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Histoires

par Mike Jordan Laskey

19 novembre 2018 Mercredi dernier, après qu’on eut rendu public le projet d’ouvrir la cause de canonisation du père Pedro Arrupe, SJ, qui a été le supérieur général des Jésuites de 1965 à 1983, j’ai commencé à travailler sur « cinq citations mémorables de Pedro Arrupe » (une réaction normale pour un rédacteur Internet comme moi). 

Voici la première citation que j’ai trouvée: « Aujourd’hui, le monde n’a pas besoin de mots, mais de vies qu’on ne puisse expliquer que par la foi et par l’amour pour les pauvres du Christ. » 

Le monde n’a pas besoin de mots, apprenais-je en sondant Google pour trouver des paroles du père Arrupe… Bon… C’en était fait de ma liste de citations. 

Pedro Arrupe, SJ, avec Mère Teresa

Il serait peut-être plus cohérent de réfléchir à l’héritage du père Arrupe et à ce qu’il signifie pour nous aujourd’hui en nous arrêtant à la seconde partie de son propos : le monde a besoin de témoins, de vies définies par leur foi et leur amour des pauvres. Certes, le père Arrupe était un très bon écrivain et un grand orateur, mais le profond respect qu’inspire la façon dont il a guidé la Compagnie de Jésus à travers la turbulence des années soixante et après naît avant tout de sa foi, une foi qui a mené à des actes concrets pour construire la justice dans le monde. 

Voici donc la liste que je vais suivre : « trois grands moments où Pedro Arrupe a traduit sa foi en actes ».

1- Il a accompagné les chrétiens japonais pendant la Deuxième Guerre mondiale et il a soigné les victimes de la bombe atomique d’Hiroshima.
Avant d’être supérieur général des Jésuites, le père Arrupe avait été 27 ans missionnaire au Japon, à compter de 1938. Juste après l’attaque sur Pearl Harbor en 1941, il a été arrêté et emprisonné pendant plus d’un mois parce que les autorités japonaises le soupçonnaient d’espionnage. Les chrétiens qu’il accompagnait dans son ministère étaient si attachés au père Arrupe qu’ils sont allés le visiter en prison pour lui chanter les cantiques de Noël qu’il leur avait enseignés, au risque d’être eux-mêmes incarcérés. 

Arrupe à Hiroshima en 1947

« Je n’ai pas pu me retenir, écrira-t-il, j’ai éclaté en sanglots », ému par leur compassion et leur solidarité. 

Quatre ans plus tard, alors qu’il vivait en périphérie d’Hiroshima, la déflagration nucléaire faisait éclater les fenêtres de sa résidence et secouait tout le bâtiment. Grâce à la formation en médecine qu’il avait reçue avant d’entrer dans la Compagnie de Jésus, le père Arrupe et ses compagnons jésuites ont soigné environ 150 personnes qui avaient subi de graves lésions et qui présentaient des symptômes mystérieux et pratiquement invisibles de contamination radioactive. 

Jorge Mario Bergoglio (à gauche) concélèbre avec le père Arrupe. (Curie jésuite, sans date)

Son exemple m’incite à me demander si j’intègre assez profondément dans ma vie de foi le temps de qualité que je passe avec ceux et celles qui vivent à la périphérie de la société. Je me dis parfois que je reste facilement dans certains milieux familiers et douillets. Pas le père Arrupe, qui pourrait bien devenir un jour le patron des personnes qui quittent leur zone de confort.

2- Il a fondé le Service jésuite des réfugiés.
Fort de ses propres expériences à la périphérie, et poussé à la compassion par le sort des Vietnamiens qui fuyaient la violence dans leur pays et se lançaient en mer sur de frêles embarcations, le père Arrupe a utilisé son poste de supérieur général de la Compagnie de Jésus pour promouvoir la création du Service jésuite des réfugiés (JRS), mis sur pied en 1980. 
Des rencontres personnelles dans la marge de la société l’ont amené à travailler à changer les systèmes d’oppression en utilisant les ressources institutionnelles de la Compagnie de Jésus pour répondre à l’appel du Christ à « accueillir l’étranger » sur une grande échelle. Aujourd’hui, le JRS sert des centaines de milliers de réfugiés dans plus de 50 pays et il fait du plaidoyer en préconisant des politiques publiques plus hospitalières pour les réfugiés et les demandeurs d’asile. Quand nous passons du temps avec ceux et celles qui souffrent, et quand nous prenons ne serait-ce que quelques minutes pour intervenir auprès de nos élus, en solidarité avec le JRS, pour demander des lois plus équitables pour les migrants, nous marchons sur les pas du père Arrupe. 

3- Frappé dans sa personne, il s’est abandonné à Dieu.
En 1981, un accident vasculaire cérébral a durement frappé le père Arrupe et l’a laissé dans l’impossibilité de continuer d’exercer ses fonctions de supérieur général. Il a présenté sa démission devant la Congrégation générale, grande assemblée de responsables et de délégués jésuites. Conduit en fauteuil roulant dans la salle des délibérations, et incapable de prendre la parole, il a écouté un confrère lire à haute voix son dernier discours. 
« Plus que jamais, je me retrouve entre les mains de Dieu. C’est ce que j’ai toujours voulu depuis ma jeunesse. Mais maintenant, il y a une différence : Dieu a toute l’initiative, avait-il écrit. C’est pour moi une profonde expérience spirituelle que de me savoir et de me sentir totalement entre les mains de Dieu. » L’allocution a été accueillie par « un tonnerre d’applaudissements et un torrent de larmes ».  

L’attaque avait brisé l’incroyable énergie du père Arrupe et elle l’empêchait de continuer son travail de supérieur général. Mais la maladie ne l’a pas privé de son leadership dans la foi : pour ses frères jésuites, comme pour chacune et chacun de nous, il a été un exemple de foi et de confiance en Dieu au milieu d’une grande épreuve personnelle. C’est une chose de dire qu’on fait confiance au Seigneur quand tout va bien ; c’en est une autre de vivre vraiment dans la confiance quand les choses vont mal. 

Que ce soit au service des victimes d’une attaque nucléaire, en fondant un organisme international de secours humanitaire, en reposant dans la paix du Christ pendant sa propre maladie ou en servant l’Église et le monde par tant et tant d’autres gestes d’amour désintéressé, le père Pedro Arrupe a été un leader à suivre et un disciple à imiter. En priant pour sa canonisation, nous demandons au père Arrupe de prier pour nous. 

Source: Conférence des jésuites d’Amérique du Nord

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