Par Lynn Barwell
C’est inattendu, mais certaines des conversations les plus riches que j’aie eues sont survenues au moment de remplir ma bouteille d’eau à la fontaine de ma salle de sport. Il semble bien que faire de l’exercice ensemble favorise les échanges stimulants et mutuellement enrichissants. Ces conversations débordent habituellement le seul désir de travailler sur son corps ; elles portent souvent sur la manière dont nous cherchons à grandir et à mener une vie plus épanouissante. Vous seriez surpris du nombre de conversations spirituelles qui se déroulent dans les salles de sport ! Sans parler de toutes celles que j’ai pu avoir à la fontaine au travail ou dans un parc. J’ y ai noué plusieurs amitiés.
Qu’il s’agisse de nous désaltérer à la fontaine, de prier afin que la pluie arrose enfin une terre desséchée ou de profiter de la piscine par une journée chaude et ensoleillée, l’eau nous rassemble en ce qui concerne nos besoins humains les plus élémentaires. Lorsque Jésus fait une pause à midi près d’un puits en Samarie, il est inévitable que quelqu’un viendra puiser de l’eau. Il se doute bien que la personne qui osera braver le soleil brûlant pour venir puiser à un moment aussi inopportun de la journée se prêtera facilement à une conversation spirituelle. De fait, quand la Samaritaine se présente au puits, elle entame un dialogue tout à fait inattendu, à l’encontre des conventions, avec un homme, un Juif, un étranger que sa culture lui interdit de fréquenter. Elle est loin de se douter que cette rencontre fortuite va bouleverser sa vie.
N’avons-nous pas le sentiment parfois d’être comme une eau stagnante, embouteillée, piégés que nous sommes par des circonstances passées et des voix intérieures qui semblent entraver notre potentiel ?
Lorsque Jésus offre l’eau vive à la Samaritaine, elle sait tout de suite qu’une soif ardente est en train de s’apaiser au plus profond de son cœur. Quand Jésus lui redit sa propre histoire, elle sent que cet homme, en qui elle viendra à reconnaître le Messie, ne voit pas d’abord en elle la vie qu’elle mène et ses relations passées ; son regard à lui réveille en elle l’énergie vitale. Le corps humain est composé d’environ 60 % d’eau, et l’on pourrait dire que Jésus permet à cette femme d’accéder à la source intérieure où elle peut puiser son identité la plus profonde et la plus aimante, celle que Dieu lui a donnée. Sa réaction ? Retourner en ville en parler aux gens. Grâce à cette expérience spirituelle remarquable, la femme devient source pour d’autres personnes, qui pourront aussi se désaltérer à l’eau vive.
N’avons-nous pas le sentiment parfois d’être comme une eau stagnante, embouteillée, piégés que nous sommes par des circonstances passées et des voix intérieures qui semblent entraver notre potentiel ? C’est peut-être ce qu’éprouvait la Samaritaine avant de rencontrer Jésus, un jour comme un autre, et de se sentir libérée par son regard, peut-être pour la première fois de sa vie. Comment pouvons-nous cultiver, dans notre vie à nous, une culture de rencontres transformatrices ?
L’accompagnatrice ou l’accompagnateur spirituel s’inspire du modèle de Jésus pour écouter, respecter et aider l’autre à entrevoir l’extraordinaire à l’œuvre dans la trame ordinaire de sa vie.
Une possibilité est de rechercher un accompagnement spirituel. L’accompagnatrice ou l’accompagnateur spirituel s’inspire du modèle de Jésus pour écouter, respecter et aider l’autre à entrevoir l’extraordinaire à l’œuvre dans la trame ordinaire de sa vie. Si l’accompagnement spirituel n’est pas possible, on peut aussi s’efforcer de faire de chaque rencontre l’occasion de dépasser ses préjugés et ses idées préconçues pour engager avec l’autre une conversation authentique. Et même si nous ne rencontrons pas Jésus au puits, nous pouvons au moins nous voir comme la Samaritaine, accorder notre oreille à une voix intérieure qui parle avec autant d’amour que Jésus pour nous aider à puiser à la vérité la plus profonde en nous. Puisse chaque gorgée d’eau nous rappeler que nous avons été créés avec la capacité innée, infinie, de vivre une vie aimante, joyeuse et pleine de sens.
