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Planter des graines ignatiennes : le travail des aumôniers jésuites au Canada 

Par Eric A. Clayton

photo : Tom Reynolds, Loyola Montreal

« La spiritualité ignatienne que j’ai appris à connaître a approfondi ma vie de prière », dit Alessandro Vani, diplômé de l’école secondaire Loyola à Montréal en 2021. « Mes prières sont devenues plus profondes. » 

« La spiritualité ignatienne que j’ai appris à connaître a approfondi ma vie de prière », dit Alessandro Vani, diplômé de l’école secondaire Loyola à Montréal en 2021. 

Le travail du père Robert Brennan, SJ, aumônier de l’école secondaire Loyola, contribue pour une bonne part à cet approfondissement de l’expérience de prière et à cet approfondissement de l’expérience de Dieu. 

« Le père Brennan a toujours été là pendant mes années au secondaire, se souvient Alessandro. Et il reste présent maintenant que je suis à l’université. Je ne le vois peut-être pas aussi souvent, mais il met un point d’honneur — en nous envoyant des courriels et en organisant des rencontres en personne — à nous faire savoir qu’il pense à nous et qu’il continue de cheminer avec nous, les jeunes. » 

Adam Pittman, SJ (à gauche), et le Père Robert Brennan, SJ. Photo : Tom Reynolds, Loyola Montreal

Les courriels et les événements sont deux des moyens qui permettent à Brennan de continuer d’influencer les anciens élèves comme Alessandro. Mais c’est d’abord avec les outils ignatiens, comme l’examen quotidien, que le jésuite peut observer le plus clairement les fruits de son travail d’aumônier. 

« J’aime bien demander aux jeunes s’ils font l’examen, confie Brennan. Et ils vous le disent tout de suite. Ils se mettent à en parler : j’ai pensé à telle ou telle chose. Ils n’utilisent pas le langage des adultes. Mais vous pouvez voir qu’ils ont réfléchi ; c’est là. Cela devient une partie essentielle de leur vie. » 

Essentielle au point qu’Alessandro a sur son téléphone l’application pour l’examen ignatien.  

« L’examen est une excellente occasion pour moi de revenir sur ma journée : le bon et le mauvais. Il m’aide à me repentir de ce que j’ai fait de mal et à préparer une meilleure journée pour le lendemain. C’est un outil qui aide à développer une relation plus étroite avec le Christ. » 

Ce désir de conduire les jeunes plus près de Dieu et de les introduire à une relation plus profonde avec le Christ caractérise les œuvres apostoliques de la Compagnie de Jésus depuis l’époque d’Ignace. 

La première version de la Formule de l’Institut, rédigée par saint Ignace et ses premiers compagnons, fait de « l’instruction chrétienne de la jeunesse » un ministère propre à la Compagnie, écrit le père John O’Malley, SJ, dans son ouvrage fondamental The First Jesuits 

« L’importance accordée à l’enseignement du catéchisme par la Compagnie de Jésus naissante reflétait les préoccupations de l’époque, mais avec une insistance peut-être plus marquée. On voit, par exemple, que dans la Compagnie, les profès sont tenus, en vertu de leur vœu d’obéissance, d’accorder un soin particulier à l’instruction chrétienne des enfants… » 

Les premiers jésuites comprenaient l’importance d’accompagner les jeunes dans le développement de leur vie de foi et dans la découverte de la personne que Dieu les invitait à devenir. Cette même impulsion anime la Compagnie de Jésus aujourd’hui ; c’est notamment l’objet de la troisième Préférence apostolique universelle, qui invite tous les jésuites à « accompagner les jeunes dans la création d’un avenir porteur d’espérance ».  

Les premiers jésuites comprenaient l’importance d’accompagner les jeunes dans le développement de leur vie de foi et dans la découverte de la personne que Dieu les invitait à devenir. 

« La jeunesse est l’étape de la vie humaine où la personne prend les décisions fondamentales qui lui permettent de s’insérer dans la société, de donner un sens à son existence et de réaliser ses rêves », écrivait le Supérieur général des jésuites, le père Arturo Sosa, dans la lettre où il présentait les Préférences apostoliques universelles en 2019.  

Le Père Len Altilia, SJ (à droite), avec des membres de la communauté du Loyola High School. Photo : Tom Reynolds, Loyola Montreal

« En accompagnant les jeunes dans cette démarche, en leur apprenant le discernement et en partageant avec eux la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, nous pouvons leur montrer le chemin vers Dieu, qui passe par la solidarité avec les êtres humains et la construction d’un monde plus juste. »  

« Prise ainsi au sens large, la direction spirituelle du personnel, du corps enseignant et des élèves relève de l’aumônier », explique le père Brennan.  

L’accompagnement déborde donc de l’enseignement scolaire.  

« Jusqu’à l’âge de 65 ans, j’ai été instructeur de football et de rugby, dit Brennan. Je dirais que tout bon aumônier devrait être impliqué dans d’autres domaines de la vie de l’école : le théâtre, la musique, l’athlétisme. Il faut qu’il y ait des activités parascolaires où il retrouve les enseignants et les élèves pour faire des choses ensemble. 

Et ensuite, lorsque vous êtes le leader ou le président à la chapelle, vous avez un groupe de jeunes et d’adultes qui vous découvrent à un autre niveau. Cela ajoute énormément à votre aumônerie. » 

Un rôle essentiel de l’aumônier consiste à rencontrer les gens là où ils se trouvent et à les accompagner dans leur rencontre avec Dieu. 

Un rôle essentiel de l’aumônier consiste à rencontrer les gens là où ils se trouvent et à les accompagner dans leur rencontre avec Dieu. 

Pour le père Joseph Mróz, SJ, aumônier à l’Université Memorial de Terre-Neuve, le milieu universitaire offre différentes possibilités de poursuivre ce même objectif essentiel : aider les jeunes à rencontrer Dieu. 

photo : Oliver Capko, SJ

« Le travail à Memorial et tout ce qui a trait à la foi à Terre-Neuve, c’est comme escalader une dune », dit Mróz, en soulignant que la foi est étrangère à bon nombre des personnes qu’il rencontre. « Notre aumônerie ici est le fruit d’un effort conjoint avec le Catholic Christian Outreach (CCO), qui attire les étudiants par ses études sur la foi et d’autres programmes. Souvent, ces étudiants n’avaient encore jamais envisagé la foi. » 

La majorité des étudiants que rencontre l’aumônier ne sont pas nés à Terre-Neuve ; ce sont des étudiants internationaux, dont beaucoup viennent de pays d’Afrique. 

« Il y a deux grands groupes, explique Mróz. Les uns sont à la recherche d’une communauté de foi comme celle qu’ils avaient chez eux. Les autres ne savent pas vraiment ce qu’ils cherchent jusqu’à ce qu’ils le trouvent. » 

Quel que soit le groupe auquel appartiennent ces étudiants, ils recherchent tous « la paix qui vient de la réconciliation avec Dieu, de la communauté et du sens de la vie ». 

Quel que soit le groupe auquel appartiennent ces étudiants, ils recherchent tous « la paix qui vient de la réconciliation avec Dieu, de la communauté et du sens de la vie ». 

Et comme pour les diplômés de l’école secondaire Loyola, Mróz souhaite que les étudiants qu’il accompagne continuent de mettre en pratique les principes ignatiens. « J’espère que les étudiants repartent en sachant qu’ils ont été créés par Dieu pour être ses enfants et qu’ils peuvent vivre cela dans leur vie quotidienne. La vie n’est pas quelque chose qui n’arrive qu’à vous, poursuit-il. Mais vous pouvez en devenir l’agent principal. Je souhaite que les étudiants soient enthousiasmés par une foi intégrée qui recherche la justice et qui s’appuie sur une bonne compréhension de l’enseignement social catholique et de la rationalité inhérente à la foi. » 

Mais comment savoir — savoir vraiment — si le ministère des aumôniers jésuites a une influence durable sur la vie des jeunes ? 

« Un grand avantage de ma fonction d’aumônier, c’est que j’ai l’occasion de célébrer de nombreux mariages, dit Brennan en souriant. Les jeunes m’appellent : “Mon père, êtes-vous libre ?” Vous reparlez aux gars dix ou douze ans plus tard. Vous voyez ce dont ils se souviennent.  

Ce que je comprends en les écoutant, c’est que lorsqu’ils arrivent à un moment vraiment important de leur vie, le mariage par exemple, ils s’arrêtent et repensent à ce qu’ils ont appris dans leurs cours de religion et à l’école. Et ils se rappellent les moyens qu’ils ont à leur disposition, ils reprennent l’Écriture et ils se souviennent de leurs prières. »  

Et il ajoute avec un grand sourire : « Et parfois, ils appellent leur ancien aumônier. »  

 

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