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Histoires

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On m’avait prévenu que le P. Marc Rizzetto était à la fois très drôle, très profond… et aussi très occupé. Rien dans l’entrevue que j’ai finalement réussi à obtenir n’a démenti ces rumeurs ! Joueur de hockey, photographe, lecteur de BD (sa dernière lecture : Gender: A Graphic Guide – « pas juste feel-good, on apprend véritablement des choses ») et amateur de fast food, on sent chez ce jésuite une joie de vivre doublée d’une réelle attention aux gens de tout âge. Il représente bien l’ouverture, valeur jésuite, avec la conviction que Dieu est déjà à l’œuvre « en toutes choses ».

La vie, c’est pas juste la jeunesse, ça englobe tout le reste. Donc pour moi d’être capable de circuler dans ces différents milieux-là ça a fait de moi une personne qui a une dimension polyvalente, mais aussi consciente que moi je suis dans ce moment-là de ma vie, mais je ne suis pas figé.

J’ai dû garder que la « substantifique moelle » de cette belle entrevue.

Qu’est-ce qui t’a amené à travailler avec les jeunes ?

C’est peut-être un accident de parcours. Je suis quelqu’un qui suis à l’aise à entrer en contact avec des gens, peu importe l’âge et les contextes. C’est-à-dire que là je fais des blagues, mais je serais tout aussi à l’aise de m’exprimer de questions d’église à des gens en col romain avec mon déguisement à col romain. (rires)

Ce qui est arrivé dans le fond, c’est qu’à un certain moment dans la formation jésuite, j’ai demandé de prendre du recul de la communauté. Comme je suis en communauté, on va prendre soin de moi jusqu’à la fin de mes jours. Mais en même temps, je voulais être embauché pour mes talents et non parce que je suis jésuite.


Marc, le photographe

L’une des facettes les plus riches et les plus passionnantes de Marc Rizzetto est la photographie. Son regard créatif sait capter le sens profond des moments quotidiens et extraordinaires.

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On m’a permis d’aller vivre en appartement à Montréal et de me trouver un travail. J’ai été engagé comme AVSEC, soit animateur à la vie spirituelle et à l’engagement communautaire. (Il vaut mieux le dire en français qu’en anglais, c’est ambigu comme abréviation surtout si on ne prononce pas comme il faut !) (rires) Ça a été très enrichissant. Dans une année déterminante, cet emploi est venu confirmer mon choix, et aussi ma capacité de vivre en dehors de la communauté si j’avais à prendre cette décision-là.

Puis j’ai commencé à faire ce travail et ça a été très, très enrichissant pour moi comme jésuite parce qu’étant donné que je suis en communauté, la communauté va prendre soin de moi jusqu’au restant de mes jours. Si je décide de rester en communauté et que je fonctionne normalement, mon avenir à moi est assuré. Pas besoin de me casser le bécyk, je vais avoir une infirmerie, des vêtements, un toit. Mais en même temps, moi, ce que je voulais, c’est que je voulais être embauché pour mes talents à moi et non parce que je suis jésuite.

Donc dans une année qui était pour moi déterminante, cet emploi d’AVSEC est venu confirmer mon choix et ma capacité de vivre en dehors de la communauté. Si j’avais à prendre cette décision-là. Parce que ça peut devenir un peu abrutissant : tu ne fais pas ton épicerie, tes repas, dans certaines de nos communautés tu ne fais pas ton lavage, et tu appelles quelqu’un pour changer les pneus de ton auto.

Alors qu’au même moment, ce n’est pas ça que mes amis vivaient au quotidien. Je me demandais donc c’est quoi cette affaire de vouloir suivre le bon Dieu, vivre en communauté, pauvreté, chasteté et obéissance, et me retrouver le plus riche de la gang, littéralement. Pour quelqu’un pour qui la pauvreté et la vie de communauté sont importantes, je trouvais qu’on faisait un contre-témoignage par rapport à la société. Pour moi ça a été déterminant comme choix de vie qui désire m’engager au sein de la population dans différentes capacités.

Parle-nous un peu de cet apostolat.

Le monde de l’école, ce n’est pas le monde de l’église, c’était le volet engagement social qui était plus stimulant pour les élèves. Je posais des questions éthiques, mais tout le temps en passant par le côté ludique de la chose pour arriver à des questions plus riches de sens. Donc mon travail Ça consistait plus à former des citoyens et des personnes équilibrées, qu’à former des catholiques. J’ai essayé d’adapter mon enseignement selon les jeunes. Par exemple, aller préparer la nourriture dans un refuge pour itinérants, c’est souvent des expériences qui ont été marquantes pour des élèves du secondaire. Quand ils se demandent d’où viennent les itinérants et qu’ils réalisent que ça pourrait être un de leurs proches, il y a comme une interpellation qui nait.

Tu as également travaillé en France deux ans.

Oui, on m’a pitché à Paris pour mes études et j’ai travaillé comme aumônier dans une école secondaire qu’on appelle le collège lycée Saint-Louis-de-Gonzague ou Franklin pour les intimes. Des enfants de banquier, de ministre, de personnages politiques fréquentaient ce lieu-là. Moi, je me suis retrouvé aumônier des secondes, équivalent des secondaires 3. Secondaire 3 c’est quand t’es débile un peu dans ta tête. T’as les bras plus grands, t’as les jambes, et tu n’es pas encore assumé dans qui tu es, et c’est fantastique, mais c’est ingrat comme âge.

J’ai aidé à préparer beaucoup de jeunes à faire leur sacrement de la confirmation. C’était informel, il y avait un livre qu’on lisait ensemble, on est allés visiter une mosquée et des temples bouddhistes : plein de choses pour entretenir une conversation. Il y avait aussi la dimension pastorale, la préparation au sacrement avec l’équipe de parents.

Ça a été vraiment chouette et intéressant d’interagir avec eux autres. Pour moi, j’étais l’étrange c’est-à-dire je suis grand, je suis gros, je fais des blagues. Je parle « tout croche » selon eux. J’avais une veste de jeans. Ça a cliqué avec eux. Et pendant les deux années où j’ai été à Paris pour faire mes études, j’ai poursuivi le travail auprès d’adolescents.

D’ailleurs, parmi les parents d’enfants que l’on préparait à la confirmation, il y avait un monsieur qui fait des bandes dessinées, il s’appelle Brunard. Il a une série de bande dessinée qui s’appelle Les Indices Pensables. Vraiment c’est un chic type, très intéressant. J’ai eu la chance de travailler avec lui, avec son épouse. On était « les coordinateurs ». C’était eux qui étaient en charge, moi j’étais la troisième roue qui donnait un coup de main, le jésuite de service, mais avec toute une grande équipe de parents qui voulait que les jeunes vivent une expérience intéressante pour leur confirmation.

Les jeunes se posaient des questions : « ah mes parents me font chier, ils m’imposent de faire ma confirmation, mais ils vont pas à la messe. C’est quoi la contradiction, je fais ça pourquoi? » Je voulais que leur décision soit la leur et non celle des parents. Alors j’ai peut-être créé quelques perturbations dans des appartements parisiens, parce qu’il faut être cohérent, les jeunes ne sont pas obligés de faire leur confirmation s’ils ne veulent pas. Il faut que le jeune prenne sa décision pour lui-même.

Tu as aussi été aumônier militaire, de 2011 à 2014.

Actuellement, je vais dire des messes à la base militaire de Valcartier et je bénis des mariages de militaires, mais j’ai déjà été aumônier pour la réserve des forces armées. J’ai fait ma formation militaire en 2012 : ça peut être très intense à certains moments. J’ai beaucoup appris sur moi, sur la cohésion de groupe, sur comment formuler des objectifs et les maintenir.

J’ai fait ça parce que les Forces armées canadiennes, c’est un des lieux les plus prospères pour faire du travail pastoral, rencontrer des jeunes. Ça nous permet d’être en contact avec un paquet de monde et d’accompagner dans un processus de réintégration des gens qui revenaient de déploiement.

Je me suis aperçu de l’importance et de la portée de ce travail.

Quelle est la place des jésuites dans la vie des jeunes aujourd’hui ?

Je pense qu’il faut trouver son équilibre à soi avant d’aller voir les autres. Le fait d’imposer sa foi à tous les autres, ça les empêche d’avoir une liberté de choix. Chez les jésuites, on essaie d’aider les gens à prendre leurs propres décisions, les aider à discerner par rapport aux valeurs qui sont importantes pour eux. Ça prendra plus de temps, mais au moins la décision sera plus informée.

Mais tu es aussi très proche des jésuites plus âgés, pourquoi ?

Pendant un expériment au noviciat, on m’avait demandé d’aller à l’infirmerie des jésuites. Ça m’a permis de connaître mes confrères plus âgés. C’est une manière de reconnaître leur travail, l’évolution de l’église et de la communauté. Ces gens-là prient pour nous quotidiennement, alors ça me fait plaisir encore aujourd’hui de passer de prendre des nouvelles, d’écouter, puis partager un peu ce que je fais.

Et puis, ça me permet aussi de prendre des photos des gens en disant : « je prends des photos pour l’album des finissants », haha ! Les gens savent bien que quand ils sont à Richelieu, la prochaine étape c’est le cimetière. Les gens comprennent que c’est un processus de vieillissement normal.

Ma manière de redonner c’est me soucier de qui ils sont.

As-tu le temps de prendre des vacances ?

Cette année, je vais être à ma troisième expérience de la croisière s’amuse (en référence à une émission de mon enfance) : certaines croisières sollicitent des prêtres pour la messe contre une cabine et le couvert. On fait comme un choix de repêchage on postule sur 3 croisières. (rires)

C’est une façon de prendre un temps de vacances. Il y a la messe, mais aussi toutes les conversations avec les gens qui vont te raconter peines, joies, espérances, politique. Je trouve ça le fun de pouvoir voir le monde d’une autre façon.

« J’ai hâte d’en apprendre davantage sur moi-même », a terminé le P. Rizzetto.

Tout un mandat en si peu de mots. J’espère avoir réussi ma mission !

Sa blague jésuite favorite

Un jésuite participe à une conférence consacrée au vœu religieux d’obéissance. On lui demande : « Votre ordre attache beaucoup d’importance au vœu d’obéissance. Comment faites-vous pour que les jésuites restent fidèles à ce vœu ?»

En réalité, c’est simple. Nos supérieurs nous demandent d’abord ce que nous aimerions faire, et ensuite ils nous le donnent comme mission. Ainsi, nous n’avons jamais de problème avec l’obéissance.

Un congressiste insiste :

« Oui, mais… n’avez-vous pas des confrères qui ne savent pas ce qu’ils veulent faire ? Et alors, qu’est-ce que vous en faites ?»

Réponse du jésuite : “Ceux-là, on les nomme supérieurs.


CV:

Society of Jesus, Community Superior: 2013–present

Diocese of Quebec, Pastoral Leader for Youth and Vocations: 2015–2019

Collège Saint-Charles-Garnier, Spiritual Care and Guidance and Community Involvement Animator: 2015–2019

Collège Jean-de-Brébeuf, Spiritual Care and Guidance and Community Involvement Animator: 2008–2013

Franklin—Saint Louis-de-Gonzague, Chaplain: 2006–2008

Commission Scolaire Des Affluents, Spiritual Care and Guidance and Community Involvement Animator: 2005–2006[/learn_more]


 

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