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In Memoriam

Décédé à l'Hopital Notre-Dame de Montréal, dimanche 21 septembre 2014.
Exposé à l'église du Gesù vendredi 3 octobre de 19 h à 21 h.
Les funérailles seront célébrées au Gesù samedi 4 octobre 2014 à 11 h.

 
Photo: Marc Rizzetto, S.J.
 

Décédé à l'Hopital Notre-Dame de Montréal, dimanche 21 septembre 2014.
Exposé à l'église du Gesù, vendredi 3 octobre de 19 h à 21 h.
Les funérailles seront célébrées au Gesù, samedi 4 octobre 2014 à 11 h.

Le Gesù, 1202, rue de Bleury ou 1205 Saint-Alexandre – Montréal QC  – 514-866-2305
 

NÉCROLOGIE

P. Marc Brousseau, S.J. (1946-2014)

Le père Marc Brousseau est décédé à l’Hôpital Notre-Dame de Montréal le 21 septembre, à l’âge de 68 ans et 4 mois.

Troisième d’une famille de dix enfants, il est né à Saint-Léon de Standon (Bellechasse) le 22 mai 1946. Il avait fait son « cours classique » au Collège de Lévis. C’est en 1967 qu’il est entré au noviciat, à Saint-Jérôme. De 1969 à 1971, il avait fait des études de philosophie à l’Université du Québec à Trois-Rivières et il était ensuite parti faire sa régence en Éthiopie de 1971 à 1973, comme professeur de sciences à l’école secondaire Tafari Makonnen. De retour au Canada, il a obtenu une licence puis une maîtrise en théologie à Regis College (Toronto).

Il a été ordonné prêtre le 19 juin 1976 par Mgr Bernard Hubert, évêque de Saint-Jérôme. Il a alors servi comme assistant du maître des novices et comme collaborateur à l’église du Gesù de 1977 à 1980. C’est au Mexique qu’il a fait son Troisième An en 1980-81, avant de reprendre son poste de socius du maître des novices jusqu’en 1985. Tout en collaborant aux Éditions Bellarmin, il s’est engagé, à la demande de ses supérieurs, au service de l’administration provinciale d’abord comme secrétaire de la Province, puis comme assistant du supérieur provincial, et ce jusqu’en 2008. Déjà, à partir de 1993, il a accompagné la Communauté de vie chrétienne (CVX) comme animateur spirituel d’une communauté et, à partir de 2010, comme assistant ecclésiastique pour le Canada français. Entre 1993 et 1998, il avait été supérieur de la Résidence Ignacio-Ellacuria, une communauté d’insertion dans un quartier populaire de Montréal. Après une année sabbatique (2008-2009), il était nommé « ministre » ou assistant du supérieur au Centre Vimont (2009-2012). C’est à ce titre qu’il a coordonné de main de maître la fermeture de la communauté et le déménagement de ses membres dans d’autres communautés. Ensuite ministre du noviciat interprovincial Pedro-Arrupe, à Montréal, il a pris la direction des Missions jésuites avant d’emménager à la communauté du Gesù (à l’été 2013) où il agissait aussi comme assistant du supérieur.

Marc était un homme très discret. Il parlait peu, mais agissait beaucoup. Il était essentiellement un homme animé par l’évangile et donné au service des autres, que ce soit à ses confrères jésuites ou à tant de personnes avec lesquelles la vie l’avait mis en lien. Combien de trajets à l’aéroport a-t-il faits pour faciliter la vie de ses confrères voyageurs! À combien de rencontres, d’activités de nos œuvres, de funérailles a-t-il participé pour manifester sa solidarité! Il avait aussi une mémoire prodigieuse et une attention aux personnes qui sortait de l’ordinaire : il aimait souligner les anniversaires de naissance – et bien d’autres anniversaires. S’il avait tendance à accumuler bien des choses dans sa chambre ou son bureau, c’était toujours pour pouvoir rendre service et jamais pour son profit personnel.

Il laisse dans le deuil sa mère et ses neuf frères et sœurs. Ceux-ci l’ont accompagné fidèlement et avec amour au cours de la courte maladie, une leucémie aiguë, qui a mis fin trop tôt à sa vie parmi nous. Il restera dans la mémoire de tous comme l’exemple de celui qui s’est donné entièrement et humblement, jusqu’au bout, à la suite du Christ, dont il s’était fait le compagnon.

 

HOMÉLIE

L’amitié qui nous a unis et qui continue de nous unir, Marc et moi, est enracinée dans nos toutes premières années de vie jésuite. Avant que j’entre dans la Compagnie de Jésus, j’étais allé visiter le noviciat à Saint-Jérôme – où je devais d’ailleurs aller passer un « examen canonique ». C’est là que j’ai rencontré le jeune Marc Brousseau; il en était à sa deuxième année de noviciat. Il m’avait frappé par sa disponibilité et avait certainement contribué à faire de ce court séjour dans  une maison jésuite « sérieuse » – un noviciat – un moment agréable.

J’ai donc été très heureux d’apprendre, dans la lettre que le P. Larivière, alors Provincial, m’envoyait pour me signifier mon acceptation dans le programme de formation des jésuites, que je retrouverais Marc à Trois-Rivières, pour des études de philosophie. Oh! Il n’était pas celui qui parlait le plus fort ni le boute-en-train de ce groupe de jeunes étudiants que nous formions, mais Marc m’avait frappé par son bon jugement, par son équilibre de vie, par le sérieux qu’il mettait à ses cours comme à sa vie de prière.

Le fait que ce jeune homme de Saint-Léon parte pour l’Éthiopie, un an plus tard, m’a aussi impressionné. Je comprenais que, véritablement, la Compagnie de Jésus était une communauté internationale; que chaque jésuite pouvait être appelé à intervenir, selon les exigences de la mission et avec ses talents, à donner le meilleur de lui-même dans des contextes qu’il n’aurait sans doute jamais imaginés ou choisis.

Si, à son retour, nous avons été séparés durant quelques années, puisqu’il avait été envoyé à Toronto pour sa théologie – je ne l’ai visité qu’une seule fois là-bas, à mon souvenir – une amitié solide était née et c’est avec grand plaisir que nous nous sommes retrouvés plus tard. Il a été mon supérieur, dans la seule résidence où j’ai dû faire régulièrement la cuisine – il a dû en souffrir mais il ne s’en est pas plaint! Nous avons compté l’un sur l’autre parce que, même si nous étions bien différents – lui plus introverti que moi, plus silencieux, plus austère – nous aimions tous deux rendre service, toutes sortes de services à nos compagnons et à plein de gens vers qui la vie – et nos ministères – nous menaient.

Nous y voilà! Si c’est vrai que nous aimions tous deux rendre service, Marc incarnait à mes yeux le sens du service. Il vivait en servant, il se donnait entièrement et, en ce sens, je le considérais comme un modèle… spirituel. Car son service, je le sentais, était animé par l’évangile. Servir était sa manière d’aimer.

C’est pourquoi je n’ai pas hésité à choisir un extrait de l’Hymne à l’amour de saint Paul comme première lecture de notre célébration. Il s’agit habituellement d’un texte qu’on entend lors des célébrations de mariage. Mais comme il convient pour célébrer la vie et la mort de Marc!

Car pour nous, chrétiens, l’idéal de vie est de suivre le Christ. C’est encore plus vrai sans doute de quelqu’un qui se fait le « compagnon » de Jésus, comme membre de la « Compagnie de Jésus ». L’idéal c’est de donner sa vie pour les autres, pour le monde aussi. Malgré des moments difficiles – Marc en a connus, lui comme nous tous -, il a passé ses jours et parfois des nuits, année après année, à s’offrir au service des autres. Il ne cessait donc jamais d’être pour moi un modèle… difficile à imiter!

Sans doute était-il difficile de SERVIR autant qu’il le faisait, mais il était plus difficile encore de le faire avec le niveau d’humilité qui caractérisait notre ami. Jamais il ne cherchait à attirer l’attention sur ce qu’il faisait de bien, sur le temps qu’il passait à aider telle ou telle personne, sur les démarches qu’il entreprenait pour aider quelqu’un en difficulté.

C’était sa manière de vivre l’amour comme saint Paul le décrit : L’amour prend patience (Marc en avait beaucoup même si, parfois trop fatigué, il pouvait laisser paraître une pointe d’irritation durant quinze secondes); l’amour rend service (Marc était donc un grand amoureux!); l’amour ne jalouse pas (jamais il ne cherchait les honneurs ou même la reconnaissance), car en effet, l’amour ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil. L’amour ne cherche pas son intérêt.

Cette manière pour saint Paul de décrire l’essentiel du message et de la vie d’un chrétien, cette description de l’amour, c’est tout à fait ce que Marc Brousseau a vécu. Il a été témoin de cet amour désintéressé qu’il nous est bien difficile de vivre, avouons-le. Mais justement parce que Marc a été un amoureux dans le service, son trop court passage sur cette terre nous aura marqué de manière définitive, irréversible.

Car l’amour, l’amour comme Jésus en a donné l’exemple dans le don de sa vie, car l’amour, l’amour comme Marc l’a vécu dans le don se soi sans calcul, cet amour ne passe pas. Il nous interpelle, il nous oblige à devenir meilleur, il change le monde.

Quelques mots sur l’extrait de l’évangile de saint Luc que je vous ai lu. Je n’ai pas eu à chercher longtemps : c’est un texte que j’ai constamment à l’esprit puisque c’est celui que j’avais choisi comme évangile lors de mon ordination sacerdotale; c’est celui qui est gravé sur le calice que mes parents m’ont offert alors. « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert ».

La qualité humaine et spirituelle de Marc était fondée sur cet enseignement de Jésus. Quand on y pense, c’est une belle phrase, mais elle n’est pas facile à mettre en pratique. Les apôtres, après près de trois ans de fréquentation quotidienne de Jésus, se disputaient encore entre eux pour savoir lequel méritait plus de respect, de privilèges, de pouvoir même! C’est au cours de ce dernier repas que Jésus non seulement leur fait un « discours » sur le service, sur son caractère essentiel pour qui veut le suivre, mais c’est aussi au cours de ce repas que Jésus met en pratique cet enseignement dans l’épisode si parlant, rapporté par saint Jean, du lavement des pieds de ses disciples.

Vraiment, je puis l’affirmer – avec tant d’autres – Marc Brousseau avait totalement intégré cet enseignement à sa vie. Il ne sentait jamais le besoin de faire valoir son rang, de souligner ses qualités, de passer en premier. Il aimait servir au sens plein du terme, il aimait se donner, il aimait… comme Jésus aime.

AMEN.

Pierre Bélanger, S.J.

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