Au cœur de l’éducation ignatienne se trouve le principe de former des individus qui soient au service des autres, de la société et du monde, en particulier des personnes marginalisées. C’est en partie à la lumière de cette intersection entre l’éducation des jeunes et leur appel à l’amour du prochain que naît la collaboration entre l’école secondaire Loyola à Montréal et le Service jésuite des réfugiés – Canada, dans le cadre de l’Experience Week des élèves de secondaire 4.
Dans sa lettre rédigée après la dernière consulte élargie, le provincial des Jésuites du Canada, le Père Erik Oland, soulignait que « la collaboration croissante, tant au niveau régional qu’entre les secteurs apostoliques, favorise l’émergence d’un récit commun », pour les Jésuites du Canada, « tout en honorant la diversité des cultures, des langues, de l’histoire, etc. Nous devons continuer à encourager les conversations entre nous. »
Genèse d’une collaboration
Le curriculum de Loyola inclut des moments de service pour apprendre à devenir « des hommes pour les autres »: le Christian Service Program (un service qui peut se faire dans la communauté, auprès des personnes marginalisées, etc.) de secondaire 1 à 5 ainsi que, depuis dix ans, l’Experience Week en secondaire 4.
« C’est une semaine d’expérience plutôt qu’une semaine du service », souligne Annie Beland, Vice Principal – Academics, Junior School et enseignante en secondaire 1, « parce que l’idée est de rencontrer des communautés avec lesquelles on ne communiquerait pas nécessairement autrement. »
Cette semaine qui se tient en février se fait normalement dans un pays du Sud (République dominicaine, Belize ou Colombie) ou à Montréal. « C’est une semaine d’expérience plutôt qu’une semaine du service », souligne Annie Beland, Vice Principal – Academics, Junior School et enseignante en secondaire 1, « parce que l’idée est de rencontrer des communautés avec lesquelles on ne communiquerait pas nécessairement autrement. » Évidemment, avec la COVID-19, les voyages à l’étranger ont dû être annulés. Cette situation a favorisé le rapprochement avec le SJR.
Comment? L’automne dernier, Mme Beland a fait lire à ses élèves de secondaire 1 le livre Refugee et souhaitait relier cette lecture avec la réalité. Elle a donc contacté le SJR qui a fait une présentation en ligne adaptée au niveau de la classe en plus de mettre en lien les jeunes avec une femme réfugiée de Toronto qui a raconté son histoire. « Cela a permis aux élèves d’avoir une meilleure connaissance des personnes réfugiées alors qu’ils amorçaient leur lecture », explique Yves Deschênes, coordonnateur à l’autofinancement et aux communications du SJR – Canada, qui a donné la formation.
Par la suite, raconte Mme Beland, les élèves ont souhaité poser un geste concret. Le SJR les a donc mis en contact avec une famille nouvellement arrivée du Togo à laquelle les jeunes ont offert des cartes cadeaux, des vélos, une PS4, de l’équipement sportif. « C’était une activité vraiment géniale pour ma classe. »
Une semaine d’expérience à Montréal
Puisque l’Experience Week devait se passer à Montréal cette année, Mme Beland a encore une fois fait appel au SJR pour donner l’activité Un voyage en exil avant que 65 jeunes de secondaire 4 ne passent un après-midi au Collectif Bienvenue pour aider à trier et emballer des articles destinés aux familles demandeuses d’asile. Mme Beland explique qu’écouter les personnes réfugiées a été beaucoup plus percutant que de simplement lire à leur propos. Cela a permis aux élèves d’ouvrir les yeux sur ce qui se passe dans le monde, dont, malheureusement, la guerre en Ukraine et les millions de personnes qui la fuient.
« Pour des garçons de secondaire 4, l’aspect ludique domine au début d’Un voyage en exil, puis la gravité de la situation prend le dessus. Je suis toujours épaté par la vitesse à laquelle les jeunes captent les enjeux de l’activité, dont le but est de sensibiliser à la réalité des personnes réfugiées. Les jeunes font ressortir par eux-mêmes les points principaux à la fin de l’activité », souligne M. Deschênes.
Cela a permis aux élèves d’ouvrir les yeux sur ce qui se passe dans le monde, dont, malheureusement, la guerre en Ukraine et les millions de personnes qui la fuient.
Les élèves ont laissé des commentaires au Collectif Bienvenue. « Arriver avec rien et devoir recommencer – je ne peux qu’imaginer comment ça serait difficile. J’espère que notre classe a fait une différence pour l’équipe du Collectif Bienvenue », a par exemple écrit Jonathan, alors que son collègue Liam disait que « les réfugiés arrivant au Canada méritent l’accueil le plus chaleureux possible ».
Mme Beland témoigne elle aussi de l’impact du partenariat: « L’équipe du SJR était incroyable et nous espérons rester en contact avec elle. Les élèves ont vraiment aimé l’activité et cela a été une expérience personnelle très forte pour moi aussi. »
Un partenariat fructueux
Faisant référence à la lettre du provincial, Mme Beland souligne que « rappeler l’importance de la collaboration est vraiment importante, car nous avons parfois tendance à travailler de notre côté. Nous sommes la seule école secondaire jésuite à Montréal et nous nous sentons parfois un peu à part… mais nous réalisons qu’il y a d’autres oeuvres jésuites à seulement quelques kilomètres de nous. La connexion avec le SJR a été vraiment facile, Yves a été vraiment généreux de son temps et cette activité a eu un grand impact sur notre école, en plus de nous permettre d’étendre notre réseau avec le Collectif Bienvenue entre autres. »
« La connexion avec le SJR a été vraiment facile, Yves a été vraiment généreux de son temps et cette activité a eu un grand impact sur notre école, en plus de nous permettre d’étendre notre réseau avec le Collectif Bienvenue entre autres. »
Du côté du SJR, il y avait aussi un désir de faire des collaborations avec d’autres oeuvres jésuites, dont les institutions d’enseignement. « Nous avons établi des collaborations avec des oeuvres de l’ouest du Canada, avec des écoles jésuites aux États-Unis… mais pas avec notre voisine de Montréal », explique M. Deschênes. La COVID-19 a bousculé les choses, puisqu’elle a empêché les élèves de sortir du pays. Comme l’école est à Montréal, selon les règles sanitaires, Un voyage en exil a pu se faire en présentiel. « L’implication de Mme Beland a été fantastique », poursuit Deschênes, avant d’expliquer que le cours « réfugié 101 » donné dans la classe de l’enseignante a permis en plus au SJR d’avoir en main un nouvel outil à offrir au besoin avant l’activité Un voyage en exil. Bref, souligne M. Deschênes, cette collaboration a mis en valeur l’esprit de mise en commun des services et de l’engagement des oeuvres des Jésuites du Canada. Ces collaborations naissent de relations entre les personnes qui s’allient pour faire quelque chose ensemble.