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Par Elise Gower
« Il n’y a pas de chemin facile pour arriver à l’espérance.
L’espérance se cultive avec l’expérience de la vie,
et surtout avec l’expérience du lien étroit
qui nous unit à la mort et qui nous vient d’elle. »
Aux heures de profonde incertitude, la nature nous offre sa sagesse intemporelle. Au fil de l’alternance des saisons, des cycles de croissance et de repos, des temps d’obscurité et de lumière, la Terre nous enseigne l’espérance. Elle nous enseigne non pas la légèreté de l’optimisme, mais la patience d’être présent à la tristesse comme à la joie.
« Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. »
(Romains 8, 22)
L’idée de saint Paul retentit aujourd’hui profondément dans un monde qui contemple à la fois la beauté et la destruction de notre maison commune. Et si nos défis écologiques ne nous invitaient pas seulement à adopter de nouvelles politiques, mais aussi à changer notre façon de vivre, conscients que la guérison de l’environnement et l’épanouissement de l’être humain sont indissociables ?
Un cœur pour la création
Le père Jim Profit, SJ, a grandi à l’Île-du-Prince-Édouard. Son lien précoce avec la terre a façonné toute sa vie, l’amenant à étudier les sciences agricoles et à travailler avec des agriculteurs en Jamaïque et avec les communautés autochtones de l’île Manitoulin. Dans les champs du nord ontarien et dans les missions lointaines, il a incarné la justice écologique en combinant une action délibérée et une perspective profondément spirituelle.
Prêtre jésuite au Ignatius Jesuit Centre de Guelph, il a incarné ce que le pape François appellera plus tard « l’écologie intégrale ». Jamais il n’a séparé sa vie et son comportement d’un véritable souci de toute la création. Dans la forêt ancienne de la région, un sentier porte désormais son nom, « un lieu sacré où la Terre nous relie à notre Créateur ». Le leadership du père Profit a contribué à unir les voix des communautés par-delà les frontières du catholicisme en associant le discernement spirituel, le développement communautaire et l’agriculture biologique.
L’espérance et les Exercices spirituels
Dans son ministère, le père Profit a vécu notre appel collectif à cocréer avec Dieu. En publiant The Four-Week Dynamic: The Spiritual Basis for Reconciliation with Creation (La dynamique des quatre semaines. Le fondement spirituel de la réconciliation avec la création), il a cherché à adapter les Exercices spirituels de saint Ignace pour favoriser la rencontre avec Dieu en pleine crise écologique. Il contemple « Dieu qui agit dans la création, Dieu qui souffre dans la création ». Il jette un regard franc sur la grandeur de la Terre et sur ses blessures.
« Dieu agit dans la création, Dieu souffre dans la création. »
« Il n’y a pas de chemin facile pour arriver à l’espérance, disait-il. L’espérance se cultive avec l’expérience de la vie, et surtout avec l’expérience du lien étroit qui nous unit à la mort et qui nous vient d’elle. » Face à ce qu’il a appelé « la vérité du déclin de notre mère la Terre », le père Profit nous invite à découvrir une vie nouvelle. Il nous invite à apprendre à « vivre au sein de la nature » au lieu de lutter contre elle.
Un témoignage ultime d’espérance
En 2014, aux prises avec un cancer, il a abordé la maladie avec la même attention et la même espérance que ses recherches en écologie. Même pendant les périodes d’isolement et d’incertitude, il continuait de nourrir la vie en plantant des arbres pour chaque nouvelle naissance dans sa famille. Dans un blogue personnel poignant intitulé La création tout entière gémit…, il raconte comment la souffrance peut nous faire entrer plus profondément dans le mystère de Dieu, présent dans toute la création.
Lors de ses funérailles, on a offert en action de grâce des symboles de la vie verdoyante qu’il avait plantée pour rappeler à tout le monde que la mort et la vie nouvelle sont à jamais liées dans le cycle continu de la création. Ce geste tout simple exprimait le message pérenne du père Profit : l’espérance subsiste lorsque nous nous accordons au rythme de la Terre, lorsque nous faisons confiance à un Dieu qui habite à la fois la joie et la tristesse.
Sa mission continue
Aujourd’hui, le Ignatius Jesuit Centre poursuit ce qui a été l’œuvre de sa vie, soit le lien entre spiritualité et sauvegarde de la Terre. Le Centre offre des retraites, pratique l’agriculture biologique et lance des initiatives écologiques pour inviter les gens à découvrir ce que le père Profit avait si bien compris, soit que l’espérance surgit lorsque nous osons vivre au sein de la nature, en participant à la création continue de Dieu.
Nombreux sont ceux et celles qui trouvent ici des outils pratiques pour une écoute plus profonde, une vie authentique et un projet communautaire durable. Paul nous le rappelle, « nous avons été sauvés, mais c’est en espérance ; voir ce qu’on espère, ce n’est plus espérer : ce que l’on voit, comment peut-on l’espérer encore ? Mais nous, qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance » (Romains 8, 24-25).
