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Histoires

Il n’est toujours facile de nourrir sa vie intérieure, ni de trouver du temps pour prier, dans le monde qui est le nôtre. Le silence, le calme et l’intériorité sont en effet des denrées rares, dans nos sociétés sécularisées, dopées à la performance (et à la caféine!), qui travaillent sans relâche, dans le bruit et dans un maelstrom permanents. Comment trouver l’équilibre dans tout cela? Comment s’imposer un droit à la paresse et un droit déconnexion? Comme s’offrir le luxe de trouver du temps pour soi mais aussi… pour Dieu?
 
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, j’ai trouvé dans les applications liturgiques en ligne un moyen technique me « forçant » en quelque sorte à être plus discipliné dans ma pratique de la prière et de l’oraison. Peu après mon arrivée dans la famille spirituelle ignatienne, j’ai découvert une application pour téléphone portable appelée Jesuit Prayer. On y trouve diverses ressources en ligne, dont un texte quotidien de l’Évangile accompagné d’un commentaire biblique, et suivant le rythme de l’année liturgique. On y trouve aussi les fameuses vidéos d’intentions de prière du pape François, un onglet pour y « déposer » ses intentions de prière et aussi l’examen de conscience ignatien – ce qui va un peu de soi dans une application de prière jésuite! Comme toute application digne de ce nom, on y trouve aussi les fameuses notifications, qui, comme la cloche de l’angélus et le chant du muezzin dans son minaret, nous rappelle à notre devoir de croyant, c’est-à-dire accorder du temps à Dieu, s’arracher aux réalités profanes et aux soucis du quotidien pour se retrouver seul-à-seul, et cœur-à-cœur, avec le Seigneur. Ce qui m’aide à avoir la discipline requise pour lire et méditer la Parole, mais aussi et surtout prier.
 
Ma vie de père de famille et de professionnel étant passablement mouvementée, les moments de répit et d’intériorité sont très rares. Et, en cela, ô combien précieux! Aussi ai-je pris l’habitude d’utiliser l’application de prière… lors de mes longs trajets dans les transports en commun. C’est souvent le seul instant où je peux accorder tout mon temps et toute mon attention au Seigneur – abstraction faite de la messe dominicale. Au début, j’éprouvais une gêne à prier, même discrètement, dans un lieu public et, qui plus est, dans un « temple » aussi peu convenable qu’un autobus. Jusqu’à ce que je comprenne de mieux en mieux les géniales intuitions spirituelles d’Ignace de Loyola. Moderne et active, la spiritualité ignatienne propose en effet un équilibre entre contemplation et action. Les premiers compagnons d’Ignace, et les jésuites qui ont marché dans leurs pas, doivent dans bien des cas s’insérer dans le monde, parfois au sein des communautés n’ayant jamais été évangélisées — ou étant désormais profondément sécularisées. En l’absence de chapelles, de communautés chrétiennes et d’assemblées eucharistiques dignes de ce nom, les premiers jésuites devaient nourrir eux-mêmes leur vie spirituelle. En puisant dans les trésors des Exercices spirituels d’Ignace.
 
Prier dans l’autobus ou le métro, c’est me semble-t-il faire honneur à la spiritualité ignatienne, laquelle nous invite à trouver Dieu en toute chose – et en tout lieu. C’est faire surgir un peu d’intériorité et de sacralité dans un endroit aussi banal que profane. C’est aussi profiter – avec gratitude – des rares moments de silence qui me sont offerts, dans cette vie parfois folle qui est la mienne. C’est laisser l’Esprit m’interpeller en tout lieu. C’est aussi et surtout me « rebrancher » quotidiennement à la Source et me donner accès à cette eau qui étanche toutes les soifs. Pour ne pas succomber à la fatigue physique, mentale et spirituelle, qui est trop souvent le lot des chrétiens mais aussi des citoyens engagés socialement.
 
Ma routine matinale consiste à lire l’Évangile du jour, de même que la courte « homélie » qui l’accompagne, à l’aide de l’application Jesuit Prayer. Après m’être laissé interpeller par la Parole et l’avoir méditée, je récite habituellement un Pater (Notre Père), suivi d’un moment d’oraison où je rends grâce au Seigneur pour ses bienfaits, où je Lui « offre » cette nouvelle journée et Lui demande de m’éclairer et d’envoyer sur moi son Esprit, afin qu’Il fasse de moi un artisan de sa paix, et qu’il m’aide à édifier son Royaume de fraternité et de justice. Sur le trajet du retour, je fais le bilan de ma journée à l’aide de l’examen de conscience ignatien, suivi d’un moment d’oraison, en tâchant d’être attentif aux éléments de désolation et de consolation ayant ponctué cette journée.
 
L’application Jesuit Prayer me permet donc d’entretenir ma vie spirituelle de manière autonome et d’avoir une foi adulte et mature. Est-ce suffisant? Non, assurément pas. Rien ne remplace une assemblée eucharistique ou une veillée de prière où l’on se retrouve en communauté, c’est-à-dire en Église, autour de la Parole et du Corps du Christ. Or, il arrive çà et là que la messe dominicale me laisse sur ma faim. Un pasteur mal inspiré, une homélie fade, une musique dysharmonique, une liturgie bâclée, une assemblée froide : tout cela peut rendre le rendez-vous du dimanche très peu nourrissant, au plan spirituel. Ces semaines-là j’apprécie donc doublement, sinon triplement les appels à la prière (parfois intempestifs comme tous les pop-ups) de mon application liturgique! Et ces moments de prière et d’intériorité qui ponctuent mes trajets d’autobus.
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