Écoutez cette histoire:
Par Marc-André Veselovsky, SJ
« J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ;
j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ;
j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;
j’étais nu, et vous m’avez habillé ;
j’étais malade, et vous m’avez visité ;
j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! »(Matthieu 25, 34-36)
« L’amour, au-delà des mots, se traduit par des actes », disait saint Ignace de Loyola voilà près de 500 ans. En lisant ce passage aujourd’hui, Jésus, je réalise à quel point il résume ton message difficile, mais si simple.
Pourquoi difficile ? Eh bien, je veux employer mon temps comme je l’entends! Et je préfère aider les gens qui, à mon avis, méritent que je les aide. Bref, je veux pouvoir dire : « Si je peux. » Je ne veux pas aider ceux qui ont des opinions politiques différentes des miennes. Je ne veux pas aider les gens dont j’estime qu’ils sont responsables de leur triste situation. Et je ne veux pas aider les gens qui me mettent mal à l’aise.
Il y a tellement d’individus à qui je n’arrive pas à m’identifier ! Et tu dis maintenant que je dois accueillir les étrangers. Des personnes que je ne connais pas. Qui ne parlent peut-être pas ma langue. Qui n’ont peut-être rien en commun avec moi. J’ai déjà assez de mal à accueillir les gens que je connais !
« J’ai besoin de ton aide, Jésus. Je n’y arrive pas tout seul. Aide-moi à aimer, un instant à la fois. »
Et mettre du temps ! Je n’ai pas de temps ! Comment suis-je censé aller rendre visite aux malades ou prendre soin des malades ? J’ai tellement d’autres choses à faire avant ça. Mon travail, mes cours, mes amis, mes loisirs. Tu sais bien, tout ce que moi, je juge important.
Et toi, Jésus, tu dis que je ne peux pas choisir comment organiser mon temps ! Et tu dis que je ne peux pas choisir les personnes que je pense devoir aider !
Tout cela semble bien difficile. Car pour faire réellement ce que dit Jésus, je vais devoir changer ma vie.
Pourtant la situation est finalement assez simple. Pas besoin d’un doctorat pour comprendre qu’aider ceux qui sont dans le besoin est une bonne chose. Je veux dire, si j’avais faim, j’aimerais vraiment que les gens me donnent à manger et qu’on me donne à boire quand j’ai soif. Que se passe-t-il quand je vois des gens qui ont faim et soif ? En général, je passe tout droit, je fais comme si je ne les voyais pas, pour ne pas avoir l’impression de devoir les aider.
Si je n’avais rien à me mettre, j’aimerais vraiment que quelqu’un m’apporte des vêtements. Je sais ce que l’on ressent lorsqu’il fait froid dehors. Quand je vois des gens dehors dans le froid, je devrais peut-être m’arrêter et leur demander si je peux les aider.
Quand je pense aux moments où je me suis senti comme un étranger, que cela soit lors d’un nouvel emploi, en déménageant dans un nouveau quartier ou même en entrant dans une pièce où je ne connaissais personne, je me souviens alors de l’importance d’un sourire de bienvenue ou d’une main tendue. Ce moment où quelqu’un m’a remarqué, m’a inclus et m’a donné le sentiment que j’avais ma place dans le groupe. Pourquoi est-ce si difficile pour moi de faire la même chose pour les autres ?
Prendre soin de ceux qui souffrent — sur le plan physique, mental ou affectif — me semble un défi insurmontable. Par où commencer ? Mon emploi du temps est déjà bien rempli. Pourtant, lorsque j’ai connu des moments difficiles, d’autres n’ont-ils pas trouvé moyen de m’accorder du temps ? Je pourrais peut-être commencer par un petit geste : un coup de fil à quelqu’un qui en arrache, une visite à un voisin solitaire, un moment de présence authentique auprès d’une personne qui souffre.
« Je ne suis pas appelé à résoudre tous les problèmes, mais simplement à commencer par un petit geste de compassion, un moment où j’ouvre les yeux sur la dignité d’une autre personne. »
Et celles et ceux qui sont en marge de la société — dans les refuges, dans les prisons, dans la rue — je me dis que leur situation est trop complexe, trop loin de mon monde. Mais ne sont-ils pas des êtres humains comme moi ? Peut-être ne suis-je pas appelé à résoudre tous les problèmes, mais simplement à commencer par un petit geste de compassion, un moment où j’ouvre les yeux sur la dignité d’une autre personne.
En somme, Jésus, tu dis que si je fais ce genre de chose à l’un des plus petits de la famille humaine, c’est à toi que je le fais. Devrais-je m’en sentir privilégié ? Qu’est-ce que j’y gagne?
Après tout, peut-être que cela m’aide à tomber amoureux de toi.
J’ai besoin de ton aide, Jésus. Je n’y arrive pas tout seul. Aide-moi à aimer, un instant à la fois. Aide-moi à recevoir l’aide des autres, pour ne plus être seul dans cette situation. Tout seul, je ne peux certainement pas faire de grandes choses. Mais avec toi et avec mes frères et sœurs, nous pouvons poser de petits gestes avec beaucoup d’amour.
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