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Histoires

Par Colleen Hogan 

photo : Couverture de « Worship Real », Chris Yates

God don’t want my prayers, if it’s only on the mic
God don’t want my words, if my lips and heart divide
God don’t want my service, if my neighbor’s who I like
God don’t want the worship, if I don’t give Him my life 

 

[Dieu ne veut pas de mes prières, si elles ne sont qu’au micro 

Dieu ne veut pas de mes mots, si le cœur n’y est pas 

Dieu ne veut pas de mon service, si je lui préfère ma voisine 

Dieu ne veut pas de mon adoration, si je ne lui donne pas ma vie] 

 

Mike Martínez, SJ, « le rappeur jésuite », produit des rimes rythmées depuis l’âge de 9 ans. Il était à bord de l’autobus scolaire quand il a entendu Eminem chanter My Name Is et, sur-le-champ, il a décidé de devenir rappeur. Ses textes ont gagné en maturité depuis sa 3e année, et son rêve de hip-hop est devenu une vocation à l’intérieur d’une autre vocation, plus grande encore. 

Actuellement étudiant en théologie à la Faculdade Jesuíta de Filosofia e Teologia au Brésil, Mike termine la dernière étape de sa formation avant l’ordination sacerdotale. Élève des jésuites depuis la 6e année, Mike a d’abord entendu l’appel ou, comme disent les jésuites, « l’invitation » à la vie religieuse, lors d’une retraite qu’il a faite en 10e année. Au confessionnal, le prêtre lui a demandé s’il avait déjà considéré devenir prêtre. 

Les camarades de classe de Faculdad Jesuit. photo : Mike Martinez, SJ

« C’était seulement une question, remarque Mike, bien conscient de l’importance de la liberté dans le choix de la vocation. Une invitation. Il n’y avait rien d’obligatoire. Et c’était dans le contexte d’une confession où je me reconnaissais pécheur. Être jésuite, c’est être un pécheur appelé, un pécheur aimé. » 

Pendant ses études à l’Université Fordham, cette invitation, nourrie par l’amour de sa famille et la formation spirituelle reçue dans un collège jésuite, l’a conduit à un discernement plus soutenu; et cela l’a amené à décider d’entrer chez les jésuites une fois son diplôme terminé. 

Après deux années de noviciat en République dominicaine, Mike a fait une maîtrise en philosophie sociale, médias numériques et storytelling à l’Université Loyola de Chicago. C’est à Chicago qu’il a commencé à mieux intégrer à son ministère jésuite ses dons de musicien et de parolier. 

Mike a offert de diriger un programme parascolaire de hip-hop au laboratoire de médias du Precious Blood Ministry of Reconciliation, un centre de justice réparatrice dans le quartier South Side de Chicago. Il travaillait surtout avec des jeunes en liberté conditionnelle et en voie de réinsertion, qu’il aime décrire comme des jeunes « prometteurs » et non comme des jeunes à risque. Mike sait peser ses mots. 

Il travaillait surtout avec des jeunes en liberté conditionnelle et en voie de réinsertion, qu’il aime décrire comme des jeunes « prometteurs » et non comme des jeunes à risque. Mike sait peser ses mots. 

Il aidait les jeunes, qui venaient au laboratoire de médias, à écrire, produire, enregistrer et interpréter leurs chansons. À l’époque, le drill hip-hop, genre souvent associé à la violence des gangs, était particulièrement populaire chez les jeunes de Chicago. 

Mike raconte : « Nous avons commencé à produire des rythmes de drill. L’idée, c’était de les rencontrer là où ils étaient, mais je leur ai dit : “Et si nous ne nous attaquions pas les uns aux autres, mais à quelque chose dans notre monde que nous aimerions voir disparaître ? Et si nous nous en prenions au racisme, à la pauvreté ou à la haine elle-même ? Et si nous inversions le scénario et qu’au lieu d’utiliser la musique pour la violence, nous nous en servions pour promouvoir la justice ?” » 

« Et si nous inversions le scénario et qu’au lieu d’utiliser la musique pour la violence, nous nous en servions pour promouvoir la justice ? » 

Un après-midi au studio, Nate, l’un des jeunes hommes que Mike accompagnait, a commencé à improviser. Comme ses paroles étaient de plus en plus violentes, Mike l’a arrêté. Il lui a demandé pourquoi il continuait à rapper d’une façon qui allait à l’encontre de la mission du Centre, à savoir promouvoir la paix et la justice. Nate a rétorqué qu’il ne connaissait ni la paix ni la justice et qu’il ne pouvait donc pas rapper là-dessus.  

Avant de répondre, Mike a marqué une pause pour demander à l’Esprit saint de le guider. « Tu as raison, Nate. Tu ne connais pas la paix. Tu ne connais pas la justice. Mais nous sommes ici pour cela : pour découvrir et vivre ensemble la paix et la justice; comme chaque fois que tu entres dans ce laboratoire et qu’on t’aime tel que tu es… et comme chaque fois que tu dis ta vérité de manière prophétique dans ce micro et que tu racontes ton histoire. » 

C’est justement en parlant de manière prophétique et à partir de sa propre réalité que Mike écrit ses chansons. Il n’utilise pas de gros mots, mais ses messages sont crus et puissants. 

Lors du tournage du clip vidéo « Love is Above » photo : Dimas Oliveira, SJ

En 2020, Mike a sorti le premier album de hip-hop jésuite de l’histoire, Worship Real. Cet album est inspiré par sa foi et influencé par les cultures cubaine, latino-américaine et afro-américaine qu’il a côtoyées en grandissant à Miami. Composé de douze titres, on y retrouve des rimes neuves sur des rythmes rapides, ainsi que des versets bibliques, des commentaires sociaux (voir les titres 6, Xenophobe, et 9, Quarantine Fools) et des réflexions sur sa vocation.  

« Les gens disent parfois que Mike est un rappeur chrétien ou un rappeur catholique, relève-t-il. Oui, parce que je suis catholique et que je fais du rap. Mais je n’aime pas me cataloguer. Je rappe sur ce que j’ai dans le cœur, et ce que j’ai dans le cœur, c’est Jésus. »  

« Je rappe sur ce que j’ai dans le cœur, et ce que j’ai dans le cœur, c’est Jésus. »  

Pour lui, ce changement de cadrage est important. Diriger avec le cœur engendre l’authenticité : partager ce que nous sommes vraiment, et non ce que nous souhaitons être, c’est essentiel dans nos relations avec Dieu et avec les autres; et c’est ce que Mike s’efforce de faire dans sa musique. 

« Pas besoin de tout mettre en ordre pour que vienne la bénédiction, nous bénissons le désordre ! », dit-il. Il offre sa vie au Seigneur « telle qu’elle est, peut-être pas telle qu’il voudrait qu’elle soit, mais telle qu’elle est », bien conscient que Dieu est là et nous aime au milieu de notre désordre.  

Cette communication authentique de nous-mêmes nous permet d’écouter les autres et d’entrer en contact avec eux, ce qui crée des occasions de communion. C’est l’essence même du ministère de Mike. 

« La communion, c’est faire en sorte que les gens fassent l’expérience de la paix, de la justice et de l’amour. Cette triple union, soit avec Dieu, les autres et soi-même, est capitale pour que le Royaume devienne réalité. Et c’est vraiment la raison d’être de mon ministère, soit la recherche de la communion pour que nous puissions tous faire l’expérience d’un peu du Royaume à venir. » 

En ce moment, Mike construit cette communion avec ses confrères de classe en théologie et dans la communauté où il sert, à Belo Horizonte. Même s’il n’y a pas très longtemps qu’il apprend le portugais, il dirige les Exercices spirituels dans sa nouvelle langue au centre culturel et religieux local. Il lui arrive d’y mêler des mots d’espagnol, mais il a conscience de toujours communiquer le plus important : le message d’amour radical de l’Évangile. 

photo : TedX, Jim Davis, les catholiques de Floride

Poor, chaste and obedient
These the main ingredients
For speeding the Kingdom in
This is what I mean my man
Whenever we say “Amen”
It’s not just a word I’m saying
But a way of life though (life though)
Miami Mike
More than on a mic though 

 

[Pauvre, chaste, obéissant 

Les trois grands ingrédients 

Pour accélérer la venue du Royaume 

C’est ce que je veux dire, mon homme 

Chaque fois qu’on dit AMEN 

C’est pas juste un mot qu’on dit 

C’est un mode de vie (oui, la vie) 

Le Mike de Miami 

Mais beaucoup plus qu’au micro] 

 

Le dernier titre de Mike, sa contribution à l’Année ignatienne des jésuites, est sorti le 22 avril 2022. Pour en savoir plus sur le ministère numérique de Mike et pour écouter Worship Real, consultez www.mikemartinezsj.com. 

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