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In Memoriam

Nous apprenons le décès du frère Gérard AUBIN, S.J., à linfirmerie Saint-Joseph de la Province de Chine, à Taipei, le jour de Noël, 25 décembre 2015, à lâge de 94 ans, après 74 ans de vie religieuse. 

Le frère Aubin, né à Upton dans les Cantons de l’Est, avait dédié sa vie à l’apostolat chinois et avait été transcrit à la Province de Chine. Il vivait à Taiwan depuis 1953, ce qui en fait le missionnaire canadien le plus ancien sur le territoire de la République de Chine. 

Il était né à Upton (Québec), le 11 mai 1921, dans un famille dagriculteurs, qui comptait quatre enfants. Il était le deuxième enfant, mais laîné des garçons. À 17 ans, sur les conseils du vicaire de sa paroisse, il commença à suivre les cours au petit séminaire de Saint-Hyacinthe parce quil désirait devenir prêtre. Mais, après un an, il saperçut quil navait pas les dispositions nécessaires pour ce genre détudes. Sans connaître la Compagnie de Jésus, sinon à travers la figure des Martyrs canadiens, il songea alors à devenir frère jésuite et il se rendit à Montréal pour y rencontrer le maître des novices. Les échanges entre le P. Gérard Goulet et lui se déroulèrent si bien que, deux semaines plus tard, le 15 octobre 1940, il commençait son postulat, à la maison du Sault-au-Récollet, en vue dêtre admis au noviciat, six mois plus tard. 

Gérard a compris très tôt, durant son noviciat, que « ce qui comptait pour le Seigneur cétait lamour et la prière », selon son propre aveu, au rédacteur du Brigand, dans un article paru en 2008. Il na donc jamais douté quil était appelé à servir dans la vie religieuse. Et, comme il avait appris jeune les rudiments du métier dagriculteur, après ses vœux, il mit dabord  ses talents à contribution à la ferme qui était rattachée au noviciat. Mais sa vocation missionnaire séveilla peu à peu au contact du frère Léon Fontaine, originaire comme lui dUpton, qui avait passé dix-huit ans en Chine et qui avait dû revenir au Québec à cause dennuis de santé.  Il fit part au Provincial de son désir daller en mission à loccasion du Nouvel An de l949. Ce nest quen 1952, cependant, que prendra forme son rêve, quand il fut envoyé aux Philippines pour y étudier le mandarin… et se familiariser avec langlais. À peine commençait-il à balbutier la langue, quil fut invité à se rendre à Taiwan, en 1953, pour y rendre tous les services quon pouvait demander à un frère dans une communauté jésuite : entretien général, sacristain, responsable de la lingerie, adjoint au ministre et responsable des employés. 

Le frère Aubin avait fait le deuil de ses parents et de son pays, au moment de son départ pour la mission, en 1952. Il  revint au Québec, quinze plus tard, en 1967. Il put voir une dernière fois sa mère, qui lui dit en le quittant : « Gérard, prends bien soin de ta santé; je sais que ton cœur nest pas ici : va auprès de tes petits chinois ». 

À loccasion dun séjour de repos au Québec, en 1979, qui était, pour lui, comme un congé sabbatique, il participa à un congrès charismatique au stade olympique de Montréal, qui marqua un tournant dans sa vie spirituelle. 

En 2008, il avouait à celui qui linterviewait pour le Brigand: « Je veux terminer ma vie ici (à Taiwan); je nai pas lintention de retourner au Canada où je me sens plus étranger quici Mon cœur est ici, avec les Chinois. En fait, maintenant, je suis  sûrement à moitié chinois. » 

Le frère Gérard Aubin sest éteint paisiblement le jour de Noël, dans son pays dadoption,  Taiwan, après 53 ans de vie missionnaire. 

Vie du Frère Gérard Aubin (extraits de son autobiographie) 

Je suis né à Upton le 21 mai 1921. Nous étions quatre enfants et jétais laîné des garçons. Mon père était cultivateur et nous étions très pauvres. Mes parents étaient bons chrétiens et nous ont donné la foi. 

Quand javais sept ans, jaimais faire le prêtre et dire la messe, ma chasuble était une feuille de journal. Ce désir ne me quittait pas. Vers 13 ans mon père me demanda de quitter lécole et laider sur la ferme, car jétais fort et dynamique. Un jour je voulais aller rencontrer un frère dune communauté religieuse, mais mon père nétait pas daccord. Mais un jour le vicaire de notre paroisse, qui était assez ami avec mon père, me demande si je pense encore devenir prêtre. Oui, je réponds, mais mon père na pas les moyens de me mettre au séminaire. Alors, dit le vicaire, je trouve quelquun pour financer tes études. 

Entré au séminaire nous avions une vie bien réglée. Dabord les études de français, car le français à lécole primaire avait été très pauvre. Ensuite, deuxième année nous commencions le latin. Tout allait bien au premier semestre, mais au deuxième semestre javais des maux de tête?; et comme javais déjà 19 ans, la mémoire était faible. Un jour le Père spirituel me dit : Gérard, je vois que tu as de la difficulté à bien réussir et ta santé nest pas pour ce genre détudes?; le cours classique dure 8 ans et ensuite il y a 4 ans de théologie. Jai un conseil pour toi : pourrais-tu songer à devenir Frère convers?? Il y a plusieurs communautés dans lesquelles Pères et Frères vivent ensemble. 

À la fin de lannée scolaire, mes résultats académiques nétaient pas encourageants, et au début des vacances le Directeur du Séminaire fit savoir à mon père que je ne pourrais pas continuer les études, donnant la santé comme une raison. Là-dessus mon père me dit : Gérard, quest-ce que tu vas faire?? Cest bien simple je vais aller chez les Jésuites. Tu seras prêtre?? Non, papa, car je ne peux pas faire détudes. Je serai frère pour aider les pères. 

Quelques jours plus tard, je rencontre un cousin et lui dis que jaimerais aller à Montréal voir les jésuites. En septembre nous allons ensemble au noviciat des jésuites, rencontrer le maître des novices. Je lui dis que je veux entrer chez les jésuites, il semble bien joyeux de la chose. Je lui demande quels sont les règlements. Très simple, dit-il. Vous apportez suffisamment de vêtements pour six mois, et ensuite on se charge de vous. Je lui dis : Mon Père, je serai ici le 15 octobre. Javais dans mon cœur la grande joie de partir de la maison pour me donner au Seigneur. La veille de mon départ de la maison, le 14 octobre, mon père qui devait aller travailler loin de la maison me souhaite bonne chance et bon courage. Le 15 au matin, maman pleurait comme une Madeleine, car je suis laîné des garçons. Je lembrasse en partant de la maison avec ma petite valise, sans me retourner. Arrivé à la gare je prends le train pour Montréal, puis un tramway jusquau Sault-au-Récollet, me préparant à descendre après deux virages du tramway. Après le premier virage je me lève, je suis un peu nerveux et je demande au conducteur si on est arrivé chez les jésuites, il me dit : Attends, ti-gars, je te le dirai?! Voilà tu es rendu?! Jarrive à la porte du noviciat et je monte le grand escalier avec un grand soupir et je me dis : Me voilà chez moi. Jai oublié tous les parents et amis, car je suis entré pour le Seigneur et cest lui qui me veut dans sa maison. Nous sommes 9 postulants et il y a 26 novices. 

Durant une grande partie du postulat, je suis réfectorier. Je fais une retraite avec le P. Rosaire Gagnon comme ange gardien. Le mardi de Pâques, je prends la soutane. La veille le Père Maître me dit que cest Pâques et que je peux faire la récréation avec les autres, mais je préfère rester en silence pour me préparer à prendre la soutane, comme je le désirais depuis longtemps. 

Le 15 avril 1941, la deuxième étape de ma vie commence avec le noviciat. Il y a des travaux de toutes sortes au jardin et en particulier à la ferme, car je viens dune famille de cultivateurs. Ces deux ans se sont passés très bien, avec aussi la retraite de 30 jours. Après les vœux je fus cuisinier à la maison provinciale, où vivaient aussi six scolastiques aux études au collège Brébeuf. Puis je suis nommé à la ferme. Il y avait là un beau poulailler de trois étages, je dis au supérieur que je vois le poulailler vide et moi je connais lélevage des poules. Il est daccord et jachète 2000 poussins dun jour que jinstalle au troisième étage avec un petit poêle à lhuile pour réchauffer la place. À lété on les descend dans une cour, et à lautomne au deuxième étage. Ils produisent des oeufs que nous vendons aux maisons jésuites de la ville. Un an plus tard jachète 150 dindons et en décembre nous les vendons à nos maisons pour les fêtes de Noël. Tout cela a été un vrai succès. 

En septembre 1949 le Père Provincial me demande si je veux vraiment partir pour la mission de Chine comme je lavais demandé. Oui, bien sûr?! Il décide de menvoyer dabord travailler à une maison professe et je suis seul à administrer la résidence, la chapelle et faire les achats. Ce sont des dames qui font la cuisine, et un frère avait quitté la Compagnie… Je me dis : Cest son affaire. La communauté est composée de 8 Pères de différents tempéraments : le Ministre est très sec, un autre est «?mémère, un troisième a un tempérament de chien. Or après six mois je les avais tous dans ma main et je pouvais faire tout ce que je voulais?! Au mois daoût, je fais mes derniers vœux dans la petite chapelle, ému de la présence de ma mère, dun frère et de quelques parents. Un chant merveilleux remplit la chapelle, un petit goûter après la messe, et le soir au souper on me place juste à côté du Supérieur, je suis un peu gêné. 

Un an plus tard, je reçois une lettre du Père Général qui mannonce que je suis envoyé aux missions avec le scolastique Marcel Legault. Nous partons le 31 août pour les Philippines, on nous conduit à la gare pour les derniers adieux (car à lépoque on ne revenait pas des missions)?; seule maman ny était pas, car on navait pas voulu lavertir. Partis sur un bateau militaire de San Francisco, avec seulement 12 passagers, nous prenons 18 jours pour traverser locéan Pacifique. Mon compagnon me donnait des leçons danglais, car les manuels de chinois sont en anglais. Au bout dun mois, les maux de tête recommencent. Le supérieur me dit quaprès un an je serai envoyé à Taiwan et là on parle couramment le mandarin. Je suis arrivé à Taiwan le 8 novembre 1953. 

Je suis destiné à la paroisse Sainte-Famille à Taipei. Mon chinois nétait pas très fort. Je parlais avec les pédicabs, qui avaient un accent spécial. Après un an jai commencé à faire des commissions en ville, toujours a bicyclette, car à lépoque il ny avait ni taxis ni motos. Pas de réfrigérateur, il fallait acheter de gros morceaux de glace pour conserver la nourriture. Pas de télévision, pas de machine à laver. Les habits étaient faits sur mesure. En 1960 nous déménageons de la résidence temporaire à la nouvelle résidence de trois étages. La salle paroissiale fonctionnait comme église jusquen 1965 lorsque la grande église fut inaugurée. Cette grande église attirait beaucoup de mariages. Le dimanche je me levais à 5 heures, nous avions 6 messes dans lavant-midi, 3 ou 4 mariages dans laprès-midi, et le soir une autre messe dominicale. Le soir jétais épuisé. 

La première année, pour Noël, nous avions seulement un petit Jésus pour la crèche. Le curé disait que la Sainte Vierge et Saint Joseph étaient partis acheter des légumes?! Lannée suivante nous avions toute la Sainte Famille présente dans la crèche. Jaimais beaucoup faire une belle crèche, toujours appréciée par les fidèles. La Semaine Sainte était aussi très chargée, surtout après tous les changements apportés par le Concile. Mais jétais bien content de faire ce travail. 

Après 36 ans à la Ste-Famille le provincial menvoie dans la campagne à Kuanhsi. Cette maison ne mattirait pas, car tout y était très sale, mais cest le Seigneur qui menvoyait?! Javais justement fait un séjour au Canada et participé à un grand congrès charismatique qui ma changé. Le Seigneur ma pris par la main, a changé mon cœur, ma donné le baptême de la délivrance de Satan. Ayant Jésus avec moi, javais un cœur nouveau et jétais prêt à accepter lordre du supérieur provincial et à déménager à Kuanhsi, me détachant de Ste-Famille. 

En arrivant à Kuanhsi un Père âgé me dit : une partie de votre cœur est restée à Taipei, nest-ce pas?? Non, mon cœur est tout entier à Kuanhsi, car pour le Seigneur cest tout ou rien. Jai fait le ménage de la place, peinturé les murs, lavé et ciré le plancher de léglise, devenu brillant au point que les fidèles voulaient enlever leurs souliers pour entrer dans léglise! 

Deux années plus tard, je suis envoyé au centre de lîle à Taichung à linfirmerie, comme infirmier. En effet, le frère infirmier, Italien, était malade et retournait en Italie. Et moi qui ne connaissais rien dans ce domaine, jai bien pleuré?! Un Père me dit : lEsprit saint sera avec toi?! Le frère que je remplace me fait visiter la place, je remarque que les médicaments sont nombreux et je ny connais rien. Il y a deux de nos Pères alités et deux en chaise roulante, de différentes nationalités et beaucoup dappels la nuit. Un jour un Père me dit : Frère, vous avez une belle occasion de servir le Seigneur malade et qui a besoin de vous. Ces paroles ont changé ma vie. Jai été seul infirmier pendant un an et demi, jusquà larrivée dun Frère Espagnol avec diplôme. Je suis alors devenu son assistant. Je devais de temps à autre donner une injection. Un de nos pères recevait une injection une fois aux six mois et cétait très douloureux. Une fois linjection terminée il me dit : vous êtes le seul à me donner linjection sans que je ne sente aucune douleur. En fait, je pense que cétait le Seigneur qui donnait linjection à ma place et javais procédé très lentement. Merci Seigneur?! Jai bien aimé ces deux années à linfirmerie?; un travail difficile, mais agréable, car il soulage nos Pères et Frères. 

Ensuite en 1983 le P. Provincial menvoie à Taipei, à la résidence Tien Center, avec une belle communauté de 22-25 jésuites. Jétais responsable de la cuisine et du maintien général de la résidence. Nous avions un ministre admirable, mais le supérieur était exigeant et jai même dû écrire au Père Général, qui régla le problème par son Assistant. Ensuite un nouveau supérieur est nommé, il est charismatique et vraiment un papa pour moi. Durant les Jours de lAn Chinois, tous nos employés sont en vacances et je suis seul à nourrir cette communauté de 24 jésuites. Mais javais le tour de faire plaisir à la communauté avec une variété de mets, salades et desserts. Tous étaient dans ladmiration et la joie, et le supérieur parlait du «?Restaurant Aubin. 

En 1991 cétait mon jubilé dorJai fait dabord une grande retraite de 30 jours pour my préparer. Messe daction de grâces dans léglise avec larchevêque qui préside. Après la messe célébration dans la salle paroissiale avec 400 personnes, toutes sortes de cadeaux. Le Père Supérieur me dit : vous voyez comme les gens vous aiment?! Le soir, à la communauté, quelques invités dhonneur, et durant le repas une chanson de 30 couplets sur lair «?En roulant ma boule. Puis un mot de remerciements de ma part, mais bref, car mon chinois nest pas très bon. 

Un nouveau supérieur fut nommé, qui voulait tout changer et intervenait dans la cuisine. Je navais pas de congé et les nerfs commençaient à prendre le dessus : il ny a pas de roses sans épines?! Mais le Seigneur maime et maide à bien accepter ces croix. Dans les années qui ont suivi jai eu dautres problèmes et de gros chocs avec un autre supérieur. Jétais au bord de la dépression, tout était noir et je navais plus le goût de vivre. Heureusement mon ami le Père charismatique priait sur moi et la paix intérieure revenait. La croix reste toujours présente et nous aide à augmenter damour pour Celui qui nous aime tant. Oui, Jésus est à mes côtés et me donne de nombreuses grâces. Merci, Seigneur! 

En 1995 je suis nommé de nouveau à la paroisse Ste-Famille; les paroissiens avaient souvent demandé que jy retourne. Le provincial me dit que jaurai à y rendre de petits services (javais alors 74 ans), en plus de lire et prier. Je me sens le bienvenu à la paroisse. En décembre le Père Curé me demande de donner la communion aux fidèles aux messes du dimanche, 7 messes chaque dimanche?! Jaimais bien ce ministère! 

Jétais aussi assistant du ministre de la communauté, qui était avaricieux et épouvantable, fermant le réfrigérateur avec un cadenas?! Cela me demandait beaucoup de patience, mais je ne parlais pas de mes difficultés (sauf au supérieur). Le Seigneur voulait me sanctifier de cette façon-là. Ma santé commençait à en souffrir. 

En 2003, un samedi jentre à lhôpital, les intestins bloqués. Quelques examens, et le mercredi qui suit je suis opéré pour un cancer aux intestins. Si le Seigneur me veut, je suis prêt, et sil me rend la santé je continuerai à servir. Le 8 juillet je reçois lonction des malades. Après le départ du prêtre, je regarde le crucifix et je dis au Seigneur : Demain je vais être opéré, prenez ma place pour lopération. Puis je regarde limage de la Sainte Vierge : Maman Marie, prends-moi dans tes bras afin que je naie pas peur?! À 82 ans, cest ma première opération. Je pars pour lopération très calme comme si jallais pour une promenade. Après lopération, soins intensifs pour deux ou trois jours. Le chirurgien qui ma opéré me dit : Votre visage est comme si nous naviez pas eu dopération, vous avez des couleurs. Oui, je lui dis : Je suis lenfant gâté de Jésus?! Je suis resté à lhôpital 23 jours et tous étaient émerveillés de voir mon sourire. Après un an, il ny avait plus aucune trace de cancer. Merci Seigneur?! 

En terminant, je répète que mon chinois nest pas très bon et mon niveau déducation pas haut. Mais pour le Seigneur ce nest pas ce qui compte. Cest notre amour pour lui, et jaime faire plaisir aux gens, mettre de la joie dans la maison afin que tous soient heureux et en paix. Humilité et amour sont les désirs du Seigneur pour nous. (Terminé le 15 août 2004) 

Texte de la chanson écrite pour le jubilé dor du Frère Gérard Aubin 

(allégée de toutes les répétitions «?En roulant ma boule, Rouli roulant ma boule en roulant…?» 

Parmi les jeunes de son temps 

Gérard était des plus fervents. 

Il navait pas encore 20 ans 

Un jour il quitta ses parents. 

Gérard devint un postulant, 

Passa par les expériments. 

Après un noviciat de deux ans 

Soffrit au Seigneur totalement. 

Comm les vieux missionnaires dantan 

Gérard sembarqua pour lOrient 

Apprit lchinois pendant un an 

Lchinoiscest dur, mais ça sapprend 

Chaqu matin, à 5 heures tapant 

Il ouvre les portes aux quatre vents… 

léglise dans le dernier banc 

Il prie le Seigneur, en dormant… 

Fait les achats depuis 30 ans, 

Gérard connaît tous les marchands… 

Quil fasse soleil ou mauvais temps 

Il fait les courses sur sa «?SanYang?»… 

Tous les lundis, il compte largent 

Séparant les 1000 et les 100. 

Tous les jours dans son restaurant 

On peut se bourrer gratuitement. 

Quand les prix sont exorbitants 

Résout le problème en jeûnant. 

Des employés le commandant 

Toujours un mot dencouragement. 

À la cuisine, fermement 

Dirige les 2 «?o-pa-sang?» (=cuisinières) 

Dans tous les coins il est présent 

De la porterie au sous-bassement. 

Il est en charge du stationnement, 

«?Allez?! Allez?! Fichez-moi lcamp 

Les rats ne laiment pas tellement 

Car ils meurent tous dempoisonnement. 

Souvent il masse les pieds des gens 

Tout en disant un mot fervent. 

Après lsouper, joue à largent, 

Quand il me bat, cest en trichant. 

Chaque soir, à dix heures tapant 

«?Dehors, dehors?! Les étudiants?» 

Le Saint-Esprit, cest important 

Cest consolant, cest fortifiant. 

Frèrjésuit depuis 50 ans 

Aussi fervent quau commencement. 

En dépit de ses cheveux blancs 

Gérard est encore bien portant. 

Pour toute ta vie de dévouement 

Accepte nos remerciements. 

Du haut de son bleu firmament 

Le Seigneur te rgarde en souriant. 

Et le jour de ton enterrement 

Tous les gens diront, en pleurant : 

«?Il était édifiant?» 

«?Il était si patient?» 

«?Quel bon tempérament?» 

«?Un religieux fervent?» 

«?Un jésuite épatant?»