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Histoires

Le 20 février dernier, c’était le lancement officiel de l’exercice de simulation Un voyage en exil créé par le Service jésuite des réfugiés – Canada. Elizabeth Koessler a pu goûter à l’exercice. Elle nous livre son témoignage:

La semaine dernière, j’ai eu le privilège de goûter à l’exercice Un voyage en exil donné à la maison Bellarmin. Ce soir-là, on m’a proposé de me plonger en imagination dans la réalité que vivent de nombreux réfugiés. Le groupe présent a été invité à une expérience typiquement ignatienne où l’on nous a demandé d’utiliser notre imagination pour préparer le terrain et voir la scène, ressentir les émotions, entrer en dialogue avec les autres, entendre les paroles prononcées. Trois groupes ou camps ont été formés, chacun représentant une région d’où viennent la plupart des réfugiés, à savoir l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Amérique latine. On a assigné à chacun des membres du groupe l’identité d’un réfugié avec son âge, son sexe, son pays d’origine et l’argent de poche dont il dispose. On devait choisir quelques articles à apporter pour le voyage.

Les groupes ont ensuite choisi les quelques personnes capables de quitter le camp et de faire le voyage vers un pays de destination. On partageait l’argent et le choix allait vers la personne la plus forte et la moins vulnérable. On avait très peu de temps pour faire un choix.  Une fois les articles choisis, mon groupe s’est entendu rapidement sur ce que nous devions apporter : eau, trousse médicale, couverture, etc. On jugeait que c’était le plus important.

Pourtant, j’ai été particulièrement frappée par le commentaire d’un membre d’un autre groupe qui ne comprenait pas pourquoi nous choisissions de traîner une bouteille d’eau. Cela ne serait-il pas lié à notre culture occidentale, a-t-il dit. Norbert Piché, qui animait la rencontre, nous a aussi rappelé comment ces choix révèlent nos priorités. Certains réfugiés qu’il connait avaient choisi un livre saint pour garder le moral. Personne, ce soir-là, n’a choisi d’apporter cet article. Nous n’avons pas les mêmes façons de penser et il m’apparait essentiel d’être à l’écoute des besoins qu’expriment les réfugiés qui arrivent dans notre pays. Pas ceux que nous jugeons importants, mais ceux qu’eux jugent important.

À un moment donné dans la soirée, un réfugié est « mort ». C’est un fait que de nombreux réfugiés perdent la vie en chemin. Ce n’est pas censé se produire: personne ne devrait mourir. Pourtant, ça se produit tous les jours et ça affecte tous les réfugiés qui survivent. Quelles autres peurs et traumatismes doivent-ils supporter? Cette soirée m’a fait prendre conscience de la nécessité d’écouter les réfugiés que nous rencontrons et d’écouter leur histoire à travers leurs yeux du mieux que nous le pouvons. Notre propre société les pousse souvent à s’adapter rapidement à notre mode de vie. Ils ont déjà fait des choix qui ont changé leur vie et tout ce qu’ils désirent, c’est un endroit sûr pour vivre et élever leur famille. Les réfugiés espèrent recevoir ce que nous tenons pour acquis, un endroit sûr où vivre, de l’eau potable, la liberté religieuse et politique. Ma propre perspective sur le sort des réfugiés s’est approfondie.

Comme l’a si bien dit à la fin de la soirée le président du Service Jésuite des Réfugiés, Brian McDonough, nos politiciens devraient eux aussi faire l’expérience d’Un voyage en exil.

 

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