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Histoires

Le samedi 5 octobre, Michael Czerny, SJ, a été créé cardinal par le Pape François, avec 12 autres religieux. Nous avons rejoint par téléconférence le cardinal (alors cardinal élu) mardi dernier à Rome et lui avons posé quelques questions de la part de ses collègues canadiens. L’entrevue nous a appris que même si son titre est différent, le Père Czerny reste le même homme, profondément fidèle à sa mission de service aux autres.

Ce dernier groupe continue à contribuer à la variété et à l’universalité du collège des cardinaux. C’est donc de plus en plus le reflet de l’Église à travers le monde. Et de plus en plus, plus de gens peuvent dire: « oui parmi eux, il y a mon cardinal. Il y a un cardinal qui représente d’une certaine manière d’où je viens, ou comment je vis, ou ce que je dois affronter ».

Comment vous sentez-vous ?

C’est un sentiment qui prend du temps à s’installer. Au début, vous n’avez aucune idée de ce que cela signifie et ensuite, jour après jour, vous apprenez et vous commencez lentement à accepter que ce titre que vous utilisez pour d’autres personnes s’applique réellement à vous.

Le pape François donne à Czerny sa barrette lors du consistoire de samedi dernier. Crédit : Paul Haring

Pensez-vous que votre nouvelle fonction de cardinal vous permettra d’accomplir votre mission jésuite ?

Devenir cardinal ne change pas la mission. Ce n’est pas un travail. C’est plutôt une intensification de la mission que j’ai eue depuis que j’ai commencé ma vie de jésuite. Il n’y a pas de changement. Je ne change pas mon travail. Je vais faire ce que j’allais faire de toute façon, c’est-à-dire travailler comme secrétaire spécial au Synode sur l’Amazonie, puis revenir à la Section des migrants et des réfugiés (du Dicastère du Vatican pour le service du développement humain intégral). Mais, avec cette nomination, je me préoccupe davantage de toute la mission de l’Église et de celle du Saint-Siège, qui est au service de l’Église.

Votre rôle changera-t-il d’une autre façon avec cette nomination en tant que cardinal ?

Mon rôle ne changera pas. Je vais rejoindre le collège des cardinaux. Les autres cardinaux ici à Rome deviendront mes confrères. Nous serons ensemble d’une nouvelle manière et je serai aussi disponible ou impliqué autrement dans l’Église. Quand je me rendrai à Montréal, ce sera différent aussi. Et je ne sais pas exactement ce que ces différences signifieront, mais je m’attends à ce qu’il y ait une sorte de dimension publique et une dimension de responsabilité et peut-être une dimension de conscience de ce que c’est prêcher et apporter l’Évangile à chaque prise de parole. Il y a donc une sorte de mission continue, quelle que soit l’occasion ou la tâche.

La vision du Saint-Père est vraiment inclusive. Il veut vraiment que l’Église en chaque lieu s’épanouisse comme l’Église des gens de ce lieu précis. Que ces derniers sentent que c’est leur Église.

Êtes-vous nerveux ou heureux d’avoir cet espace plus public ?

Je pense que ce serait un peu anormal de ne pas être les deux, un peu plus nerveux et aussi très heureux. J’accepte les deux. Oui, c’est très différent. On se demande comment on va faire ceci ou cela, comment on va gérer cela ou comment les choses vont se passer. Mais on se sent aussi vraiment heureux parce que si, par le Saint Père, Dieu vous a appelés à servir encore ou à servir plus profondément, c’est une grande paix, un grand don. Et j’en suis très heureux.

Avez-vous encore le temps de vous reposer ?

Peut-être que je dois me reposer plus vite, il y a un peu moins de temps ! Mais je vais bien ! Quand j’ai le temps de me reposer, je m’endors aussitôt.

Beaucoup disent que le dernier groupe de cardinaux aidera à réaliser davantage la vision que le Pape François a de l’Église. Comment comprenez-vous la vision du Pape François ?

La vision du Saint-Père est vraiment inclusive. Il veut vraiment que l’Église en chaque lieu s’épanouisse comme l’Église des gens de ce lieu précis. Que ces derniers sentent que c’est leur Église. Une Église qui les accompagne dans les défis et les difficultés, mais aussi dans les joies qu’ils ont jour après jour, même dans les jours plus difficiles. Et ce sentiment vient d’endroits différents, d’expériences différentes, de races et d’origines ethniques différentes. Donc oui, ce dernier groupe continue à contribuer à la variété et à l’universalité du collège des cardinaux. C’est donc de plus en plus le reflet de l’Église à travers le monde. Et de plus en plus, plus de gens peuvent dire: «oui parmi eux, il y a mon cardinal. Il y a un cardinal qui représente d’une certaine manière d’où je viens, ou comment je vis, ou ce que je dois affronter». Enfin, nous espérons que les gens feront l’expérience de l’Évangile de Jésus-Christ en leur temps et en leur lieu et qu’ils n’auront pas à abandonner qui ils sont, mais au contraire que le Christ leur apporte une expérience plus complète, un sens plus complet de leur vie.

Czerny pendant son temps de ministère en Afrique.

Comment avez-vous travaillé avec des personnes marginalisées, par exemple en Afrique ?

Le travail en Afrique consistait à accompagner les personnes infectées par le VIH ou qui ont déjà contracté le sida, ainsi que leur famille et leur communauté. Ainsi, la grande difficulté est que dès qu’une personne contracte le VIH, elle est soumise à la marginalisation, à la discrimination et à l’exclusion à tel point que, en plus de sa maladie ou de son infection, elle souffre aussi beaucoup sur le plan social, communautaire et spirituel. Notre mission au sein du réseau jésuite africain de lutte contre le SIDA est donc d’aider les jésuites de toute l’Afrique à accompagner les personnes affectées ou infectées par le VIH/sida. Et notre engagement est vraiment simple, c’est d’être avec eux, de les accompagner et de relever les défis avec eux jusqu’à ce que le sida ne soit plus.

Pensez-vous que ce travail est la raison pour laquelle le Pape vous a choisi comme cardinal ?

Je ne pense pas qu’on puisse jamais répondre à la question pourquoi le Pape François vous a choisi plutôt que quelqu’un d’autre. L’une des choses qu’il a faites, c’est qu’il a été en quelque sorte séparé de sa fonction de cardinal de certains postes ou de certaines villes pour que cela n’ait rien à voir avec la politique ou le travail. Il s’agit de représenter un aspect de la vie de l’Église qui aide à compléter ou à enrichir l’image ou la réalité de l’Église que représente le collège des cardinaux. Pour que toute l’Église soit représentée dans sa grande diversité dans un large éventail de défis auxquels nous sommes appelés à faire face dans le monde entier.

Comment voyez-vous les Préférences apostoliques universelles dans votre rôle de cardinal ?

Je ne pourrai répondre à cette question que dans un certain temps. Je ne peux pas prédire comment elles vont jouer un rôle dans ma mission. Mais je suis sûr que l’engagement envers les jeunes est quelque chose qui caractérisera certainement l’administration de la mission de tous ceux d’entre nous qui ont été appelés, parce que l’évangélisation des jeunes par l’Église et l’implication des jeunes dans la mission évangélisatrice de l’Église est absolument essentielle. C’était la révélation que Dieu nous a faite l’année dernière au Synode sur la jeunesse. C’est donc certainement essentiel. Aussi, la spiritualité de saint Ignace m’a orienté et soutenu tout au long de ma vie. Cela ne peut que s’intensifier, car j’aurai certainement besoin de plus de vie spirituelle qu’avant.

Au Canada, les jésuites ont travaillé avec les peuples autochtones à la réconciliation. Comment votre travail contribuera-t-il à la réconciliation avec les peuples autochtones au Synode ?

Cela reste à voir. D’une part, la mission de l’Église est de réconcilier tous les hommes entre eux et avec Dieu. Cela est vrai partout et toujours, surtout quand il s’agit de personnes qui ont beaucoup souffert, qui se sont senties négligées ou même blessées par l’Église. La mission et le ministère de réconciliation sont centraux et essentiels. Et nous en avons appris encore plus à ce sujet il y a quelques années lorsque le Pape François a déclaré l’Année de la Miséricorde, le Jubilé de la Miséricorde. Reste à savoir si mon travail m’amènera à m’impliquer davantage auprès des peuples autochtones en Amérique du Nord ou ailleurs.

Czerny a utilisé du bois d’un bateau de migrants pour sa croix.

Pour l’instant, en travaillant avec les migrants et les réfugiés, on apprend que les Autochtones sont à bien des égards des personnes déplacées, qu’ils ne quittent pas nécessairement le pays ou l’état dans lequel ils se trouvent, mais qu’ils sont déplacés non seulement physiquement, mais surtout culturellement et même spirituellement, ce qui les rend vulnérables. Et nous essayons de répondre à cela.

Quel est votre espoir pour le prochain Synode ?

Mon espoir pour le prochain Synode s’exprime très clairement dans le titre Amazonie : Nouvelles voies pour l’Église et pour une écologie intégrale. Il commence par le mot «Amazonie», donc il s’agit d’un lieu vraiment spécifique, un lieu très important pour le monde entier, une partie de notre maison commune. Et puis le titre demande de nouvelles voies, de nouvelles approches, de nouveaux «caminos» pour l’Église, pour notre ministère pastoral et pour une écologie intégrale sans laquelle nous allons détruire la maison même où nous sommes tous vivants. J’espère que nous réaliserons le potentiel et les défis de ce titre.

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