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James Martin, SJ : vivre du Christ, écrire et plaidoyer pour les LGBTQ

Par Fannie Dionne

P. James Martin, SJ

Écrivain et conférencier prolifique, rédacteur au groupe America Media et consultant auprès du dicastère du Vatican pour la communication, le père James Martin est l’un des jésuites les plus connus après le pape François. Cela tient en partie à un talent indéniable pour rendre la spiritualité ignatienne accessible à tous, mais aussi à son engagement marqué pour l’inclusion des personnes LGBT dans l’Église.

Malgré ses nombreuses obligations, il a pris le temps d’évoquer pour nous son parcours étonnant dans la Compagnie de Jésus et les raisons profondes de son engagement.

Comme saint Ignace, le père Martin cherche à suivre les traces et l’exemple de Jésus.

Quelle sorte d’enfance avez-vous eue ? En quoi vous a-t-elle façonné, et peut-être préparé à devenir jésuite ?

J’ai grandi dans une famille catholique qui n’était pas particulièrement dévote. On ne m’a pas envoyé à l’école catholique, mais j’allais habituellement à la messe dominicale ; je croyais en Dieu et j’ai reçu tous les sacrements qu’on administre aux enfants. En fait, ce n’est qu’après l’université que j’ai commencé à songer à la vie religieuse : j’ai vu un documentaire sur la vie du moine trappiste Thomas Merton et je me suis mis à me demander comment faire de ma vie quelque chose de différent. Jusque-là, j’avais travaillé dans la finance d’entreprise, et j’étais plutôt insatisfait. C’est Thomas Merton et son livre, La nuit privée d’étoiles, qui m’ont fait réfléchir à la possibilité de faire autre chose. Mais je n’avais aucune idée de ce que serait cette « autre chose ».

Et pourquoi les jésuites ?

Je savais très peu de choses des jésuites quand j’ai entrepris cette réflexion. C’est le curé de ma paroisse qui m’a dit en passant que « je pourrais aussi bien » aller voir les jésuites de l’Université de Fairfield, toute proche de l’endroit où je vivais à l’époque. J’ai aussi visité quelques séminaires diocésains, mais j’ai trouvé que les jésuites m’allaient mieux. Il y avait chez eux quelque chose que je trouvais très attirant. Très détendus, très accueillants, très chaleureux, ils avaient un solide sens de l’humour et je me suis senti chez moi parmi eux pratiquement dès le début. Quand j’ai eu rencontré les jésuites, il m’a semblé que c’était l’endroit pour moi.

photo : JRS

Depuis, avez-vous eu des doutes sur votre vocation ?

Je pense que tout le monde a des problèmes avec sa vocation de temps en temps. Mais, au fond, il s’agit de ma relation avec Jésus et des vœux et promesses que j’ai faits comme prêtre et comme jésuite.

Je prends ces vœux et ces promesses très au sérieux.

Je pense que tout le monde a des problèmes avec sa vocation de temps en temps. Mais, au fond, il s’agit de ma relation avec Jésus et des vœux et promesses que j’ai faits comme prêtre et comme jésuite.

Vous travaillez en communication avec le groupe America Media, vous écrivez, vous donnez des conférences. Qu’est-ce qui vous a conduit à l’apostolat des communications ?

 Je n’ai certainement pas commencé ma vie jésuite en pensant que j’aboutirais là. Quand je travaillais en Afrique de l’Est avec le Service jésuite des réfugiés pendant ma régence (la période entre les premières études et la théologie), j’ai écrit un article sur mes expériences avec les réfugiés et je l’ai envoyé au magazine America, qui l’a publié. Puis la revue en a publié un autre. Enfin, pour ma troisième année de régence, à mon retour du Kenya, le provincial m’a affecté à la rédaction d’America et c’est ce qui a tout déclenché. J’y ai travaillé l’été pendant mes études de théologie, et on m’y a nommé juste après mon ordination à la prêtrise.

J’ai toujours aimé lire, mais jamais je n’aurais imaginé devenir ce genre d’écrivain — ou n’importe quel genre d’écrivain, d’ailleurs ! Mais il semble que Dieu avait d’autres plans. Je serai heureux d’y rester tant que mes supérieurs le souhaiteront. Mais, encore une fois, c’est à eux et à Dieu de décider !

Quel est le but de l’apostolat des communications ?

C’est de répandre l’Évangile. Jésus lui-même travaillait en communications : il parlait aux gens, répondait à leurs questions, racontait des histoires ; en un sens, il donnait des « conférences ». Même ses miracles étaient une façon de communiquer certaines vérités à propos de Dieu. Quand il parlait en paraboles, il faisait passer un message. Jésus était un grand communicateur.

Plus tard, saint Paul a écrit des lettres ; saint Augustin a écrit des livres, et maintenant nous avons des gens comme le pape François qui communique sur Twitter. Le ministère des communications est essentiel. Autrement, comment l’Évangile va-t-il se répandre ? Je vois l’apostolat des communications de la Compagnie de Jésus comme un ministère de la Parole, qui découle naturellement du travail que nous faisons dans d’autres champs apostoliques.

Nous devons aller là où sont les gens, comme Jésus le faisait. Et je dirais qu’il l’a surtout fait de deux façons. D’abord, il est allé littéralement là où se trouvaient les gens, physiquement, je veux dire. Il voyageait, il est passé de Nazareth à Capharnaüm pour appeler ses premiers disciples. Il n’a pas attendu qu’ils viennent le trouver.

Même ses miracles étaient une façon de communiquer certaines vérités à propos de Dieu. Quand il parlait en paraboles, il faisait passer un message. Jésus était un grand communicateur.

Ensuite, une fois sur place, il parlait aux gens dans une langue qu’ils pouvaient comprendre. Quand il rencontre les premiers disciples, par exemple, ce sont des pêcheurs, il ne leur parle pas comme à des charpentiers. Il ne leur dit pas : « Venez, nous allons jeter les fondations du Royaume de Dieu », ou « Venez avec moi construire la maison de Dieu ». Il leur dit : « Venez à ma suite, et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. » Il emploie des images qui ont un sens pour eux.

C’est ça, le travail des communications : nous allons là où se trouvent les gens et nous leur parlons dans leur langage à eux. Et si ce n’était pas indigne de Jésus, comment lever le nez là-dessus ?

Vous avez écrit un livre et vous avez beaucoup travaillé sur les relations entre l’Église et les personnes LGBTQ+. Vous avez manifesté clairement votre appui aux personnes LGBTQ+. Qu’est-ce qui vous a amené à vous engager pour cette cause-là ? Qu’est-ce que vous attendez de ce genre de travail ?

Pendant toute ma formation jésuite, j’ai travaillé avec des personnes qu’on regardait comme marginales (itinérants, membres de gangs de rue, réfugiés), mais je n’avais pas pour objectif de travailler avec les LGBTQ quand j’ai commencé mon ministère. En fait, l’expression n’existait même pas à l’époque !

photo : Catholic News Agency

Une des préférences apostoliques universelles de la Compagnie de Jésus consiste à faire route avec les exclus, et il n’y a pas de groupe plus exclu dans l’Église — et parfois dans la société — que les personnes LGBT.

Ce n’est qu’en 2016, après le massacre de la boîte de nuit Pulse à Orlando, en Floride, où 49 personnes ont été tuées, que j’ai envisagé sérieusement d’accorder plus d’importance à ce plaidoyer, surtout parce qu’on ne semblait pas se presser aux portes dans l’Église pour prendre leur parti. Très peu d’évêques aux États-Unis ont exprimé leur sympathie après cette terrible fusillade. Même dans la mort, j’avais l’impression que ces personnes restaient invisibles pour l’Église. C’est ce qui m’a amené à écrire Bâtir un pont, un livre de portée très modeste, qui ne remet en cause aucun enseignement de l’Église et qui a reçu l’approbation de mes supérieurs jésuites. Mais qui a tout de même suscité une vive controverse.

Je suis heureux d’exercer ce ministère avec l’approbation et la permission de mes supérieurs jésuites et avec le soutien du Saint-Père. Je souhaite que les personnes LGBTQ se sentent les bienvenues dans ce qui est, après tout, leur Église, et que l’Église prenne des mesures pour les aider à se sentir les bienvenues.

Même dans la mort, j’avais l’impression que ces personnes restaient invisibles pour l’Église. C’est ce qui m’a amené à écrire Building a Bridge, un livre de portée très modeste, qui ne remet en cause aucun enseignement de l’Église et qui a reçu l’approbation de mes supérieurs jésuites.

Quelles ont été les réactions des membres de la communauté LGBTQ+ ?

La première édition du livre était courte et très simple. Après sa parution, des personnes LGBTQ m’ont fait plusieurs suggestions pour l’améliorer. C’est ainsi que la première édition de Building a Bridge parle du pont entre l’Église institutionnelle et la communauté LGBTQ en disant que les deux parties doivent se tendre la main avec ce que le catéchisme appelle « respect, compassion et sensibilité ». Je disais qu’il fallait traverser le pont « dans les deux sens ».

Mais plusieurs personnes LGBTQ m’ont fait remarquer que le pont en question n’est ni « égal » ni « équilibré » parce que c’est l’Église qui a marginalisé un grand nombre d’entre elles, et non l’inverse. C’est pourquoi dans la deuxième édition, je dis qu’il revient d’abord à l’Église institutionnelle de tendre la main à cette communauté.

J’essaie autant que possible d’écouter les catholiques LGBTQ et d’apprendre d’eux, au lieu de supposer que je sais, moi, ce qui est le mieux pour eux.

Et cette idée que l’Église devrait évoluer vers plus d’inclusion des personnes LGBTQ+, vous en avez discuté avec le pape François ?

Certainement. Souvent, dans une institution comme l’Église, on fait deux pas en avant et un pas en arrière. Mais il faut voir le chemin parcouru avec le pape François. François est le premier pape à avoir prononcé le mot « gai » en public ; il a nommé un homme ouvertement gai à une commission de haut niveau au Vatican ; il a eu des mots chaleureux pour une religieuse argentine qui s’occupe de personnes transgenres ; il a dit que Jésus ne dirait jamais « éloigne-toi » à une personne gaie ; il a demandé aux familles de ne pas mettre à la porte leurs enfants LGBTQ. Récemment, lors d’un entretien avec des jésuites slovaques, il a parlé de la pastorale des couples homosexuels — pas seulement des individus, mais des couples. C’est un changement énorme, même si François aime faire les choses étape par étape. En juin, il m’a envoyé une lettre d’appui au ministère LGBTQ, qu’il m’a autorisé à rendre publique.

Le pape François a dit et fait beaucoup de choses qui aident les personnes LGBTQ à se sentir à l’aise et bienvenues dans leur Église.

Mais il y a des dirigeants ecclésiastiques qui sont beaucoup moins accueillants et qui tiennent des propos haineux et homophobes. Il reste difficile d’encourager l’Église à traiter ce groupe de personnes non seulement avec « le respect, la compassion et la sensibilité » qu’exige le catéchisme, mais aussi avec l’amour, la miséricorde et la compassion dont Jésus a fait preuve envers ceux qui se sentaient exclus.

Y a-t-il dans votre vie un moment particulier, une expérience de consolation, qui a contribué à faire de vous la personne que vous êtes ?

Ma rencontre avec le pape François, en 2019, est vraiment un temps fort de ma vie, et je ne pensais pas que ça m’arriverait un jour. Nous avons passé 30 minutes à parler de questions relatives aux LGBTQ. Il m’a beaucoup soutenu et m’a encouragé à poursuivre mon ministère. Pour moi, cela a changé ma vie de savoir que le pape soutenait mon travail. Chaque fois que je me décourage, j’y repense.

Voici comment c’est arrivé. Je suis consultant auprès du dicastère du Vatican pour la communication, et je suis allé à Rome pour une assemblée plénière du dicastère. Un ami commun m’a demandé : « Aimerais-tu rencontrer le pape ? — Bien sûr, ai-je répondu, j’en serais ravi. — C’est que, tu vois, le pape aimerait te rencontrer. »

Quelques semaines plus tard, lors d’une audience pour l’ensemble du dicastère, je me suis présenté, et le pape François a dit quelque chose comme : « J’aimerais avoir un entretien avec vous. » Du moins, je pense que c’est ce qu’il m’a dit. Il parlait espagnol et je n’ai compris que le mot audiencia.

Le pape François salue le père jésuite James Martin, auteur et rédacteur en chef du magazine America, lors d’une réunion privée au Vatican sur cette photo d’archive du 1er octobre 2019. Le père Martin a publié une récente lettre manuscrite du pape qui loue son ministère LGBT. (Photo CNS/Vatican Media)

Deux jours plus tard, je recevais une invitation par l’entremise de la Curie des jésuites. Curieusement, il n’y avait pas de RSVP. J’ai demandé à un confrère : « Comment leur faire savoir que je vais y aller. — Ne t’en fais pas trop, m’a-t-il dit. Ils supposent que tu n’as rien de mieux à faire à ce moment-là ! »

C’est un rêve qui devenait réalité. Et je n’étais pas du tout nerveux ! C’était comme de rencontrer un confrère jésuite. Le pape François m’a mis à l’aise et ç’a été très facile de lui parler. Je me sentais complètement détendu, ce qui est quand même très étrange parce que je m’attendais à paralyser et à perdre mes moyens. Nous avons beaucoup ri, et il n’aurait pas pu se montrer plus chaleureux. Pour moi, c’était tout simplement extraordinaire. J’y repense aujourd’hui et je me rappelle à quel point je me suis senti accueilli, combien j’étais reconnaissant, combien je lui suis encore reconnaissant. À la fin de l’audience, il m’a demandé de continuer mon ministère « dans la paix ». De retour à la Curie, j’en ai parlé à quelqu’un, qui m’a dit : « Le pape vient de te donner une nouvelle mission. » Et de fait, je reçois cela dans le contexte du « quatrième vœu » que font les jésuites au service du pape.

Votre engagement en faveur des personnes LGBT vous vaut de nombreux appuis, mais aussi des critiques assez dures (pour dire les choses gentiment) : comment arrivez-vous à continuer votre travail dans ces conditions ? Comment acceptez-vous de ne pas être aimé de tous ?

Premièrement, j’ai conscience de faire tout ça avec la permission et l’approbation de mes supérieurs jésuites et avec le soutien du Saint-Père, ce qui me donne grandement confiance. Et si je prévois que quelque chose risque de provoquer la controverse, j’en informe mes supérieurs. Je considère que cela fait partie de mon vœu d’obéissance.

À la fin de l’audience, il m’a demandé de continuer mon ministère « dans la paix ». De retour à la Curie, j’en ai parlé à quelqu’un, qui m’a dit : « Le pape vient de te donner une nouvelle mission. » Et de fait, je reçois cela dans le contexte du « quatrième vœu » que font les jésuites au service du pape.

Une deuxième chose qui m’aide est un événement qui s’est produit lors d’une retraite il y a quelques années, alors que je priais sur l’épisode où Jésus se fait rejeter par la population de Nazareth, sa ville natale. Dans ma contemplation ignatienne, j’ai posé la question à Jésus : « Comment as-tu été capable de faire ça ? Comment es-tu arrivé à te lever en sachant que les gens te rejetteraient ? » Et la réponse que j’ai perçue dans la prière, c’est que Jésus me disait : « Faut-il vraiment que tout le monde t’aime ? »

Je n’ai pas nécessairement compris sur le coup, mais je pense que c’était une invitation à lâcher prise, à renoncer au besoin de sentir que tout le monde m’aime, m’estime ou m’approuve. Si vous vous dégagez de ce besoin, vous êtes plus libre dans ce que vous faites. Entendons-nous, j’écoute les critiques, et je réponds aux questions et aux observations légitimes, mais tout ce qui n’est que haine et homophobie, quand les gens me traitent de tous les noms et m’envoient des menaces de mort et multiplient les attaques personnelles en me traitant d’hérétique ou de faux prêtre, je ne pense pas que cela mérite beaucoup d’attention.

Donc, la troisième chose, c’est que je n’y fais pas trop attention. J’ignore la plus grande partie de ces réactions.

Les livres que vous écrivez sur la spiritualité et la prière ne s’adressent pas seulement aux croyants, mais à tout le monde. Pourquoi prendre le temps de rendre la spiritualité accessible au plus grand nombre ?

Le père Martin exhorte les catholiques à examiner leur attitude envers la communauté LGBT

C’est ce que Jésus faisait. Jésus parlait en paraboles et racontait des histoires tirées de la nature et de la vie ordinaire, pour citer C. H. Dodd, le grand spécialiste du Nouveau Testament. Jésus ne dédaignait pas d’inviter les gens à découvrir la spiritualité dans leur quotidien ; ça devrait nous convenir. La spiritualité n’a pas à être intimidante et compliquée.

C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai écrit Learning to Pray : bien des gens, et même beaucoup de catholiques, pensent que la prière, ce n’est pas pour eux. Mais la prière, c’est pour tout le monde ! Et le livre essaie de rendre la prière accessible, attrayante et même facile.

Si important que soit pour moi le ministère LGBT, le ministère de la spiritualité l’est encore plus. Bien sûr, ces deux apostolats vont main dans la main.

Pourquoi rester dans une institution comme l’Église, qui fait aujourd’hui l’objet de tant de critiques (la misogynie, les sévices et agressions, les pensionnats autochtones, etc.) ?

Avant tout parce que j’ai été baptisé dans l’Église, ce que je considère d’une extrême importance. À notre baptême, Dieu nous appelle dans l’Église. Deuxièmement, l’Église est ma famille : je ne vois pas en elle une organisation politique ni même un mouvement social. Je ne partirai certainement pas seulement parce qu’il y a des problèmes. Troisièmement, l’Église a toujours été un ramassis de pécheurs. Pensez à saint Pierre, le premier pape, qui a nié connaître Jésus au moment de la Passion. Quatrièmement, parce que c’est important pour aider l’Église à changer. Mais je pense que la meilleure réponse, c’est que je me suis engagé : j’ai prononcé des vœux comme jésuite et j’ai fait des promesses comme prêtre, alors pas question de partir.

Je vais vous raconter une histoire à laquelle je reviens souvent. J’en parle souvent aux jeunes jésuites.

Il y avait dans notre communauté un jésuite âgé, John Donohue, que j’admirais beaucoup et qui est décédé aujourd’hui. Un jour, on a affiché un avis de la province au tableau d’affichage de notre communauté jésuite. On annonçait une réunion provinciale au cours de laquelle on allait discuter de la vie des jésuites.

John a jeté un coup d’œil à l’avis et il a lancé : « Regardez un peu la question à laquelle ils nous demandent de réfléchir. » C’était : « Qu’est-ce qui vous retient dans la Compagnie de Jésus ? » Je trouvais que c’était une question raisonnable. Mais John m’a regardé en disant : « Ce qui me retient dans la Compagnie de Jésus ? J’ai promis à Dieu que je resterais dans la Compagnie de Jésus ! »

J’ai répliqué : « Mais je pense, John, qu’ils veulent parler de ce qui vous aide à rester. — Ah, mais ça, c’est une autre question », a-t-il tranché.

J’y repense tout le temps ; j’ai promis, j’ai fait une promesse à Dieu. Donc, pas question de partir.

Vous êtes probablement un des jésuites les plus populaires après le pape François : comment arrivez-vous à gérer la pression ? Avez-vous un passe-temps ?

Oh, ce n’est pas vraiment beaucoup de pression. Je n’y pense pas trop. Je me contente de faire mon travail et de rester à mon poste. La vie m’apprend l’humilité. D’ailleurs, je ne suis pas populaire auprès de tout le monde, comme vous l’avez relevé !

Comme passe-temps, nous avons un magnifique jardin sur le toit de notre communauté jésuite et j’aime y passer du temps. Je suis le jardinier de la maison. Le grand défi pour moi, c’est de ne pas faire pousser trop de plantes là-haut ! Hier, mon supérieur m’a dit en plaisantant : « Je suis un peu inquiet, il n’y aura bientôt plus assez de place pour déambuler ! » Bref, j’aime ça. Comme j’aime passer du temps avec mes amis, aller au restaurant. Mais j’essaie de faire les choses simplement. Vous savez, avec un vœu de pauvreté, on ne peut pas avoir de loisirs trop extravagants !

Enfin, quels sont vos prochains projets ?

Je travaille actuellement à un livre sur la résurrection de Lazare, et j’y prends beaucoup de plaisir. Pour ce qui est de la pastorale LGBTQ, je suis à monter un site Web qui servira de ressource aux catholiques LGBTQ, parce qu’il n’y a pas grand-chose du genre actuellement. En tout cas, c’est ce à quoi j’espère travailler !

Regardez Bâtir un pont. L’Église et la communauté LGBT [VIDÉO]

BOX – Le ministère LGBT au Canada

Basé dans la paroisse jésuite Our Lady of Lourdes à Toronto, All Inclusive Ministries (AIM) est une communauté catholique accueillante, sécuritaire et respectueuse. Cet apostolat sert de pont entre l’Église et les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres. L’AIM organise une rencontre mensuelle où les gens ont l’occasion de partager leur histoire, d’entrer en contact avec d’autres personnes et de célébrer les sacrements. Les autres programmes de l’AIM offrent des occasions de vie communautaire, de sensibilisation, d’éducation et de croissance spirituelle.

Marcher avec les personnes LGBT au Canada, l’exemple du P. Mongeau, SJ 

Depuis 2004, le P. Gilles Mongeau, SJ, offre des formations aux conseils scolaires sur l’accueil et l’accompagnement d’adolescents LGBTQ+ dans les écoles secondaires catholiques, à partir des « directives pastorales » des évêques de l’Ontario. Ces formations visent trois niveaux d’intervention: l’administration (création d’un environnement sain, sûr et accueillant), les enseignants (communication de l’enseignement de l’Église), et les intervenants pastoraux (aumôniers et prêtres -– accueil et, accompagnement pastoral et spirituel). Il aide les écoles et les divers intervenants à bien comprendre les dimensions humaines, psychologiques, socioculturelles et religio-spirituelles de l’accueil et de l’accompagnement des jeunes LGBTQ+, et à développer des politiques saines, justes et évangéliques. 

Le P. Mongeau fait aussi l’accompagnement spirituel de personnes LGBTQ+ depuis 1993. Il a également été coordonnateur d’une messe pour les personnes vivant avec le VIH et le sida (puis aumônier dAIM) pendant plusieurs années.

Le ministère LGBT au Canada

Basé dans la paroisse jésuite Our Lady of Lourdes à Toronto, All Inclusive Ministries (AIM) est une communauté catholique accueillante, sécuritaire et respectueuse. Cet apostolat sert de pont entre l’Église et les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres. L’AIM organise une rencontre mensuelle où les gens ont l’occasion de partager leur histoire, d’entrer en contact avec d’autres personnes et de célébrer les sacrements. Les autres programmes de l’AIM offrent des occasions de vie communautaire, de sensibilisation, d’éducation et de croissance spirituelle.

Marcher avec les personnes LGBT au Canada, l’exemple du P. Gilles Mongeau, SJ

Depuis 2004, le P. Gilles Mongeau, SJ, offre des formations aux conseils scolaires sur l’accueil et l’accompagnement d’adolescents LGBTQ+ dans les écoles secondaires catholiques, à partir des « directives pastorales » des évêques de l’Ontario. Ces formations visent trois niveaux d’intervention : l’administration (création d’un environnement sain, sûr et accueillant), les enseignants (communication de l’enseignement de l’Église), et les intervenants pastoraux (aumôniers et prêtres -– accueil et, accompagnement pastoral et spirituel). Il aide les écoles et les divers intervenants à bien comprendre les dimensions

humaines, psychologiques, socio-culturelles et religio-spirituelles de l’accueil et de l’accompagnement des jeunes LGBTQ+, et à développer des politiques saines, justes et évangéliques.

Le P. Mongeau fait aussi l’accompagnement spirituel de personnes LGBTQ+ depuis 1993. Il a également été coordonnateur d’une messe pour les personnes vivant avec le VIH et le sida (puis aumônier d’AIM) pendant plusieurs années.

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