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Histoires

En août dernier, les jésuites et collègues de la Province du Canada ont été invités à faire une retraite intitulée « Pèlerins ensemble : en mission avec Jésus » afin de prier avec « Pèlerins ensemble » le document de planification apostolique de la province et des quatre Préférences apostoliques universelles (PAU), pour approfondir leur appropriation personnelle et leur mise en œuvre dans le contexte de chaque retraitant.

Les scolastiques Brook Stacey, SJ, et Frantz B. Georges, SJ, ont fait leur retraite avec leurs confrères. Mais à cause de la pandémie, leurs collègues — André Courchesne (Camp de vacances Lac Simon), Camille Legaspi et Fannie Dionne (Bureau des communications de la Province) — n’ont pu se rendre dans une maison de retraite et ont cheminé avec « Pèlerins ensemble » dans la vie courante. Voici leurs témoignages, qui expriment un profond zèle envers les PAU, des moments de consolations et l’impression d’être plus devenus vraiment pèlerins avec les autres membres de la Province.

Embûches et désolations 

photo: StockSnap – Pixabay

Le commencement de la retraite n’a pas été facile pour tous. Pour M. Courchesne et Mme Dionne, les distractions de la maison ont dû être mises de côté. Et par la suite, certaines désolations ont été ressenties. M. Courchesne explique :

« Au fil de la retraite, une désolation m’est rapidement apparue et est longuement restée avec moi.  Un sentiment que la montagne de travail auquel nous faisons face semble insurmontable m’est souvent apparu. Les moments de prières de la journée m’ont souvent permis de réfléchir sur la moisson à effectuer et de constater que les ouvriers sont présents et qu’ils agissent. Ces moments de réflexion m’ont apporté l’espérance que tous ensemble, nous y parviendrons comme nous l’exprime le Pape François “… par de petites actions quotidiennes et très nobles”. »

Mme Dionne a vécu des moments similaires :

« Le début de la retraite fut ardu, à la fois parce que le langage ignatien et catholique ne m’était pas tout à fait familier ou confortable et parce que je ne savais pas exactement quoi chercher, quoi faire. Vaste programme que les PAU! Je voulais certes faire mieux, à la maison comme au travail, je voulais marcher avec, accompagner et soigner… mais l’ampleur de la tâche et les limites du temps et de l’énergie me semblaient deux réalités incompatibles dans ma vie et cela me désolait. »

M. Georges quant à lui était désolé par la situation en Haïti :

« Je suis conscient des efforts de certains jésuites en Haïti pour faire atterrir les pistes de nos PAU. Cependant le noyau du travail reste à dévoiler. C’est-à-dire, cette collaboration avec les jeunes qui sont porteurs d’un avenir prometteur demeure un défi. C’est ce qui est à la base de mes désolations. Nos jeunes continuent à perdre l’espoir. Ils n’ont plus de conviction. La situation sociopolitique va mal. J’ai prié d’une manière spéciale pour les jeunes haïtiens et haïtiennes. Je sais que la Compagnie de Jésus en Haïti a beaucoup à faire pour pouvoir aider nos jeunes à travers les pistes des PAU. C’est un long et grand travail. »

Fruits de la retraite

photo: Antenna, Unsplash

Mais les fruits de cette retraite ont été grands et ont mené à un plus grand zèle envers les PAU, par un travail avec les autres, comme ce fut le cas pour M. Georges :

« J’ai senti le désir de collaborer avec, et d’aider ceux et celles qui sont les plus faibles, les exclus et les défavorisés.

C’est une méditation qui me renvoie à mon nom d’élection que j’ai eu depuis la grande retraite quand j’étais au noviciat : Servir le Christ pauvre parmi les pauvres. Tout cela m’a permis de réviser ma situation actuelle par rapport à ce nom que j’ai choisi.

Je rends grâce à Dieu pour cette expérience que je suis en train de faire au Service Jésuite des Réfugiés (SJR). J’ai pu découvrir combien les réfugiés avec lesquels je travaille me communiquent l’amour du Christ. Eux aussi ils font un pèlerinage avec moi. Et tout cela caractérise l’amour du Christ pauvre qui nous a donné l’exemple du vivre ensemble.

Un autre thème qui a été aussi au centre de mes méditations, c’est l’écoute. “Nous sommes appelés à une écoute plus profonde.” Cette manière d’écouter, je la vois en plusieurs dimensions. Et c’est pourquoi j’ai demandé à Dieu la grâce d’être plus attentif à ce qui se passe autour de moi. J’ai aussi demandé la grâce d’avoir une écoute active qui me permet de donner une réponse concrète à ce que je vis.

Tout cela m’a permis de comprendre et de me solidariser avec ceux et celles qui souffrent tout en essayant de trouver comment moi je peux aussi les accompagner à ma manière, mais aussi avec la grâce de Dieu. »

Ce sens de consolation pendant la retraite des scolastiques fut partagé par M. Stacey :

« La retraite d’automne Pèlerins ensemble a été une expérience que je n’oublierai pas de sitôt. Comme pour beaucoup de retraites, j’ai ressenti un sentiment de consolation rien qu’en étant avec mes compagnons et en partageant l’espace et le silence ensemble.

Prier ensemble pour notre mission commune m’a donné un sentiment de solidarité non seulement avec mes compagnons, mais aussi avec ceux que nous aurons pour mission de servir. »

M. Courchesne a aussi mis en perspectives ses liens et son travail avec les autres :

« Dans le tumulte de la vie courante, des projets, des activités, ce moment d’arrêt et de silence relatif m’aura permis de faire le point, de regarder autour de moi le chemin accompli et d’entrevoir la route devant moi.

Les nombreux temps de prières m’ont permis de prendre le temps de remercier le Seigneur de tout ce qu’il a permis que je perçoive sur ma route, de réaliser la grâce qu’Il m’a offert de me mettre au service de l’autre.

Ce fut un moment de réaliser combien l’action au service de l’autre enrichit continuellement ma vie.  Attaché au Christ serviteur, comme nous l’a si bien présenté l’introduction de la retraite (Jn 15:1,5,8a), la retraite m’aura permis de renforcer mes convictions et de réévaluer mon agir d’amour face à l’autre. Guidé par l’Esprit, à l’exemple du Christ, la retraite m’invite à l’action chrétienne envers l’autre à tous les niveaux proposés par les PAU. »

Pour Mmes Dionne et Legaspi, l’accompagnement spirituel fut d’un grand secours. La première explique :

« Après une ou deux rencontres où j’étais plus que gênée avec mon accompagnatrice spirituelle (n’ayant pas l’habitude de telles discussions), la situation s’est apaisée.

Je n’avais pas à tout faire, et j’ai déjà certains dons qui me permettent d’aller vers les autres. Je peux aller petit à petit de l’avant, ancrée dans ce que je suis, moi. J’ai hâte de voir ce que le travail avec l’équipe des communications donnera.

Au niveau personnel, quelques semaines après la retraite, alors que je sentais encore une fois que ma marche vers les PAU était insignifiante dans le grand ordre des choses, Manon (à la Maison Bellarmin) m’a offert une très grande grâce en me montrant comment un petit geste simple peut avoir un grand impact dans la vie d’une personne. »

Selon Mme Legaspi :

« Cette retraite m’a rappelé que parler à Dieu, lui réserver du temps, est un outil important pour amener ce pèlerinage de la vie. Grâce à cette pratique, je peux me voir, voir les autres et voir le monde avec les yeux de Dieu, même si ce n’est qu’une heure par jour. Je pense que le fait d’avoir un directeur spirituel à qui parler après “une journée” de réflexion m’a également aidé. Cela m’a poussé à aller au fond de ce que je ressentais pendant ces périodes de prière et à me plonger dans différentes façons de prier.

Grâce à la prière ignatienne, la retraite m’a fait réaliser que pour mieux comprendre les PAU, je dois faire l’expérience de ce que Jésus et ses apôtres ont vécu lorsqu’ils répandaient la bonne nouvelle, guérissaient et aidaient les gens en cours de route.

Pour moi, c’est une invitation à quitter ma zone de confort et à explorer avec Lui les réalités complexes de ce monde. »

Moments de consolation particuliers

photo: Dominik Haake

La retraite « Pèlerins ensemble » a apporté son lot de consolation. Voici quelques exemples, en commençant par Mme Legaspi, qui au début de la retraite voyait Dieu comme un ami silencieux et un peu distant, plus occupé avec les autres :

« Je crois que Dieu a gardé la meilleure consolation pour le dernier jour : il m’a révélé comment Jésus était, est et sera avec moi dans mon cheminement.

Il m’a révélé que pendant les moments difficiles de mon passé, présent ou futur, Jésus était et est là, souffrant avec moi… jusqu’à mourir pour moi… seulement pour me donner une nouvelle vie, un nouvel espoir, comme un nouveau départ ou une remise à zéro.

Il m’a montré comment Il a partagé Sa propre Mère quand j’ai su au fond de moi qu’Il était celui qui avait été crucifié à cause des mauvaises décisions que j’ai prises, que je prends et que je prendrai. Par culpabilité et honte, je me tourne vers notre Mère pour mes besoins et mes prières. Maintenant, je sais mieux. Ce fut un si beau moment que j’ai été ému jusqu’aux larmes. Je me suis sentie tellement aimée. »

M. Stacey a aussi ressenti une consolation en se tournant vers son passé et son avenir :

« Chaque retraite d’automne est complétée par un renouvellement des vœux. Cette année, le renouvellement de mes vœux m’a procuré un grand sentiment de consolation.

J’ai réalisé que les vœux n’étaient pas quelque chose que je prenais ou que je faisais, mais qu’ils sont un moyen de devenir qui je suis.

J’ai appris que c’est en incarnant ces vœux dans ma vie que ma vocation jésuite peut produire des fruits pour ceux que je suis appelé à servir. »

Pour M. Courchesne, qui a approfondi le sens du « Magis », la consolation fut de comprendre que ce mot ne signifie pas de faire plus, mais de « faire moins, mais avec plus de profondeur » :

« La prière m’a permis d’approfondir cette affirmation proposée et c’est avec une énergie et une espérance renouvelée qu’une fois de plus “Pèlerin Ensemble” m’invitait à l’action, une action humble, authentique, tournée vers l’autre, au meilleur de mes capacités vraies (“Avec ce que nous sommes et avec les moyens dont nous disposons”).  La distinction, importante, que le MAGIS ne veut pas nécessairement dire faire LARGE, mais plutôt faire PLUS.

La consolation offerte fut donc d’apprécier à sa juste valeur l’importance du TOUS ENSEMBLE de la communauté chrétienne.

La multitude persévère et, par son action envers l’autre, à l’exemple du Christ, doit poursuivre la construction de Royaume guidée par les PAU. »

Enfin, Mme Dionne a pu profiter du moment présent :
« Deux moments de consolations particuliers ont parsemé mon parcours. Le premier a été de retrouver dans ma (très) vieille Bible, que je n’avais pas ouverte depuis ma première retraite l’année précédente, un passage qui m’avait fait pleurer… et m’a fait pleurer encore de douceur. Je ne sais toujours pas pourquoi exactement, mais c’est un beau psaume.

L’autre consolation consiste en ces moments de pause dans l’après-midi, sous le soleil de ma cour (COVID oblige), à écouter la nature et à vraiment vider mon esprit. Je ne me souvenais pas d’avoir senti autant de calme. Dans le tourbillon de l’adaptation familiale à la pandémie des derniers mois, cela a été salutaire. »

Laissons le mot de la fin à Mme Legaspi :

Avec autant d’amour, je suppose que la seule façon de l’exprimer ou de le redonner à mon tour est de partager mes expériences et de répandre cet amour autour de moi.

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