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Histoires

Par Becky Sindelar 

L’itinéraire vocationnel du père Henk Van Meijel, SJ, est assez particulier; père de famille, il a élevé trois enfants avant de devenir « père » jésuite. Dans l’entrevue qui suit, il raconte le cheminement unique qui l’a amené à devenir prêtre et jésuite, et les conversions impressionnantes dont il est témoin dans sa pratique de l’accompagnement spirituel ignatien. Le père Henk montre comment la spiritualité jésuite nous encourage à vivre le moment présent et à nous accompagner les uns les autres sur nos chemins spirituels respectifs. 

Vous êtes entré chez les jésuites assez tard. Pouvez-vous nous parler de votre cheminement ? 

J’étais mécanicien, je possédais un atelier de réparation et j’ai élevé trois enfants. J’ai toujours été actif dans l’Église, et de plus en plus à mesure que mes enfants grandissaient. Je me suis engagé dans le ministère ecclésial et, petit à petit, mon entreprise est devenue moins importante à mes yeux. Un de mes amis, qui était aussi un bon client, m’a dit à un moment donné : « Ça ne peut plus continuer comme ça. » Ce qu’il voulait dire, ce n’est pas que je ne faisais pas bien mon travail, mais que j’avais perdu tout intérêt pour l’entreprise. L’argent ne signifiait plus rien pour moi. 

Des changements sont survenus et, un jour que je récitais mon chapelet, j’ai entendu une voix me dire d’aller voir les jésuites. J’ai commencé par effectuer une recherche sur les jésuites. Quelques semaines plus tard, j’ai consulté l’assistant du curé de notre paroisse, qui m’a dit : « Pour être bien sincère avec vous, vous avez l’air d’un jésuite. » Je ne voyais pas trop ce que ça voulait dire, mais les choses se sont mises en place. 

Pouvez-vous nous faire part de grâces que vous recevez dans votre ministère ? 

Ces grâces sont essentiellement liées à des conversions vraiment profondes, au fait de rencontrer la personne là où elle en est et de travailler avec elle. Par exemple, un enfant décédé 15 ans plus tôt dans un incendie apparaît à sa mère lors d’une retraite. Elle gagnait sa vie dans les rues de Toronto au moment où sa maison a brûlé avec son enfant à l’intérieur. Après toutes ces années, l’enfant vient voir sa mère et la console.  

Une femme aux prises avec l’alcoolisme participe à une retraite de fin de semaine.  Il se passe alors quelque chose qu’elle n’arrive pas à s’expliquer. Son besoin de boire a disparu. Aujourd’hui, elle est très engagée dans l’Église.  

Ce sont des choses comme celles-là qui m’aident à avancer; pas les finances ou les réunions. Il en va de même pour le personnel. Nous sommes tous stimulés par les conversions dont nous sommes témoins ici. 

Nous sommes tous stimulés par les conversions dont nous sommes témoins ici.

Le père Van Meijel et son équipe travaillent ensemble pour accompagner des personnes de tous horizons.

En quoi consiste votre fonction de directeur du centre Manresa et qu’est-ce qui vous donne le plus d’énergie ? 

En un mot, si quelque chose ne va pas, c’est de ma faute ! À bien des égards, ces temps-ci, j’ai un travail d’administrateur. En plus d’être directeur de Manresa, je suis le directeur général intérimaire de notre infirmerie jésuite, Rene Goupil House, et le supérieur local par intérim de la communauté jésuite de Pickering. Cela fait pas mal de travail; il faut payer les factures, embaucher du personnel. Mais s’il n’y avait que ça, je prendrais la porte en hurlant. Je gère beaucoup d’argent, mais ce n’est pas ce qui m’intéresse. Ce qui me donne de l’énergie, ce sont les conversions grandes et petites dont je suis témoin. 

Manresa se spécialise dans les retraites prêchées, mais nous en offrons d’autres, comme les retraites en 12 étapes, destinées principalement aux Alcooliques anonymes et aux Al-Anon. Les gens ont la possibilité de rencontrer un directeur spirituel et de lui confier leurs difficultés. Chaque fin de semaine, il se passe des choses, et c’est toujours étonnant d’en avoir les échos. Il s’agit parfois de grandes conversions, mais le plus souvent il s’agit de « petites » conversions; et j’en suis témoin. 

Parlez-nous des grâces de l’accompagnement spirituel. 

Elles se rattachent avant tout au discernement. Les gens arrivent avec une question, un point sur lequel ils ont besoin de discerner; il peut s’agir d’un mariage difficile, d’un changement de carrière ou de problèmes avec la belle-famille. Pour nous, cela se ramène généralement au fait de passer du temps avec eux et de leur présenter le discernement ignatien. Expliquer, écouter et peut-être faire quelques suggestions ou poser des questions. Tout se résume essentiellement à l’Examen, une méditation en cinq étapes, conçue par saint Ignace. L’essentiel, au fond, c’est de vivre le moment présent, et non pas de s’attarder à ce qui s’est passé hier ou ce qui pourrait se passer un jour. 

Notre travail consiste à faire prendre conscience aux gens de la nécessité de vivre dans l’instant, dans le moment présent.  

Oui, notre travail consiste à faire prendre conscience aux gens de la nécessité de vivre dans l’instant, dans le moment présent. Et pour le faire, nous nous servons de la spiritualité ignatienne. 

Qui vient faire une retraite à Manresa ? 

Tout le monde peut venir; des musulmans, des hindous, des personnes de toutes les traditions religieuses viennent ici. Des fidèles de différentes confessions protestantes participent également. Peu importe pour nous. La spiritualité ignatienne est universelle. 

Le dimanche matin, nous avons un cercle de partage. Des personnes de tradition islamique m’ont dit, « Wow ! tout cela me parle ! » Nous avons beaucoup plus en commun que nous le pensons. 

L’une des préférences apostoliques universelles de la Compagnie de Jésus, c’est de cheminer avec les jeunes. Est-il difficile d’amener les jeunes à venir faire une retraite ? Y a-t-il des programmes de retraite auxquels ils répondent mieux ? 

Le père Arturo Sosa, supérieur général des Jésuites, rencontre le père Van Meijel

C’est un groupe difficile. Une fois par an, nous organisons une fin de semaine de retraite pour les jeunes professionnels, sous la direction du père John O’Brien, SJ. Nous accueillons aussi un grand nombre d’écoles secondaires pendant la semaine. 

Habituellement, les gens commencent à venir quand ils arrivent à l’âge mûr, au moment de la crise de la quarantaine. Nous recevons aussi de jeunes adultes, certains même au début de la vingtaine. Il y a une grande faim spirituelle. 

Certaines questions s’imposent souvent au milieu de la vie. Comme est-ce vraiment là tout ce qu’il y a dans la vie ? J’ai travaillé, j’ai gagné de l’argent, et maintenant, quoi ? C’est là généralement que les quadragénaires et les quinquagénaires commencent à participer à des retraites. Et ils reviennent. Nous avons des retraitants de 90 ans ! 

La spiritualité ignatienne rencontre la personne au point où elle est et laisse l’Esprit agir. 

La spiritualité ignatienne rencontre la personne au point où elle est et laisse l’Esprit agir. 

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