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Histoires

Les Jésuites du Canada promeuvent activement la justice et la réconciliation avec les autres et avec l’environnement. Ainsi, dans sa lettre pastorale 2023, une mise à jour du progrès de notre mission en tant que province, Erik Oland, SJ, nous a invité approfondir notre marche avec les communautés autochtones. Cela implique, rappelle le provincial, « une écoute humble, un encadrement discret et la poursuite de la croissance dans les vertus exprimées dans Pèlerins ensemble : nous sommes appelés à une humilité plus profonde ; nous sommes appelés à une écoute plus profonde ; nous sommes appelés à la mutualité dans la rencontre ; nous sommes appelés à l’hospitalité ; les pèlerins marchent lentement et avec délibération ; nous désirons modeler notre façon de procéder sur le processus de l’accompagnement spirituel ignatien ; nous sommes appelés à l’authenticité ; nous sommes appelés à intégrer les quatre PAUs. »

Près d’un an plus tard, comment les Jésuites du Canada, comme province, ont-ils progressé dans ce pèlerinage ? Peter Bisson, SJ, assistant provincial pour la justice, l’écologie et les relations avec les peuples autochtones, détaille le chemin parcouru et les prochains pas que tant la province que les individus peuvent faire. Le P. Bisson souligne aussi tout ce que nous pouvons apprendre de nos frères et sœurs autochtones, notamment en termes de spiritualité. Au cœur de ce travail : les relations et l’écoute.

« À mon avis, nous sommes en train d’apprendre une nouvelle (pour nous) façon d’être et d’agir, une dont la qualité principale est celle de l’annotation 15 dans les Exercices spirituels de Saint-Ignace : “… celui qui donne les Exercices ne doit ni pencher, ni incliner d’un côté ou de l’autre ; mais, se tenant en équilibre comme la balance, laisser agir immédiatement le Créateur avec la créature, et la créature avec son Créateur et Seigneur.” »

Que se passe-t-il chez les Autochtones catholiques plus d’un an après le pèlerinage pénitentiel du pape François?

Je vois deux mouvements principaux chez les Autochtones qui sont catholiques. D’une part, il y a une énergie dans le fait d’être reconnu par le Pape comme catholiques autochtones, avec leur expérience de deuil, de revendications, leur identité, leurs contributions uniques à l’Église. D’autre part, il y a aussi une certaine frustration avec l’Église au Canada par rapport à la lenteur avec laquelle les évêques, au niveau collectif, ont répondu aux demandes d’excuses aux peuples autochtones.

Dans ce contexte, j’ai l’impression qu’il y a deux dynamiques principales chez les catholiques autochtones au Canada : l’autodétermination spirituelle et la réconciliation.

Les excuses historiques du pape François à Maskwacis, Alberta, 2022. (PATRICK T. FALLON/AFP/Getty Images)

La réconciliation, c’est la Commission de vérité et réconciliation, les excuses de l’Église et du gouvernement, les compensations et réparations. La réconciliation englobe aussi les relations entre Autochtones et non-autochtones, les dynamiques de pouvoirs. Il s’agit d’une dynamique de réconciliation dans la dynamique d’autodétermination.

Les Autochtones parlent en effet de résurgence, un mouvement d’autodétermination économique, politique, social dans leurs relations avec les non-autochtones. Mais on parle aussi d’un mouvement d’autodétermination spirituelle.

Dans les relations des jésuites avec les Autochtones, je vois surtout une dynamique de réconciliation, mais après la visite du Pape, je commence à voir des aspects de la dynamique de résurgence chez les catholiques autochtones, à savoir une autodétermination spirituelle au sein de l’Église, articulée de manière intentionnelle.

Les jésuites accompagnent ces dynamiques.

Avez-vous un exemple concret?

En septembre 2023, il y a eu près d’Ottawa une rencontre de leaders catholiques autochtones et de quelques alliés, comme moi. Nous étions environ 25 personnes. Le but était pour les premiers de partager leur expérience comme catholiques autochtones et leaders dans l’Église. Cette rencontre était aussi une manière pour ces leaders de se rencontrer et de se connaître en personne.

Rosella Kinoshameg, DOS, animant une cérémonie avec les Jésuites.

Ils ont donc partagé leurs défis, leurs opportunités et leurs forces. L’énergie était bonne. J’ai trouvé pour la première fois, dans mon expérience de ce type de rencontres, qu’au-delà des critiques et des plaintes (importantes et vraies), il y avait de la joie d’être Autochtone et catholique. Il faut comprendre que c’est souvent difficile en contexte autochtone d’être catholique, et en contexte catholique d’être autochtone. De se réjouir de cette identité a été une expérience spirituelle forte pour tout le monde.

Je crois que c’est important pour nous comme province jésuite d’accompagner cette nouvelle énergie, mais vraiment comme des collaborateurs, les protagonistes sont les Autochtones. Par exemple, on peut parfois aider à faire le lien avec l’Église hiérarchique, avec les évêques notamment.

À la fin de la rencontre de septembre, le groupe a pris deux décisions. La première est de tenir une rencontre similaire, mais plus large, au printemps 2025. Et la deuxième a été de prier avant de commencer la planification :  le chapelet est récité en ligne une fois par mois en langues autochtones.

Comment les Jésuites du Canada participent-ils à ce mouvement d’autodétermination? Comment apprendre aussi?

Ce ne sont pas tous les jésuites qui sont impliqués dans ce mouvement, mais certainement pour moi, c’est la forme principale de mon engagement. C’est aussi dans cette dynamique que se place le discernement en commun en train d’être vécu par les jésuites du nord de l’Ontario, où se trouve notre principal accompagnement pastoral des communautés autochtones.

Notre travail se tient surtout au niveau des relations, de la décolonisation progressive de notre identité, de notre accompagnement des Autochtones, surtout les Autochtones catholiques. Nous accompagnons l’autodétermination des Autochtones catholiques au sein de l’Église pour les aider à contribuer avec leurs propres dons spirituels à la vie de l’Église.

Jean de Brébeuf et Wendat Joseph Chiwatenwha, Sanctuaire des martyrs, Ontario (avec l’aimable autorisation du Sanctuaire des martyrs).

Après la COP28, alors que le Pape essaie de promouvoir une conversion écologique intégrale, je vois que nous avons besoin des dons spirituels des Autochtones pour cela. Les spiritualités autochtones et leurs relations spirituelles avec la terre peuvent apporter une énorme contribution dans notre conversion écologique. Les cultures autochtones, contrairement aux cultures occidentales, n’ont jamais désacralisé la création. Nous avons beaucoup à apprendre d’elles.

Également, pour les Autochtones, tout est sacré. Alors que la première Préférence apostolique universelle de la Compagnie de Jésus est de montrer la voie vers Dieu, à travers la spiritualité ignatienne mais pas seulement, je vois que nous avons beaucoup à apprendre des Autochtones. Ils n’ont jamais peur d’être spirituels dans leurs pensées, leurs actions.

Je crois qu’il y a beaucoup d’espace pour une bonne collaboration avec les Autochtones catholiques ou traditionnels.

Quelles pistes concrètes les jésuites, communautés, œuvres, individus peuvent-ils suivre pour répondre à l’appel de la lettre pastorale du provincial?

La clé, ce sont les relations. Au niveau de la Province, les Autochtones participent de plus en plus aux instances ou au moins consultatives, comme dans le discernement du prochain provincial ou dans la Commission pour l’apostolat social. Nous avons aussi des expressions autochtones dans toutes les grandes liturgies de la province, comme le rite de purification ou la plume d’aigle pour les lectures. Ça devient normal : ce sont des gestes, mais les gestes forment le rituel et le rituel forme la conscience. Nous travaillons aussi avec l’avocat Bill Blakeney pour les cas d’abus, grâce aux Archives des jésuites au Canada.

Mais tout le monde ne pourra pas avoir des amitiés ou de la collaboration avec les Autochtones. Alors pour les autres, un moyen de marcher aux côtés des Autochtones est de célébrer les moments importants, comme la fête de Notre-Dame de Guadalupe, la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation…  Ça peut aussi être des visites, planifiées avec les centres touristiques de communautés autochtones.

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