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Histoires

L’évangile de Marc nous présente la mort et de la résurrection de Jésus dépouillées des couleurs et des nuances apportées par Matthieu, Luc et Jean. Nous avons le cri de Jésus: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » Cri qui est le début de la prière du psaume 22, prière de lamentation mais surtout de confiance en Dieu: Tu seras ma louange dans la grande assemblée, « devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses. » Au moment même où Jésus se sent le plus éloigné et abandonné de la présence intime de Dieu, il choisit la fidélité à l’amour de son Père, il consent et croit à cette intimité qu’il ne ressent plus.

C’est l’apogée de toute une vie de confiance en son Père: de son Incarnation et sa naissance jusqu’à la croix, Jésus a fait de sa vie une offrande totale de lui-même au Père. Même sa manière de répondre à la violence qui lui est faite témoigne de cette fidélité au projet d’amour et de réconciliation de son Père: « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Et le centurion, devant ce témoignage de toute une vie, voyant comment il avait expiré, déclara: « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu! » La confiance, la foi que Jésus porte à son Père prend chair dans sa manière de vivre sa Passion et d’entrer dans sa mort. Et ce témoignage incarné de confiance, de foi et d’amour transforme le coeur et l’esprit du centurion, d’un ennemi et persécuteur en fait un ami et un intime de Dieu.

La vision du monde et du règne de Dieu que Jésus incarne par sa vie, par son enseignement, par son amour pour le plus pauvre, et par sa mort est confirmé par la résurrection: « il n’est pas ici, il est vivant. » Il avait raison, et sa confiance en l’intimité de Dieu porte fruit pour nous tous.

Mais c’est là tout l’enjeu: pour cueillir ce fruit, pour accueillir la surabondance de grâce qui jaillit du merveilleux don de vie qu’est la résurrection de Jésus, nous sommes appelés, en Jésus et avec lui, à consentir et à croire à notre tour à cette merveilleuse intimité de Dieu, Dieu qui se donne à nous par amour à chaque instant, Dieu qui oeuvre pour notre bien en toutes choses.

Saint Paul le dit très bien dans sa première lettre aux Thessaloniciens. Il témoigne de ce phénomène qu’est une foi active, foi qui se repère dans l’accueil de l’Évangile de la mort et résurrection de Jésus le Christ, avec puissance, action de l’Esprit Saint, et pleine certitude. Une telle foi vivante, qui prend chair dans le vécu, donne naissance à un amour qui se donne la peine de participer au projet du règne de Dieu, et à une espérance qui oriente toute la vie de l’être humain et nous aide à tenir bon avec Jésus. Consentir et croire à l’intimité de Dieu, vivre la foi, c’est participer à la vie même de Jésus le crucifié et ressuscité.

Et c’est là le mystère psychologique, spirituel et théologique qui a donné tout son sens à la vie jésuite et à l’apostolat de Gilles Langevin: Comment aider les gens de notre temps à consentir et à croire à l’intimité de Dieu? Comprendre et communiquer ce mystère composé de grâce divine et de liberté humaine, ce n’était pas pour lui un simple casse-tête intellectuel, une manière comme une autre de publier des articles savants; c’était l’expression, l’incarnation dans sa propre vie de ce désir apostolique qui a mené à la création de la compagnie de Jésus: ayudar las almas, aider les âmes.

Pour lui, avec le psaume 62 que nous avons chanté, l’être humain est désir de Dieu: « mon âme a soif de toi, après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. » Et Dieu est don total de lui-même pour nous: « tu es venue à mon secours, je crie de joie à l’ombre de tes ailes, ta main droite me soutient; je suis rassasié, et la joie sur les lèvres, je chante ta louange. » Bien que son projet se soit exprimé dans son premier temps par le capax Dei de saint Thomas, c’est l’expérience ignatienne du dialogue intime avec Dieu en toutes choses qui s’incarne ici.

Nous le savons tous: il nous est impossible de transmettre cette expérience, que ce soit par l’accompagnement spirituel, par le service de la justice, ou par la voie d’un apostolat intellectuel, si nous n’avons pas nous-même goutés cette intimité de Dieu, si nous n’avons pas été profondément touchés par cet amour qui s’exprime le plus authentiquement dans l’incarnation et le mystère pascal du Fils de Dieu. Les lettres écrites par Gilles à son provincial au fil des années témoignent de cette rencontre de Dieu en toute intimité, de ce dialogue intime avec Jésus qui nous pousse à aider les âmes avec lui. Il est évident, au témoignage de sa vie, qu’il a lui-même consentit et crut à l’intimité de Dieu en toutes choses.

Un peu plus loin dans sa première lettre aux Thessaloniciens, Saint Paul annonce: « au signal donné par la voix de l’archange, et par la trompette divine, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront… Nous serons tous emportés à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec lui. »

Notre compagnon Gilles a fait de sa vie jésuite une offrande de lui-même au service de la foi en Christ: nous pouvons consentir et croire — et nous réjouir! — que le Seigneur l’accueille aujourd’hui, et sans limites, dans son intimité.

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