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Histoires

Les besoins spirituels des personnes réfugiées sont bien souvent laissés de côté. Mais en octobre dernier, 9 personnes réfugiées se sont rendues à la Villa Saint-Martin pour participer sans frais à une retraite sur la perte organisée conjointement par le Service jésuite des réfugiés – Canada et le Centre de spiritualité ignatienne de Montréal.

Norbert Piché, directeur du Service jésuite des réfugiés – Canada, revient sur l’organisation et les fruits de cette retraite, qui montre qu’en allant au-delà des besoins et des collaborations usuels, beaucoup de bien peut se produire.

Comment l’idée de cette retraite pour personnes réfugiées a-t-elle émergé?

Norbert Piché, directeur du Service jésuite des réfugiés – Canada

L’an dernier, alors que je participais moi-même à une retraite à la Villa, je me suis réveillé au milieu de la nuit en pensant à ce qui serait bien pour les personnes réfugiées. Je venais de passer plusieurs mois à m’examiner au niveau spirituel et je me suis dit qu’il serait intéressant que les personnes réfugiées puissent faire leur propre cheminement spirituel. On pense d’abord et avant tout – et avec raison – à leurs besoins physiques, matériels, psychologiques, mais au niveau spirituel, qu’est-ce qui se passe? La personne réfugiée passe à travers un chambardement, elle a dû fuir sa maison, arriver dans une nouvelle société… Comment vit-elle cela au niveau spirituel? Que peut-on faire?

Nous avons fait un discernement d’équipe au SJR et on s’est dit oui, il faut faire quelque chose, c’est important. J’ai alors parlé à Kevin Kelly, SJ, directeur du Centre de spiritualité ignatienne de Montréal et il a immédiatement dit oui. Lui-même a une expérience similaire comme il a travaillé à Toronto pour aider spirituellement les personnes qui ont connu l’itinérance. Nous avons formé un petit comité avec des membres du SJR et du Centre de spiritualité afin de mettre des balises en place.

Nous avons déterminé qu’il serait intéressant de commencer avec une retraite d’une journée et de proposer un thème. Celui de la perte a été retenu. Évidemment, ce thème parle beaucoup aux personnes réfugiées. Qu’ont-elles perdu et comment vivent-elles cela? Nous allions aussi offrir un accompagnement spirituel aux personnes qui le désireraient.

C’est mon but de toujours garder le visage tourné vers Dieu et de voir qu’on peut toujours trouver Dieu.

Comment s’est déroulée la retraite?

Nous avons demandé à une Syrienne, Tamam, de faire une présentation. C’était une très belle présentation qui a rejoint les participants: elle avait de l’humour, du vécu. En effet, Tamam a elle-même vécu la perte, en plus d’avoir travaillé avec le SJR et d’autres personnes réfugiées.

Par la suite, les participants ont eu un temps de prière, de silence, pour réfléchir à ce que Tamam avait dit et à leurs propres expériences de perte. Qu’est-ce que cela signifiait?

Nous avons ensuite fait un temps de partage en groupe. C’est toujours intéressant de pouvoir partager avec les autres: on se rend compte qu’on n’est pas seul, que d’autres ont vécu la même chose que nous. C’est la beauté de ce partage.

Madame Tamam Nassar. Crédit: SJR Canada.

Un moment consolant: dans mon petit groupe de partage,  une personne avait de la difficulté à partager. Ce qui était beau, c’est que les autres personnes l’ont laissé libre et plus tard, il a partagé. Après un moment, je pense qu’il s’est senti assez à l’aise dans le groupe, dans le contexte, pour pouvoir s’exprimer.

Selon les commentaires reçus, c’était une très belle expérience à revivre.

Un moment consolant: dans mon petit groupe de partage,  une personne avait de la difficulté à partager. Ce qui était beau, c’est que les autres personnes l’ont laissé libre et plus tard, il a partagé. Après un moment, je pense qu’il s’est senti assez à l’aise dans le groupe, dans le contexte, pour pouvoir s’exprimer.

Comment les personnes réfugiées ont-elles vécu cette approche ignatienne de la spiritualité?

Je pense que la spiritualité ignatienne est de voir Dieu dans toute chose. Les personnes réfugiées ont vécu et vivent des choses que personne ne devrait vivre, et parfois, il est difficile d’y voir Dieu.

Une image dans mon bureau me parle beaucoup: elle a été dessinée par une réfugiée que j’ai connue à Toronto. Pour moi, cette image représente justement une personne réfugiée qui est passée à travers beaucoup de difficultés, dont la perte. Mais elle a le regard vers le haut. C’est mon but de toujours garder le visage tourné vers Dieu et de voir qu’on peut toujours le trouver.

Bien des personnes réfugiées réussissent à trouver Dieu même dans leurs difficultés. Après 27 ans de travail auprès de personnes réfugiées, je suis émerveillé et ébahi par ce qu’ils me disent au niveau de leur confiance en Dieu, malgré tout ce qu’ils ont vécu. De montrer une foi inébranlable comme ça m’inspire et me montre comment Dieu est toujours là.

Quelle sera la suite?

Je pense que si on peut non seulement offrir cette retraite, mais en plus continuer l’accompagnement spirituel, cela permettrait aux gens de vraiment s’épanouir. Comme je l’ai dit, on est beaucoup plus que juste nos besoins matériels et physiques, y compris (et même surtout) les personnes réfugiées.

Père Boniface. Crédit: SJR Canada.

La bonne nouvelle, c’est que nous avons reçu d’une fondation une somme suffisante pour continuer ce beau projet pour l’année 2022 et la Villa Saint-Martin est être prête à continuer cette belle collaboration.

Et à ce propos, comment s’est déroulée la collaboration?

Avant même que le Provincial n’ait souhaité plus de collaboration entre les différents secteurs de la province, nous étions en contact avec le Centre de spiritualité ignatienne de Montréal.

En offrant notre expertise et en recherchant celles des autres, nous sommes capables de faire quelque chose d’encore plus beau.

J’ai trouvé cette collaboration très facile parce que nous étions sur la même longueur d’onde. En réunion nous nous entendions sur les points principaux et les étapes. Nous réalisions tous vraiment l’importance de l’accompagnement spirituel pour les personnes réfugiées: en étant en d’accord sur l’objectif, c’est beaucoup plus facile de travailler ensemble et le reste vient facilement.

Le fait que le Centre de spiritualité ignatienne de Montréal est une oeuvre qui n’est pas spécialisée en apostolat social était très enrichissant. Soudainement, nous avions un projet commun alors que nous ne collaborions pas auparavant. Je pense que ce genre de collaboration devrait se passer plus régulièrement: on peut-être se rendre compte que tout est lié, par exemple, que les personnes réfugiées ont autant besoin d’accompagnement spirituel que n’importe qui d’autre.

En offrant notre expertise et en recherchant celles des autres, nous sommes capables de faire quelque chose d’encore plus beau. C’est ce qui s’est produit avec les personnes qui étaient présentes à la retraite sur la perte.

Découvrez une autre activité du SJR: Un voyage en exil.

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