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Histoires

Compte-rendu de: Élisabeth Garant, dir., «Justice sociale, ouverture et nationalisme au Québec. Regards de Julien Harvey», avec les contributions de Louis Balthazar, Gregory Baum, Albert Beaudry, Joseph Giguère, Jean-Claude Icart, Francine Tardif, Stéphanie Tremblay. Montréal, Novalis, 2013.

Julien Harvey, s.j., Justice et Foi. Un livre à méditer. Disponible en pdf.

Il faut savoir gré aux éditions Novalis et au Centre Justice et Foi d’apporter un nouveau soutien à la culture religieuse et sociale du Québec en publiant ce bel ouvrage collectif sur la trajectoire exemplaire d’un chrétien engagé, Julien Harvey, dans tous les débats essentiels sur la lutte contre l’exclusion sociale, le vivre-ensemble, la culture publique commune et l’ouverture à l’autre dans un nationalisme territorial. Sous la direction d’Élisabeth Garant, sept témoins de l’oeuvre de Julien Harvey ont commenté et expliqué l’action et la pensée de Julien Harvey, et ils ont sélectionné une vingtaine de ses textes présentés dans le volume. Le P. Harvey a été un grand professeur de théologie et un bibliste lié aux exigences de la vie en société et à la solidarité avec des clochards dans un centre de réhabilitation. Il fut aussi supérieur provincial des Jésuites (1974-1980), il a ensuite été un animateur et un collaborateur rigoureux de la revue Relations (1980-1998), et il fut le premier directeur du Centre Justice et Foi. Il a identifié comme un point tournant dans sa vie l’année 1975 où la Congrégation générale de l’Ordre avait pris fin en publiant un décret, bref et incisif, qui bouscula beaucoup de religieux de toutes appartenances dans le monde: “La mission de la Compagnie de Jésus aujourd’hui est le service de la foi, dont la promotion de la justice constitue une exigence absolue.” Il commente de façon aussi brève: “Ces mots ont troublé nos nuits. Pour la plupart d’entre nous, ce fut une période fascinante.” Toute sa vie et son action auprès de Relations fut marquée par cette priorité de la quête de justice, non seulement entre les individus mais aussi dans les structures de la société politique et économique. Citoyen de Saint-Henri, il avait des liens privilégiés avec son confrère Jacques Couture, travailleur social et adversaire de Jean Drapeau aux élections municipales, qui devient ensuite ministre du travail et de l’immigration dans le gouvernement de René Lévesque en 1976. Il s’était créé là un espace de dialogue intense sur le réel social entre Jacques Couture et Julien Harvey. C’est dans ce contexte de réflexion intense sur la justice sociale, pendant que s’élaborait en Amérique Latine une théologie de la libération par l’Évangile, que Julien Harvey entreprend une longue réflexion sur les liens entre la pauvreté, l’exclusion, la place des immigrants et des communautés culturelles à Montréal. C’est dans les années qui ont suivi que j’ai eu le privilège de rencontrer plusieurs fois Julien Harvey, de partager quelques repas avec lui et de le consulter, dans le cadre d‘un mandat spécial, sur les avenues à explorer pour définir une politique générale du réseau de l’Université du Québec sur la place des communautés culturelles dans la mission de l’université sur le territoire du Québec. J’ai appris par lui l’existence d’une immense réflexion internationale sur le concept socio-politique d’interculturel, un concept plein de nuances qui avait été élaboré par des comités d’experts et des associations venues de plusieurs pays européens dans le cadre des travaux du Conseil de l’Europe. On trouvera sans doute aux archives de Julien Harvey les traces de sa vaste documentation sur le sujet. Ces rencontres m’ont conduit à aller compléter ma recherche à Strasbourg, où j’ai pu comprendre l’importance de la distinction à faire, au Québec comme ailleurs dans le monde, entre une vision du multiculturalisme où se décrit l’état de fait progressif de toutes les grandes villes du monde et de toutes les sociétés contemporaines, à bien distinguer du concept d’interculturalisme comme projet rationnel, voulu par une nation pour favoriser un meilleur vivre-ensemble dans une identité capable de rassembler. Cette réflexion de Julien Harvey, éclairée par l’expérience européenne, se développait dans le contexte de l’adoption d’une loi fédérale sur le multiculturalisme dont Julien Harvey a bien souligné les faiblesses de son énoncé et les risques pour l’avenir, spécialement dans l’évolution du Québec. Pour Julien Harvey, l’accueil plein et intégral des immigrants, avec qui il travaillait, devait passer par une autre façon de définir la société d’accueil. C’est ce qu’il avait formulé dans Relations en 1987 et dont le texte est repris dans l’excellent petit volume qui vient de paraître. La société réelle, la politique, la santé publique, l’éducation, c’est une pensée sociale vaste que les auteurs de ce volume ont examinée avec un regard critique éclairant pour que demeure vivante la pensée de Julien Harvey. On en voit encore des suites dans un texte vigoureux publié récemment (20 juillet) par Mgr Roger Ébacher, “Pas d’évangélisation sans option pour les pauvres”. Il détaille des problématiques: “Non à l’économie d’exclusion”, “Non à l’idolâtrie de l’argent”, “Non à l’argent qui gouverne au lieu de servir”, “Non aux inégalités, sources de violence.” (Prions en Église, 20 juillet 2014, p.36-37).

Pierre Pagé,
Professeur associé, UQAM.
Source: AUVIDEC

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