Directeur national du Service jésuite des réfugiés (SJR), Norbert Piché a participé à la dernière assemblée du Réseau jésuite pour les migrants (RJM) région des Caraïbes, à Port-au-Prince les 21 et 22 août, qui s’est penché sur la question des flux migratoires dans les Caraïbes.
Un des flux migratoires importants et émergents est celui des Vénézuéliens qui quittent le pays pour les Amériques et l’Europe devant la crise économique et politique au pays. Plusieurs sont victimes de discrimination, comme en République dominicaine où les autorités exigent qu’ils retournent dans leur pays s’ils veulent régulariser leur statut. C’est complexe et cela peut mettre leur vie en péril, ce qui va à l’encontre du principe de non refoulement. Tout cela parce qu’on ne veut pas du migrant ni du réfugié.
Le flux migratoire le plus important est toutefois celui des Haïtiens, qui fuient une situation économique déplorable et une situation politique instable et corrompue. À ceux-là, ajoutons les Dominicains d’ascendance haïtienne, qui ne sont pas reconnus comme des citoyens dominicains et font face quotidiennement à la discrimination. Malgré le discours trompeur des autorités dominicaines qui affirment vouloir régulariser leur statut, seul un petit nombre de ceux-là ont pu obtenir leur permis de séjour temporaire. Les autres courent toujours le risque d’être expulsé, une situation jugée alarmante. Ils n’ont plus de liens, plus de famille en Haïti, ils ne sont pas citoyens haïtiens, ils ne parlent ni le français ni le créole et Haïti n’est pas en mesure de les accueillir et de les intégrer.
Il me paraît inconcevable qu’on veuille traiter quelqu’un en apatride, alors que lui, ses parents et souvent ses grands-parents sont nés sur le sol dominicain. Lorsqu’on attise la peur et la haine contre celui qui est différent, on voit des comportements aberrants se manifester. Nous les voyons partout ces comportements, même au Canada. En tant que chrétien engagé, il est de notre ressort de les dénoncer et de lutter pour un traitement humanitaire envers tous les migrants et réfugiés, peu importe où ils se trouvent.
Face à ces situations préoccupantes dans la région, les délégations de l’assemblée annuelle du RJM région des Caraïbes ont uni leur voix pour appeler les différents gouvernements de la région à donner une meilleure attention à la situation des migrants et réfugiés vivant sur le continent américain.
Norbert Piché
Directeur du SJR Canada