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Histoires

P. Erik Oland, SJ, Provincial

Au sein de la Compagnie de Jésus, la consulte est un lieu qui permet au Provincial d’avoir des conversations sérieuses autour de ce qui se passe à tous les niveaux d’une Province, de recevoir des avis des consulteurs, nommés par le supérieur général pour l’appuyer, et de prendre des décisions. La consulte élargie pour sa part permet la participation d’un plus grand nombre de personnes et ainsi de partager davantage la gouvernance, le leadership de la province. C’est un lieu de discernement avec les assistants provinciaux nommés par le supérieur provincial. Ces assistants apportent au provincial leur expertise et leur connaissance d’un secteur apostolique de la province, et animent les commissions qui réunissent les œuvres de la province par secteur. Leur présence à la consulte élargie en fait donc un lieu où tous les secteurs de la province ont une voix.

En janvier dernier, le provincial a tenu une réunion de la consulte élargie. Il partage ici les fruits de cette rencontre (que l’on peut aussi retrouver dans la dernière lettre du provincial), tout comme le Socius, Gilles Mongeau, et trois jésuites assistants provinciaux, les pères Michael Knox, John Meehan, et Greg Kennedy.

Discerner les signes des temps et fixer des objectifs

Le travail des œuvres des différents secteurs a été une source de consolation pour le P. Oland :

J’ai été très consolé de la richesse des réflexions de chaque secteur, notamment autour d’une phrase du cardinal Michael Czerny qui parlait « d’être les artisans d’une culture de la rencontre ». Elle a vraiment interpellé les participants. J’ai aussi été consolé, car j’ai l’impression que les secteurs travaillent mieux ensemble et que les exercices demandés pour préparer la consulte élargie ont aidé à cela.

Le P. Michael Knox, SJ, assistant provincial pour les ministères pastoraux, parle ainsi du discernement de son secteur, qui a été soumis au P. Provincial avant la réunion de la consulte élargie.

D’abord, nous allons construire une banque de pratiques communes des différents représentants de la commission pastorale, que ce soit autour de la formation sacramentelle, d’un problème particulier auquel la paroisse peut être confrontée, ou simplement pour avoir des ressources qui proviennent de diverses sources jésuites et ecclésiales. Deuxièmement, l’accent a été mis sur le fait que tous les membres du secteur pastoral devaient recevoir une formation appropriée afin de faciliter l’utilisation de divers médias pour atteindre les paroissiens, les personnes travaillant sur les campus universitaires, etc. Le troisième point a été la prise de conscience de la diversité croissante des besoins : une partie du rôle de la commission serait de rassembler les gens pour réfléchir à cela et trouver des pratiques communes. Enfin, il y avait le désir de réévaluer le corps des personnes qui sont dans la commission, avec l’idée que nous pourrions peut-être inclure d’autres leaders laïcs qui travaillent très étroitement avec les prêtres dans différents contextes.

Cette implication des secteurs reflète une structure mise en place depuis le début de la nouvelle province, selon le P. Mongeau : la dynamique de consultation qui va du bas vers le haut, l’idée que l’on fait remonter vers le Provincial le discernement de la base.

Il y a toujours un approfondissement qui se fait. Lors de la réunion de la consulte, par exemple, on a demandé à chaque secteur de faire une lecture des signes des temps selon leur propre expérience et expertise. On a eu une lecture des signes du temps de la justice, de la formation des jeunes, etc. Quand tout cela est remonté, on a essayé de voir comment ces différentes expériences de la réalité de notre mission se conjuguent et ce qui ressort de la rencontre entre ces différentes expériences.

L’autre élément de la rencontre était de savoir comment les secteurs se donnent des buts concrets à la lumière de cette lecture des signes des temps et des Préférences apostoliques universelles (la dimension de planification apostolique). Pèlerins ensemble va se vivre au niveau des communautés et des apostolats.

Le P. Meehan donne un exemple de la question des PAU dans l’apostolat intellectuel (dont les membres se sont réunis sur Zoom après la réunion de la consulte élargie pour discuter de son rôle dans le processus de discernement de la Province).

Les deux collèges jésuites (Campion et Regis) et les trois institutions approuvées (St. Paul’s College, Université de Sudbury et Corpus Christi/St. Mark’s College) ont réitéré leur engagement envers la mission jésuite et les Préférences Apostoliques Universelles. Il y a une ouverture à adapter le processus d’examen des missions et des priorités (Mission and Priority Examen— MPE) actuellement utilisé aux États-Unis et au Belize pour répondre à notre contexte canadien. Combiné au document révisé de l’Association des collèges et universités jésuites (AJCU), intitulé « Several Characteristics of Jesuit Colleges and Universities », cela offre un moyen d’approfondir le sens de l’identité et de la mission ignatiennes dans chaque collège. En outre, des possibilités de collaboration et de formation des membres du conseil d’administration, du corps enseignant, du personnel et des étudiants sont également offertes par l’AJCU, ainsi qu’un réseau mondial par le biais de l’Association internationale des universités jésuites (IAJU), récemment fondée.

Partir du bas, partir de l’expérience

P. Gilles Mongeau, SJ, Socius

Un point important dans le partage du provincial et du socius concerne l’importance et l’autonomie des membres du corps provincial. Si auparavant le P. Supérieur pouvait être comme un marionnettiste contrôlant les œuvres, la question est aujourd’hui de savoir comment les secteurs peuvent s’entraider par réseautage et comment est-ce que la Province, en se donnant des priorités concrètes, peut appuyer cela.

« Les grandes orientations que la province va se donner appuieront ce vécu apostolique à la base; c’est toujours un retour vers la base », souligne le P. Mongeau. « Le rôle du Supérieur dans la Compagnie de Jésus est de donner aux jésuites et aux œuvres le pouvoir (empower); il gouverne surtout en donnant vie, zèle et énergie. »

Un appel qui est par exemple ressorti de la consulte élargie est que la pandémie ouvre de nouvelles opportunités et de nouvelles manières de penser, malgré la tragédie. « Peut-être cela a-t-il créé un temps d’arrêt et de réflexion qui pourrait avoir un impact sur la façon dont les paroisses fonctionnent après COVID-19 », mentionne le P. Knox, en ajoutant que l’idée de plus utiliser Zoom pour les réunions au sein de la Province fera peut-être son chemin.

« Chaque groupe, chaque secteur, chaque région s’anime de plus en plus », note également le P. Oland.

Les régions : nouveau moteur de la Province

L’idée nouvelle de « région » est d’ailleurs d’une grande importance, explique le P. Oland :

On continue de travailler avec les secteurs, mais aussi davantage avec les régions. C’est un grand pays le Canada avec Haïti! Ce sont des régions qui vont commencer à se réunir, pas seulement des secteurs, afin les gens dans telle région (par exemple Toronto), mais qui œuvrent dans des secteurs différents (spirituel, académique…) soient de plus en plus en réseautage pour définir la mission de la Compagnie dans ce lieu. Le but est que les œuvres d’un secteur ne travaillent plus en silo.

Le P. Provincial souhaite ainsi concevoir ses visites provinciales selon les régions, même si cela prend quelques semaines, et d’écrire une lettre ensuite à toutes les personnes concernées de la région pour encourager le travail des différents secteurs qui s’y trouvent. « Mais dans une région il peut y avoir des supérieurs et des directeurs d’œuvres, eux aussi doivent prendre une certaine responsabilité pour animer l’ensemble de la région », souligne le P. Oland.

Selon le P. Mongeau, les gens deviennent de plus en plus conscients du besoin de travailler ensemble. « C’est certainement dans Pèlerins ensemble. »

D’une certaine manière, il faut le vivre. Ensuite, je pense qu’il y a un intérêt très fort et de plus en plus grand dans la retraite annuelle offerte non seulement aux jésuites, mais aussi aux collègues et amis. C’est un exemple du désir d’approfondir, l’être pour le faire.

Être et devenir

La conviction du P. Sosa que « l’être est fondamental pour pouvoir faire » est revenue plusieurs fois dans la conversation sur la consulte élargie. Selon le P. Oland :

Cela signifie que nous devons constamment revenir (en tant qu’individu, apostolat et comme Compagnie) à la foi et à la conviction que Dieu nous guide. Cela fait partie du travail de gouvernance. Ce n’est pas MON travail, c’est le travail de Dieu, c’est l’œuvre de l’ensemble de l’humanité désireuse de rendre le monde meilleur.

Le P. Mongeau ajoute que cet accent sur l’importance de l’être et de la conversion avant le faire est ressorti de Pèlerin ensemble, c’est un des fruits qui continue à émerger.

Les gens commencent à voir de plus en plus que ce n’est pas seulement qu’il faut faire quelque chose ou même le faire différemment. Dans notre planification, nous devons devenir quelque chose. Il faut que les jésuites et les autres qui servent dans la mission deviennent quelque chose. Il faut que les œuvres deviennent quelque chose. Il faut que les communautés deviennent quelque chose.

« C’est l’appel à aller de l’avant avec énergie et flexibilité pour répondre aux nouveaux défis qui peuvent surgir à l’improviste », souligne le provincial dans sa lettre apostolique.

Exemple de l’expérience de Greg Kennedy, SJ, assistant pour l’apostolat spirituel

Fr. Greg Kennedy, SJ

« Les conversions, même les petites, sont toujours des surprises. Plusieurs petites conversions m’ont heureusement pris au dépourvu depuis que la pandémie a éclaté. La première a fait tomber ma résistance innée aux communications par ordinateur. Bien que loin d’être un zélateur de la technologie, je suis devenu beaucoup plus reconnaissant (et beaucoup plus proche d’un solide Principe et Fondement) pour les possibilités de connexion par le biais de plateformes en ligne. Le secteur de la spiritualité se réunit désormais tous les mois via Zoom pour partager des informations, des idées, du soutien et des rêves. Ce sens approfondi de la collaboration et de l’unité dans la mission est un résultat direct de la pandémie, facilité par la technologie que j’évitais jusqu’à récemment.

Mon enthousiasme pour les longues réunions était à peu près équivalent à mon faible seuil de tolérance pour la haute technologie. Au risque de paraître blasphématoire, j’ai souvent ressenti les exercices de discernement communautaire comme fastidieux. Ma deuxième conversion récente a réglé ce problème. Préparé à supporter la dernière consulte élargie, je me suis retrouvé emporté par l’esprit de fraternité et d’attention pour la province, ses habitants et la Création in toto. Les consultants, les assistants de secteur, le socius et le provincial écoutaient profondément et parlaient authentiquement. Cette contribution particulière à ma conversion au discernement communautaire (toujours en cours), m’a inspiré la petite rime suivante :

Les têtes ensemble les cœurs séparés

ne nous mènent jamais loin de là d’où nous partons.

Têtes séparées cœurs ensemble, nous nous envolons vers le joli Nulle part.

Cœurs et têtes main dans la main atteignent la frontière des terres prometteuses.

Le Secteur Spiritualité continue de converser et de discerner l’avenir de nos apostolats. Les confinements ont durement touché les maisons de retraite, tant sur le plan financier que sur celui du sens de la mission. Comme pour les paroisses, le fait d’être assis dans une maison vide de retraitants déstabilise ceux d’entre nous dont la vocation est l’hospitalité et l’accompagnement spirituels. Comment le sens de la foi des gens a-t-il changé à l’ombre du Covid ? Ont-ils ou auront-ils une relation différente avec Dieu, l’Église et la prière ? Quelle sagesse la spiritualité ignatienne a-t-elle pour aider à mettre de l’ordre dans les nombreux désordres des circonstances actuelles ? Plus que jamais, nous ressentons le besoin d’une plus grande conscience décolonisée et d’une pratique de la justice sociale et écologique dans notre spiritualité. Elles sont peut-être faibles et froides cet hiver, mais à bien des égards, nous sentons nos mains toucher les frontières de terres prometteuses. »

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