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Histoires

En ce 31 juillet 2018, jour de la fête de Saint-Ignace, les provinces du Canada français et du Canada anglais sont devenues la nouvelle Province du Canada. Pour décrire cette nouvelle étape, le mot pèlerinage s’est imposé à moi.

Ce pèlerinage que nous entreprenons en vue de témoigner, d’une manière renouvelée, de notre identité de jésuites et de disciples de saint Ignace auprès de nos compatriotes du Canada est à la fois une aventure individuelle et collective; personne ne peut le faire seul et nous avons besoin aujourd’hui du soutien les uns des autres. Cette relation ne peut être forcée. Mais nous avons à nous redire souvent que ce n’est pas notre oeuvre que nous accomplissons. C’est Dieu qui est aux commandes: nous n’avons pas à le cacher.

Erik Oland, S.J., provincial de la Province du Canada


Nos entrevues

1. Qu’est-ce qui vous inspire avec la création de la nouvelle Province (consolation)?
2. Quels sont les défis qui vous inquiètent (désolation)?
3. Si vous aviez un seul conseil à donner au nouveau Provincial, quel serait-il?
4. Si vous aviez 30 secondes pour parler de la nouvelle Province à un jeune qui s’intéresse à la Compagnie, que lui diriez-vous?
Nous avons posé ces quatre questions à:


Marc Rizetto, S.J.


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1. Qu’est-ce qui vous inspire avec la création de la nouvelle Province (consolation)?

Ce qui m’inspire en lien avec la création de la nouvelle province est la multiplication des opportunités de collaborations et le partages des ressources ainsi qu’un décloisonnement territorial au service de la mission. L’idée n’est pas de recommencer à nouveau en niant tout ce qui existait de nos traditions et apostolats mais bien d’imaginer et d’inventer des manières collaboratives de travailler ensemble.

2. Quels sont les défis qui vous inquiètent (désolation)?

Le défi qui m’inquiète le plus à ce moment est celui de la formation et sa finalité, soit préparer des jésuites capables d’être envoyé en mission à travers le Canada dans des réalités linguistiques et culturelles francophone et anglophone. La province dispose d’un seul et unique lieu de formation en français dans la ville de Québec qui à ce jour n’a pas été encore fréquenté par des confrères anglophones… Comment assurer pour le bien de tous une formation qui permettra la découverte de son territoire, de ses richesses et de ses défis.

3. Si vous aviez un seul conseil à donner au nouveau Provincial, quel serait-il?

Étant donné la grandeur du territoire canadien, il serait intéressant que le gouvernement de la compagnie soit davantage marqué par une subsidiarité territoriale.

4. Si vous aviez 30 secondes pour parler de la nouvelle Province à un jeune qui s’intéresse à la Compagnie, que lui diriez-vous?

Si tu souhaites sentir et goûter la présence de l’activité de Dieu dans notre monde, la Compagnie de Jésus est un lieu stimulant à partir duquel tu pourras en communauté mettre à profits tes dons talents à la construction du royaume.
Je reprendrai les sept mots clés de l’Instrumentum laboris » du prochain synode des évêques sur les jeunes, la foi et les vocations : écoute, accompagnement, conversion, discernement, défis, vocation, sainteté.


Boniface Mbouzao


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1. Qu’est-ce qui vous inspire avec la création de la nouvelle Province (consolation)?

La nouvelle province inspire en moi le rythme d’un nouveau souffle, l’ouverture au charisme même de la compagnie de Jésus. Un souffle qui nous pousse dans ce qui nous unit fondamentalement pour répondre aux nouveaux défis qui se posent à nous ici au Canada, défis qui se posent à la Compagnie de Jésus toute entière.

C’est d’abord pour la mission, pour mieux servir, que les premiers compagnons ont voulu se constituer en corps apostolique. Ma consolation vient de cet esprit fondateur qui continue son chemin dans cette réalité de la nouvelle Province qui est la nôtre. L’autre consolation, c’est de voir comment les compagnons jésuites adoptent généreusement dans cette nouvelle réalité qui leur demande des nouveaux efforts : connaitre les autres confrères, ouvrir les horizons apostoliques aux dimensions du Canada, comprendre des nouvelles réalités, apprendre une nouvelle langue pour d’autres.

Nous sommes appelés à incarner cette unité dans la diversité que nous procure notre spiritualité ignatienne pour mieux aller aux frontières où l’Église entière nous attend comme corps pour la mission. C’est cela qui me console dans cette nouvelle Province. Elle inspire en elle-même cette dimension apostolique de notre charisme. Je suis plutôt très consolé par l’implication personnelle de chaque compagnon à cette nouvelle réalité pour qu’elle soit une suite logique de notre vocation universelle de la compagnie de Jésus, car nous entrons dans la compagnie de Jésus universelle avant de pouvoir appartenir à une province particulière.

2. Quels sont les défis qui vous inquiètent (désolation)?

Le défi c’est celui de la dimension même de la mission. Nous sommes appelés à faire des choix qui ne seront pas nécessairement au goût de tous. Nous serons appelés faire le deuil de certains engagements pour mieux nous adonner à d’autres. Cela pourrait entrainer un sentiment de perte (perte de la proximité de l’administration, perte du contrôle, perte d’attention, etc.), deuil de ne plus être au centre des décisions et de laisser place aux autres aussi bien dans nos priorités que nos décisions.

Cela peut se vivre par l’attitude de lenteur, de comparaison au passé, de résistance d’ouverture et de confiance au future. Une nouvelle relation à l’autorité à l’intérieur de la compagnie nous est demandée dans la mesure où une plus grande responsabilité sera donnée au niveau local. Cela exigera peut-être un peu plus de temps pour pour certains compagnons.

3. Si vous aviez un seul conseil à donner au nouveau Provincial, quel serait-il?

Être à l’écoute des personnes et à l’écoute de l’Esprit saint dans une ambiance de confiance dans la mission qu’est la nôtre. La grandeur du territoire exige de déléguer plus de responsabilités aux responsables locaux et de leur offrir un soutien, un encouragement dans leur mission. Une plus grande délégation pourrait aider à implémenter le souffle de l’Esprit auquel nous sommes appelés à répondre et les aider à prendre des décisions pour faire avancer la mission de la Compagnie de Jésus au Canada.

4. Si vous aviez 30 secondes pour parler de la nouvelle Province à un jeune qui s’intéresse à la Compagnie, que lui diriez-vous?

Le caractère universel de la Compagnie de Jésus s’exprime dans la réalité de la nouvelle Province, un projet apostolique qui tient compte la réalité canadienne dans sa diversité et dans son unicité. Elle nous donne la chance de servir partout au Canada aussi bien en français qu’en anglais et dans toutes les causes, justice sociale, éducation, spiritualité, premières nations et paroisses. La possibilité de s’engager dans tous les secteurs de la vie ecclésiale se retrouve dans la mission et l’engagement des jésuites de la province au Canada. La Compagnie de Jésus prépare minutieusement ses hommes à servir dans cette diversité et à être efficace dans leur ministère.


Sonal Castelino

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1. Qu’est-ce qui vous inspire avec la création de la nouvelle Province (consolation)?

Le Canada est un pays dont la riche histoire a été marquée par l’apport culturel des anglophones et des francophones. À une époque où des cultures sont en conflit ou en voie de disparition, il est consolant de voir que des efforts réels sont faits par les jésuites, au Canada, pour donner un fondement plus solide au dialogue entre anglophones et francophones, en tenant compte de l’histoire de chacun.

2. Quels sont les défis qui vous inquiètent (désolation)?

Le rapprochement des deux provinces jésuites du Canada a quelque chose de fascinant, puisqu’il s’agit de mettre ensemble des entités provenant de cultures bien différentes. Je le vois comme un grand défi qui ne peut être surmonté que par la réflexion, la prière et l’échange et qui exige que tous les projets qu’on voudra réaliser, dans la nouvelle Province, soient pensés en unissant des composantes deux cultures, et non pas en les emboitant l’une dans l’autre. Il y aune fine démarcation qui sépare la communion de la conformité; j’espère qu’on la respectera dans le cas des deux cultures.

3. Si vous aviez un seul conseil à donner au nouveau Provincial, quel serait-il?

Mon conseil au nouveau Provincial serait d’inciter les jésuites de la Province à dialoguer en établissant des relations avec des gens de tous les horizons : ce qui implique de s’enraciner davantage dans des lieux où la Province est déjà présente et de chercher à aller vers des territoires qui ne sont pas familiers. Les deux perspectives doivent être retenues. Avant tout, ne pas oublier les pauvres, les opprimés et les isolés, tout en ne négligeant pas le domaine de l’éducation et celui de la recherche, dans tout le pays.

4. Si vous aviez 30 secondes pour parler de la nouvelle Province à un jeune qui s’intéresse à la Compagnie, que lui diriez-vous?

Pour répondre à l’appel de Jésus, il est nécessaire d’être vrai, fidèle à soi-même. On y arrive avec des personnes qui nous aident à nous construire et à affirmer ainsi notre identité. Les jésuites, au Canada, ont su, dans le passé, entrer en contact et dialoguer avec les gens, en respectant leur culture. Quelqu’un peut se réaliser en cheminant avec de jeunes adultes, en accompagnant spirituellement, en expérimentant, en allant vers les pauvres, en partageant la vie des amérindiens, en étant là où il peut moissonner en vue du Royaume de Dieu.


Gregory M. Kennedy, S.J.

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1. Qu’est-ce que vous inspire la mise sur pied de la nouvelle Province (consolation)?

L’un et le multiple. La diversité et l’unité. L’universel et le particulier. Ce sont des concepts philosophiques toujours actuels : ils donnent la couleur et la texture au paysage culturel et spirituel. Notre nouvelle Province sera vraiment un laboratoire ouvert à la découverte si nous consentons à nous laisser pénétrer par cet ensemble de complexes philosophiques.

2. Quels sont les défis que vous envisagez (désolation)?

La désolation, comme le fait de ne pas chercher à faire la vérité, vient du fait de ne pas considérer une des composantes des différentes paires de concepts. Si notre unité éclipse notre diversité, nous aurons perdu quelque chose. Si notre diversité met en danger notre unité, nous aurons perdu quelque chose. La désolation vient du fait de renoncer au défi de l’équilibre.

3. Si vous aviez un conseil à donner au nouveau Provincial, quel serait-il?

« Respecte le droit, aime la fidélité et applique-toi à marcher avec ton Dieu ». (Michée 6, 8)

4. Si vous aviez 30 secondes pour parler de la nouvelle Province à un jeune qui s’intéresse à la Compagnie, que lui diriez-vous?

Nous disposons de plusieurs possibilités. Nous avons aussi bien des défis à relever. Mais y a-t-il un moment dans l’histoire qui n’était pas défini par des possibilités et des défis? Nous sommes appelés à servir là où nous sommes, comme nous le pouvons, avec les moyens que Dieu nous donne. Es-tu prêt à courir le risque?


Edmund K-F. Lo, S.J.

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1. Qu’est-ce que vous inspire la mise sur pied de la nouvelle Province (consolation)?

Comme plusieurs d’entre nous ont fait leur noviciat à Montréal et parlent déjà français, cela me semble être de bon augure; avoir à vivre dans un milieu bilingue n’est pas nouveau pour eux. J’ai conscience également que nous apportons différents dons qui s’ajouteront à ceux de l’autre partie et qui enrichiront nos apostolats et la vie communautaire.

2. Quels sont les défis que vous envisagez (désolation)?

Aux tensions qui pourraient se produire entre jésuites du Canada anglais et du Canada français, dans notre manière d’agir, il risque de s’ajouter des difficultés, dans les stratégies apostoliques, du fait d’être rattachés à la même conférence jésuite que les Américains.

3. Si vous aviez un conseil à donner au nouveau Provincial, quel serait-il?

Évangéliser les anglophones au Québec et les francophones dans le reste du Canda est tout aussi important : c’est ce qui nous aidera à dépasser la perception que ce qui nous différencie c’est la langue et à découvrir dans sa chair la réalité de la nouvelle Province. Ainsi, les jésuites du Canada anglais ont le sentiment d’une présence marquante dans la région de Toronto et ils pourraient croire que Toronto est à l’image du reste du Canada. La situation de l’Église ailleurs au pays, dans le Nord-Ontario et les autres provinces du Canada, par exemple, n’est pas du tout la même. Tenir compte de cette réalité ne peut qu’enrichir notre manière de nous voir comme jésuites au Canada.

4. Si vous aviez 30 secondes pour parler de la nouvelle Province à un jeune qui s’intéresse à la Compagnie, que lui diriez-vous?

Appartenir à une Province jésuite bilingue oblige un jésuite à constamment vérifier dans l’action son ouverture et sa capacité d’adaptation. Ne sommes-nous pas appelés à être, en petit, ce que doit être la Compagnie de Jésus universelle!


Oliver Capko, S.J.


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1. Qu’est-ce que vous inspire la mise sur pied de la nouvelle Province (consolation)?

La création de la nouvelle Province est, pour moi, une source d’espérance. Notre monde a besoin de communautés qui vivent la réconciliation et l’accueil. La nouvelle Province témoignera puissamment qu’elle s’enracine dans une spiritualité qui donne à chacun la possibilité de se voir ouvrir la porte des autres, d’être accueilli à bras ouverts, comme un frère. Je vibre intérieurement en pensant aux possibilités apostoliques nouvelles et aux personnes à servir. En tant que jeune jésuite dans la nouvelle Province du Canada, je suis rempli d’espérance en entrevoyant toutes les occasions de servir dans la mission, à la suite de l’unification. Tous les espoirs sont permis sur ce chemin!

2. Quels sont les défis que vous envisagez (désolation)?

Comme dans toute rencontre, nous risquons d’être dérangés dans nos habitudes si nous nous ouvrons au changement. Ce qui m’afflige c’est que chacune des anciennes Provinces perdra de la richesse de sa tradition missionnaire. Heureusement qu’il y a encore parmi nous beaucoup de sages qui peuvent en apprendre à un jeune jésuite! Faut-il ajouter que d’avoir vécu la première semaine des Exercices nous a appris que de se détacher est parfois douloureux. On aura de la peine à se détacher de ce qu’on considère être sa Province d’appartenance. J’ose espérer que le fait d’accepter de vivre cette peine aidera à grandir ensemble plutôt que d’opter pour des cliques, pour le commérage ou de vouloir imposer son point de vue. C’est un défi d’accepter de vivre cette peine; mais c’est peut-être ce qui unifiera la nouvelle Province avec Dieu qui souffre et qui fera de nous les compagnons de ce Dieu.

3. Si vous aviez un seul conseil à donner au nouveau provincial, quel serait-il?

Qu’est-ce qui unit la Compagnie dans sa diversité? Le vœu d’obéissance! L’obéissance c’est toujours l’écoute de l’Esprit de Dieu, à l’œuvre dans le monde. La nouvelle Province du Canada aura tout le Canada comme lieu de mission. Aussi ne faut-il pas se contenter de se regarder, mais de s’unir dans la mission universelle de Jésus en écoutant les voix qui se font entendre du Canada. Où doivent-ils être aujourd’hui les apôtres du Christ? Auprès des francophones et des anglophones, des populations amérindiennes, des immigrants, des réfugiés, des aînés, de l’enfant à naître, de tout ce qui concerne les écosystèmes, etc. Nous nous unifierons en étant à l’écoute et en nous engageant dans la mission.

4. Si vous aviez 30 secondes pour parler de la nouvelle Province à un jeune qui s’intéresse à la Compagnie, que lui diriez-vous?

Notre monastère c’est le monde; la route est notre maison. La nouvelle Province nous invite à être des pèlerins qui se trouveront eux-mêmes en étant de la Compagnie de Jésus internationale. Nous ne sommes pas jésuites pour nous enfermer dans notre coin du Canada! Nous avons plutôt à être comme les martyrs du Canada et sainte Katéri Tekakwitha : nous sommes appelés à trouver Dieu autrement, là où nous ne pensions pas être appelés. C’est un appel, un besoin plus profond que notre propre culture : c’est cela l’appel du Christ! C’est un appel qui nous conduit à embrasser la culture et l’histoire plutôt que de nous y accrocher. C’est cela la nouvelle Province du Canada. C’est l’appel qui exige que nous répondions à nouveau au Christ, avec toutes nos énergies.

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