourd’hui : la fête du fondateur de la Compagnie, nos jubilaires, que nous tenons à honorer, et surtout l’inauguration de la nouvelle province jésuite.

Après avoir réfléchi, médité, pesé et avoir tout considéré, le mot de pèlerinage s’est imposé à moi… Pouvons-nous recourir encore à ce terme, trop employé peut-être, pour décrire une aventure – individuelle ou collective – dans laquelle des expériences particulièrement éprouvantes, qui marquent une vie, nous transforment et changent nos destinées… en nous ouvrant de nouveaux horizons! Ce mouvement nous fait passer d’une “manière d’être” à une autre. Abandonner en vue de saisir. Aller du connu à l’inconnu…. Nous savons que saint Ignace se considérait lui-même comme “un pèlerin” : ce n’est pas étonnant puisque sa terre natale, dans l’ouest de l’Espagne, était situé tout près du principal chemin qu’empruntaient les pèlerins pour se rendre à Santiago de Compostelle (un des trois lieux de pèlerinage les plus fréquentés de l’Europe médiévale, avec Rome et Jérusalem). Il est intéressant de savoir que le mot “pèlerin”, emprunté à la langue parlée en Provence, une région proche du pays basque, signifie ‘venir de loin’ ou ‘marcher vers un autre pays’. Nous savons que saint Ignace AIMAIT MARCHER, en dépit du fait qu’il avait une jambe plus courte que l’autre. Nous savons aussi que la « bande d’étudiants / pèlerins” qu’il avait réunis et qui “venaient également de loin” est la preuve qu’il ne voulait pas d’abord fonder la Compagnie de Jésus avec des gens de même origine, mais rassembler un groupe de compagnons de langues et de cultures différentes, qui voudraient marcher ENSEMBLE à la suite de Jésus en vue de poursuivre SA mission.

« Pendant leur séjour à Venise, les compagnons n’étaient pas toujours ensemble; ils étaient dispersés afin de remplir de nombreuses tâches. Néanmoins, ce fut à ce moment qu’ils partagèrent l’expérience de former un seul groupe, unis dans la suite du Christ, au milieu de la diversité de leurs activités. Nous, les jésuites d’aujourd’hui, sommes aussi engagés dans une grande variété d’apostolats, qui demandent souvent une spécialisation et beaucoup d’énergie. Si toutefois nous oublions que nous sommes un seul corps, liés ensemble, dans et avec le Christ, nous perdons notre identité de jésuites et notre capacité à témoigner de l’Évangile. C’est notre union les uns avec les autres dans le Christ qui témoigne de la Bonne Nouvelle, plus puissamment que nos compétences et nos capacités » – CG 36 1, 7

Dans l’Évangile de la fête d’aujourd’hui, Jésus nous dit qu’il « n’a pas d’endroit où reposer la tête » et c’est en parcourant de long en large l’ancienne Palestine qu’il regroupe des disciples autour de lui. Étrangement, où choisit-il de se reposer? Non pas dans une maison, mais dans une barque sur une mer agitée, entouré de compagnons.

Qu’est-ce que cela nous apprend sur Jésus? Qu’est-ce que cela peut nous enseigner sur ce à quoi nous sommes appelés? C’est que, à la source même de la signification de ce qui nous unit à la Compagnie de Jésus, et dans la Compagnie de Jésus, c’est notre désir d’être comme Jésus. C’est d’être bien à des endroits les plus étranges. C’est d’avoir un profond rapport avec les éléments de la nature. C’est de ne pas trembler de peur lorsque nous avons à affronter des eaux tumultueuses et de vouloir être entourés de personnes de bonne volonté. Des personnes qui partagent les mêmes sentiments que nous et qui sont prêtes à s’embarquer dans une aventure, un pèlerinage avec Jésus, même si cela signifie d’être traité comme si on « vient de loin » ou « d’une autre planète ».

CHANGER EST UNE BONNE CHOSE… Mais ce n’est habituellement pas facile. Comme d’entreprendre un pèlerinage!  Encore faut-il, pour ne pas démissionner, mais continuer à avancer (sans faire du “sur place” ou aller à reculons) cultiver ces vertus de l’Esprit dont faisait mention la première lecture – amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi.

Il arrive qu’on se sente étranger dans sa propre communauté, surtout si les autres veulent changer quelque chose en remettant en question le statu quo (vous connaissez sûrement des jésuites ou des proches qui parfois « ruent dans les brancards »). Osons reconnaître que la mise sur pied de la nouvelle province en dérange plusieurs – aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur.

CHANGER EST UNE BONNE CHOSE… Mais ce n’est habituellement pas facile. Comme d’entreprendre un pèlerinage! Encore faut-il, pour ne pas démissionner, mais continuer à avancer (sans faire du “sur place” ou aller à reculons) cultiver ces vertus de l’Esprit dont faisait mention la première lecture – amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. Que le pèlerinage que nous entreprenons en entrant dans la nouvelle province nous amène à nous laisser conduire par l’Esprit (qui souffle où Il veut!). Ce qui signifie, pour nous, de cultiver l’ouverture d’esprit à l’égard de l’autre…

Pour cela, nous pourrions nous reporter à ce qui est dit du discernement communautaire dans le décret 1 de la 36ème CG, au numéro 11: « [Il] requiert que chacun d’entre nous développe certains comportements et attitudes de base : disponibilité, mobilité, humilité, liberté, capacité d’accompagner les autres, patience et volonté d’écouter respectueusement afin que nous puissions nous dire la vérité les uns aux autres ». Les dons de l’Esprit complétés par les attitudes à voir pour un discernement m’inspire la formule suivante : Faisons en sorte de sortir de nous-mêmes.

Il y a un autre terme auquel nous recourons souvent, depuis quelque temps, dans la Compagnie : c’est celui de réconciliation… La réconciliation avec Dieu, avec l’humanité et avec la Création. Dans le cas de la réconciliation, Il ne s’agit pas de se libérer de quelque chose, comme on dit trop souvent autour de nous « je m’excuse » et passer ensuite à autre chose. La véritable réconciliation nous conduit à nous compromettre au point de répondre à l’invitation d’établir une telle relation avec l’autre (les autres) que, ensemble, nous nous laissions porter par la force de l’appel que Dieu nous adresse et à pouvoir y correspondre, comme Jérémie, en dépit des insultes et des reproches qui nous serons adressées.

Le pèlerinage que nous entreprenons, en vue de témoigner, d’une manière renouvelée, de notre identité de jésuites et de disciples de saint Ignace auprès de nos compatriotes du Canada est à la fois une aventure individuelle et collective. (Personne ne peut le faire seul: nous avons besoin aujourd’hui du support les uns des autres). Cette relation ne peut être forcée. Mais nous avons à nous redire souvent que ce n’est pas notre oeuvre que nous accomplissons. C’est Dieu qui est aux commandes: nous n’avons pas à le cacher.

« Au coeur de la spiritualité ignatienne [de notre identité ignatienne] se trouve la rencontre transformante de la miséricorde de Dieu dans le Christ qui nous pousse à une généreuse réponse personnelle. L’expérience du regard miséricordieux de Dieu sur notre faiblesse… nous rend humbles et nous emplit de gratitude, nous aidant à devenir des ministres compatissants envers tous. Habités du feu de la miséricorde du Christ, nous pouvons enflammer ceux (et celles) que nous rencontrons. Cette expérience fondatrice de la miséricorde de Dieu a toujours été la source de l’audace apostolique qui a marqué la Compagnie et que nous devons préserver. » CG 36 1, 19

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