Patron de la jeunesse mort au service des pestiférés, saint Louis de Gonzague est fêté le 21 juin. Sa vie est l’exemple d’un jeune homme rebelle, renonçant envers et contre tous à une riche vie de cour pour aller aux périphéries prendre soin des personnes marginalisées de son temps.
D’héritier puissant à humble jésuite
Né le 9 mars 1568 en Italie, la vie de Louis semblait se dessiner d’elle-même, en tant que fils et héritier de Ferdinand Ier Gonzague, seigneur (puis marquis) de Castiglione. Il a en effet été éduqué pour devenir lui-même seigneur. Accompagnant son père dans des exercices militaires dès l’âge de 5 ans, il a ensuite été page à la cour de Florence à 8 ans avant d’être envoyé au duc de Mantoue afin de parfaire ses connaissances comme futur héritier. Mais malgré les fastes de la vie de seigneur proche des princes, ou à cause de toutes les intrigues politiques et la violence, le jeune Louis n’était pas à l’aise et commençait à discerner une possible vie religieuse.
Déjà, il s’imposait des pénitences (jeûnes, refus d’avoir un feu dans sa chambre, prière sur le sol de pierre) pour se prévenir contre l’indolence de la vie de cour, même s’il avait des problèmes de santé. Il s’est aussi promis à l’âge de 10 ans de ne rien faire pour offenser Dieu en péchant. De plus, il a décidé de ne jamais se laisser voir nu ni de regarder des femmes dans les yeux. Il faut dire qu’à côté de son apprentissage du commandement et des arts, Louis a aussi reçu une éducation religieuse par les soins de sa mère, Marta Tana de Santena. Mais aussi, comme le souligne James Martin, SJ, ces pratiques étaient inspirés de la piété catholique de l’époque et n’ont pas été modérées comme elles auraient dû l’être par l’entourage du jeune homme, qui n’avait aucun modèle religieux lors de ses voyages.
En 1580, de retour au château familial, Louis reçut la première communion des mains de Charles Borromée. Il passa son temps à lire à propos des missionnaires jésuites en Inde, à visiter des communautés religieuses et à donner des cours de catéchisme aux enfants de Castiglione. Alors qu’il était malade, sa mère lui aurait demandé de tempérer ses pénitences, ce à quoi il aurait répondu: «Mieux vaut être le serviteur de Dieu, Madame, que le roi du monde!»
Préférences apostoliques
La vie de saint Louis de Gonzague peut inspirer aujourd’hui la mise en œuvre des préférences apostoliques universelles. Il rappelle que malgré les occupations et le rythme de vie des jeunes, ces derniers peuvent souhaiter se connecter à leur spiritualité, comme l’a d’ailleurs récemment montré le succès de la retraite spirituelle des jeunes professionnels animée par le P. O’Brien, SJ. La vie du saint montre également qu’aller vers les personnes marginalisées n’est parfois pas facile et que cela demande un effort conscient et volontaire. Enfin, on peut admirer la détermination du jeune homme à entrer dans la Compagnie de Jésus et le fait qu’il a littéralement renoncé à la gloire et à la richesse pour suivre le Christ.
Contrairement à d’autres saints comme Jean de Brébeuf, SJ, qui ont fait l’objet de multiples études, Louis de Gonzague n’a fait l’objet d’hagiographies. James Martin, SJ, en fait une relecture dans un article sur America. En espérant que ce saint et son contexte historique soient mis en valeur dans d’autres essais de ce genre.